Coronavirus : quels sont les risques post-pandémiques ?
Le Forum économique mondial vient de publier son dernier rapport et montre que la pandémie induit plusieurs incertitudes face à l’avenir économique et sociétal.
Des millions de cas confirmés, plus de 300.000 personnes décès, des lockdowns forcés, le monde a été mis à rude épreuve pendant cette pandémie. Celle-ci a déclenché une crise économique aux conséquences sociétales désastreuses, affectant la vie et les moyens de subsistance de la plupart de la population mondiale.
Un nouveau paysage de risques émergents
Près de 350 experts de prévisions des risques ont participé à un rapport du Forum économique mondial (FEM). Il leur a été demandé de se prononcer sur 31 risques dans trois dimensions : les plus probables et les plus préoccupants pour le monde et les plus inquiétants pour les entreprises.
Deux tiers des experts ont indiqué qu’une récession mondiale prolongée était une préoccupation majeure pour les entreprises. La moitié d’entre eux ont identifié les faillites, l’incapacité des industries à se redresser et la perturbation des chaînes d’approvisionnement comme des préoccupations cruciales. Les entreprises sont également préoccupées par les perturbations géopolitiques. Plus de 40 % des personnes interrogées estiment que le renforcement des restrictions à la circulation des personnes et des biens est l’un des effets les plus inquiétants de cette pandémie.
De ces 31 risques, quatre domaines clés de défis importants ressortent de l’enquête en tant que préoccupations mondiales.
Les mutations économiques : les risques émergents liés aux changements structurels
Selon le rapport, les bouleversements économiques sont les plus probables et les plus préoccupants pour le monde et les entreprises au cours des 18 prochains mois. À cause de la pandémie, les gouvernements et les entreprises risquent d’accumuler des dettes. Aucun doute que celles-ci pèseront fortement sur les budgets pendant de nombreuses années. De plus, les relations économiques mondiales pourraient être remodelées, et les entreprises pourraient être confrontées à des modèles de consommation, de production et de concurrence de plus en plus défavorables.
Les revers de la durabilité : risques émergents liés à l’arrêt des progrès
Même si la production industrielle mondiale a été réduite pendant la pandémie, entraînant une forte baisse des émissions et de la pollution au niveau mondial, il est fortement possible que de graves effets post-crise sur la planète et ses espèces apparaissent.
Alors que les pays commencent à sortir de la crise sanitaire et s’efforcent de relancer leur économie, de nouvelles pratiques de travail et de nouvelles attitudes pourraient faciliter une réduction des émissions de carbone et une reprise plus durable. En réalité, l’omission de critères de durabilité dans les efforts de relance ou le retour à une économie mondiale à forte intensité d’émissions risque d’entraver la transition vers une économie à faible intensité de carbone et résistante au climat. Des années de progrès pourraient être perdues à cause du sous-investissement dans l’adaptation des infrastructures, des retraits d’engagements antérieurs et d’un activisme climatique plus faible.
Si le monde plonge dans ce scénario, c’est la porte ouverte à un cercle vicieux de dégradation de l’environnement, de perte de biodiversité et de nouvelles épidémies.
Les angoisses de la société : les risques émergents des perturbations sociales
Outre les dangers pour la santé publique, la pandémie et les fermetures d’usines qui en découlent pourraient avoir des effets durables sur les personnes et les sociétés. Le chômage structurel élevé est susceptible d’exacerber les inégalités et d’affecter la santé mentale et la cohésion sociétale.
Le bien-être individuel et social est également susceptible d’être affecté par une automatisation accélérée de la main-d’oeuvre. De plus, l’économie pourrait s’effondrer à moyen terme, ce qui aurait des conséquences humanitaires désastreuses car ce sont les groupes vulnérables qui en subiraient les pires conséquences.
Il existe également des risques croissants pour la liberté personnelle, le bien-être et les perspectives d’éducation et de richesse de la jeune génération.
La dépendance technologique : les risques émergents d’une adoption brutale
La technologie a joué un rôle central dans la manière dont les personnes, les entreprises et les gouvernements ont géré la crise. Cependant, une plus grande dépendance à la technologie a augmenté les risques de cyber-sécurité.
De plus, le déploiement rapide de nouvelles solutions technologiques a exacerbé la fragmentation numérique, les violations de la vie privée et les inégalités.
Une occasion de mieux reconstruire
Le rapport souligne malgré tout l’opportunité que la crise offre de façonner un monde meilleur. Le redémarrage des économies offre la possibilité d’intégrer une plus grande égalité sociétale et la durabilité dans la reprise, en accélérant plutôt qu’en retardant les progrès vers les objectifs de développement durable pour 2030 et en déclenchant une nouvelle ère de prospérité.
De plus, cette crise a apporté une réévaluation collective de ceux qui effectuent le “travail essentiel” et une nouvelle compréhension des services publics essentiels tels que la santé et l’éducation. D’innombrables initiatives locales et internationales se sont répandues en ligne et hors ligne pour garantir que les personnes dans le besoin reçoivent des biens et des services de base.
Côté environnement, la mise en oeuvre de programmes de relance écologiques pourrait changer fondamentalement le mode de fonctionnement des économies et des industries, d’autant plus que le changement de comportement de la société pourrait encourager des habitudes de consommation et de mobilité plus durables.
Pour les entreprises, il est possible d’accélérer la transformation vers des modèles d’exploitation plus durables et numériques, tout en améliorant la productivité.
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