De Wever – Magnette, un duel comme si les temps n’avaient pas changé…
Les présidents de la N-VA et du PS se sont affrontés de façon caricaturale, mardi soir. Pourtant, les temps ont changé et ils devront peut-être gouverner ensemble. En attendant, ils posent une exclusive réciproque pour le poste de Premier ministre.
Bart De Wever, président de la N-VA, et Paul Magnette, son homologue du PS, ont joué une mélodie nostalgique, mardi soir sur RTL et VTM. Leur face-à-face fut rythmé, drôle par moments, mais caricatural avec une N-VA cynique à l’égard du PS responsable de tous les maux socio-économiques et un PS défenseur de la Belgique unie face à ce méchant séparatiste flamand.
L’idée est toujours la même: les deux grands partis de chaque communauté linguistique tentent de se renforcer l’un l’autre en dénonçant leurs travers. Sauf que… La N-VA court après le Vlaams Belang qui durcit le ton en Flandre, tandis que le PS fait de la surenchère avec le PTB et est menacé dans son leadership par le MR. Leur attitude risque, en réalité, de renforcer leurs adversaires.
C’était une rengaine d’un autre temps, bien peu en phase avec les périls qui nous guettent. En outre, tous les démocrates – ou presque- devront peut-être gouverner ensemble face aux extrêmes: donc, la N-VA et le PS devront se parler.
Un bras de fer stérile
Les thèmes ont défilé, mais l’animosité n’a pas baissé d’un ton. Du pouvoir d’achat à la Belgique confédérale en passant par les pensions, le climat et la guerre en Ukraine, rien n’y a fait: les présidents nationaliste et socialiste ont usé d’argument pour démonter l’autre. Avec un cynisme permanent pour Bart De Wever, une arrogance rentrée pour Paul Magnette. Mais avec quelles solutions, au fond?
Aux yeux de la N-VA, le PS est donc le parti qui freine la Belgique, qui dépense à tout-va pour les allocations sociales en profitant de l’argent de la Flandre et qui ouvre les frontières aux migrants, en autres sympathies.
Pour le PS, la N-VA est le parti qui veut séparer la Belgique sans le dire, qui va couper dans toutes les dépenses publiques (comme le MR, a bien répété Magnette à plusieurs reprises) et qui ne fait jamais ce qu’elle dit, notamment en matière de sécurité.
Match nul, dans tous les sens du terme. En guise de conclusion, appelé à répondre oui ou non à des questions courtes, les deux hommes ont dit “non”, ils ne pourront pas accepter que l’adversaire du jour devienne Premier ministre. On a pris note, au CD&V et au MR, voire chez Vooruit.
Une autre époque
Pourtant, ne pensez-vous pas, Messieurs De Wever et Magnette, que les temps ont changé? Les défis auxquels nous font face demandent des hommes d’Etat, susceptible de travailler ensemble en laissant de côté leurs différends. Si on comprend que l’on ne négocie pas sur un plateau de télévision, a fortiori avant le scrutin, ne peut-on pas faire preuve d’un peu d’ouverture?
La compétitivité menancée, la pauvreté rampante, le redressement de la Wallonie, la défi climatique ou la guerre en Europe: tout cela a bien été évoqué, mais pour quelle solution, au fait? De Wever veut remettre le budget sur les rails, défendre la prospérité flamande et oeuvrer à “la prospérité wallonne” (slogan de la N-VA au sud), mais sans donner de recettes claires. Magnette veut un salaire relevé de 300 euros, des pensions payables pour toujours et une action climatique, mais sans tenir un discours responsable.
Au bout du compte, ceux qui ont pris note des temps nouveaux, ce sont surtout… les citoyens qui ont posé les questions, de façon mâture, en refusant de choisir leur camp ou, parfois, en brouillant les cartes, comme cete Sérésienne choisissant les réponses de Bart De Wever en matière d’immigration sous les applaudissements de celui-ci.
Chez messieurs De Wever et Magnette, curieux de vous retrouver ensemble après le 9 juin.
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