Le président du MR bruxellois, David Leisterh, dévoile dans notre Trends Talk quelques grands marqueurs d’une note de politique générale, qui sera présentée très prochainement. Elle est marquée par le budget, la sécurité et la nécessité d’un redéploiement économique. Cela fera-t-il bouger les lignes après un an sans gouvernement?
Cela fait près d’un an que la Région bruxelloise est sans gouvernement. David Leisterh, président du MR bruxellois, a pris le temps de rédiger une note de politique générale pour tenter de faire bouger les lignes. S’il a fait un pas de côté en tant que formateur, le bourgmestre de Watermael-Boitsfort reste en piste pour la ministre-présidence. Il se confie longuement dans notre Trends Talk.
Comment va-t-il? “D’abord, c’est sympa de poser la question, sourit-il. Comment je vais importe peu par rapport à la gravité de la situation à Bruxelles. Mais c’est vrai qu’après un an, il faut continuer à se réveiller le matin avec autant d’énergie que lorsque vous avez gagné l’élection. Je me suis battu pendant la campagne, mais aussi pendant cinq ans dans l’opposition, j’ai envie de développer des projets pour Bruxelles, on n’a pas de temps à perdre. Cette énergie-là est naturelle, un peu moins après tout ce temps où vous êtes face à un mur, une dynamique très stérile et de sournoiseries. Je vais être honnête: après un an, je dois puiser cette énergie toujours plus loin.”

Jeune papa, depuis la semaine dernière, le chef de file libéral a reçu un vêtement pour son bébé de la part de la cheffe de file N-VA à Bruxelles, Cieltje Van Achter, avec ces mots: “Formé en neuf mois. Sans veto.” Il s’en amuse. Si fin novembre, on avait pu utiliser cette majorité flamande avec la N-VA, on aurait pu avoir un gouvernement, souligne David Leisterh. Mais le PS a posé son veto.”
Une déclaration pour un compromis
Pour tenter de sortir de l’impasse, le MR a annoncé qu’il rédigeait une note de politique générale pour mettre du contenu sur la table. David Leisterh nous dit l’avoir rédigée lui-même et en dévoile la teneur.
“Nous nous sommes dit qu’il fallait tenter ce qui n’a encore jamais été réalisé et qui nous est reproché à juste titre: parler du fond, explique David Leisterh. Nous mettons les dernières virgules à cette note de politique générale, ce qui arrive généralement à la fin des négociations politiques. En tant que premier parti aux élections, on a rédigé cette note. Ce n’est pas notre programme, mais nous sommes dans l’opposition depuis vingt ans, Bruxelles ne va pas bien et notre programme propose beaucoup de réformes. Mais nous avons aussi lu ceux des potentiels partenaires et nous en avons intégré des éléments, mais sans nous dédouaner.”
Une façon de faire bouger les lignes. “Si vous le voulez, vous pouvez la rejeter après quatre mots, c’est de la politique. Mais si vous voulez être constructifs, vous pouvez proposer quelques modifications et considérer que cela peut être la base d’un compromis.”
Budget, sécurité, économie
Quels sont les marqueurs principaux de cette note, basée aussi sur des rapports indépendants? Sans tout présenter, David Leisterh en dévoile quelques marqueurs forts. “Il ne faut pas voir fait de grandes études pour comprendre qu’un des éléments capitaux consiste à proposer une trajectoire budgétaire la plus sérieuse possible. Je dois vous rappeler que la note de Bruxelles a été dégradée il y a un an par l’agence Standard & Poors. Les taux sont donc plus élevés, y compris pour les emprunts en cours. Si on n’envoie pas un message très clair, elle sera à nouveau dégradée prochainement.”
Pour cela, il faut réduire les structures. “Et tout le monde est d’accord avec ça, y compris les structures elles-mêmes”, assène le président du MR. “Il faut rendre la machine bruxelloise moins chère et plus efficace”.
Les autres marqueurs? “Outre le budget, il y a deux dossiers qui souffrent plus que tout de l’absence de gouvernement. Premièrement, c’est la sécurité. Heureusement, on a u un nouveau procureur du Roi qui se bat, mais ce serait tout de même plus facile pour lui s’il avait le soutien de la Région. Deuxièmement, c’est le site d’Audi Forest qui doit être rapidement déployé. Le vrai enjeu, c’est de récréer de la capacité fiscale à Bruxelles. On doit récréer la classe moyenne et la garder. Il n’y a pas soixante mille endroits pour le faire: le site d’Audi Forest, le Media Park, les espaces le long du canal, le plateau du Heysel, Schaerbeek Formation, la gare du Midi et ses alentours…”
Le MR veut profiter du potentiel économique de la Ville-Région et lorgne sur le renouveau de grandes villes comme Copenhague ou Glasgow.
David Leisterh évoque également, non sans émotion, son parcours personnel d’entrepreneur, lui qui a dû fermer les deux établissements Horeca qu’il avait ouverts. “Ces questions, je les ressens dans ma chair.”
En guise de clôture, il dit ne pas exclure de devenir enfin ministre-président régional, lui qui a refusé d’autres opportunités de carrière ces derniers temps.
Un Trends Talk à ne pas manquer.