Derrière la chute d’Air Belgium, une critique répétée de la stratégie de Wallonie Entreprendre

Air Belgium lance des vols cargo au départ de Liège, en parallèle de ses vols passagers © belga
Baptiste Lambert

La compagnie aérienne Air Belgium n’a plus que dix jours pour sauver sa peau, en se cherchant de nouveaux investisseurs. Les choses ne se profilent pas bien : le seul candidat repreneur attend un nouveau geste du gouvernement wallon, qui n’arrivera pas. La Région wallonne, qui est actionnaire à 33% via Wallonie Entreprendre, a déjà déboursé plus de 20 millions d’euros. La nouvelle majorité azur entend arrêter les frais.

En marge du Congrès de “Mons en mieux”, dimanche matin, Georges-Louis Bouchez était interrogé par nos confrères de L-Post au sujet d’un potentiel renflouement d’Air Belgium, qui, dans le cadre d’une PRJ, s’est vu attribuer un délai de deux semaines pour trouver de nouveaux investisseurs et ainsi éviter la faillite. Le président du MR n’a pas tourné autour du pot, estimant qu’il fallait “arrêter l’acharnement thérapeutique” et que la priorité de la Wallonie n’était plus “au soutien d’une compagnie aérienne”. Sans candidat repreneur sérieux, la Wallonie n’injectera plus un euro dans Air Belgium.

Ce candidat, au nom inconnu, existe, selon L-Post. Il a même justifié la prolongation du délai jusqu’au 19 septembre accordée par le juge en charge de la PRJ. Mais ce candidat est visiblement considéré comme peu crédible. D’abord parce qu’il ne serait prêt à mettre que 6 millions d’euros sur la table, alors qu’Air Belgium a besoin à court terme d’au moins 18 millions d’euros de liquidités. Le reste, espère cet investisseur, serait pris en charge par la Région wallonne, alors que cette dernière a déjà déboursé 15,7 millions d’euros pour devenir actionnaire, 1,8 million d’euros en prêt et 3,5 millions en garanties.

Du côté du gouvernement wallon, le ministre-président Adrien Dolimont (MR) nous renvoie vers le ministre de l’Économie Pierre-Yves Jeholet (MR). Une position du gouvernement sur Air Belgium ? La réponse est laconique : “Il n’y a pas de position du gouvernement, car il n’y a actuellement aucun dossier Air Belgium sur la table du gouvernement. Nous ne ferons pas plus de commentaires.”

Autrement dit, ça sent le sapin pour la compagnie aérienne fondée par Niki Terzakis. Elle laisserait une facture de 20 millions d’euros à la Région wallonne, de 8 millions d’euros aux passagers lésés et de plus de 42 millions d’euros à l’aéroport de Charleroi.

Les regards se tournent vers Wallonie Entreprendre

En filigrane, c’est la stratégie de Wallonie Entreprendre qui est visée. Au fil de ses interviews, Georges-Louis Bouchez a plusieurs fois critiqué l’invest wallon. Dimanche, le président du MR a répété ce qui figure noir sur blanc dans la DPR Wallonne : “La Wallonie doit revoir toute une partie de sa politique d’investissement. Wallonie Entreprendre dit toujours qu’elle a de bons résultats. Oui, quand on détient des actions Odoo, mais ça permet aussi de cacher des dossiers Hamon, Deltrian et Air Belgium“, déplore Bouchez pour L-Post.

Derrière cette volonté de rationaliser des acteurs de soutien aux entreprises se cache aussi la volonté de passer en revue l’ensemble des participations que détient la Région wallonne. “Cette revue mènera à des conclusions pouvant aller du maintien de la participation à sa cession ou de sa consolidation avec d’autres entreprises”, est-il écrit dans la DPR.

A priori, le niveau fédéral devrait aussi être concerné. La SFPIM, bras financier de l’État belge, a aussi subi son lot de critiques avec de piètres investissements. Les participations cotées en bourse de la SFPIM ont lourdement chuté ces dernières années.

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