Olivier Mouton

Contrer le bashing anti-wallon avec des faits

Olivier Mouton Chef news

Non, le Wallon n’est pas ce fainéant que l’on décrit trop souvent de façon caricaturale en Flandre. Il ne se contente pas non plus de “profiter de la vie” comme l’affirment – avec ou sans humour – certains politiques au sud.

Le dossier que Trends-Tendances publie cette semaine en témoigne avec force. Pour mettre un terme au bashing qui accable les forces vives de la Région, nous recensons les indices qui le démontrent, sans se voiler la face au sujet de nos faiblesses.

Le Wallon est aussi productif que le Flamand, une fois que l’on recentre les données sur les travailleurs occupés. Il crée un nombre net d’entreprises chaque année, dont la seule faiblesse est de manquer de capitaux. Mieux: il innove de façon supérieure à la moyenne belge, singulièrement dans les entreprises. Proportionnellement, les indépendants sont aussi nombreux en Wallonie qu’en Flandre. De nombreux fleurons illustrent ce dynamisme, qui sont souvent reconnus au niveau international. Ce sont là des faits objectifs, confortés par des institutions reconnues, analysés par des experts et évoqués par des CEO. Ces affirmations doivent couper l’herbe sous le pied de ceux qui dénigrent trop souvent la Région. Et donner du cœur à l’ouvrage de ceux qui s’emploient à la redresser.

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Contrer le bashing anti-wallon avec des faits. © D.R.

Bien sûr, la Wallonie ne va pas se transformer en Californie du jour au lendemain. Ses handicaps restent trop importants. Le taux d’emploi reste une misère, comparé à la Flandre, et la disproportion entre les emplois publics et privés demeure préoccupante. La formation constitue un enjeu majeur qui doit enfin être pris à bras-le-corps. Des tabous doivent être levés, comme celui qui concerne l’éducation de base ou le travail au noir. Des réformes radicales doivent être prolongées ou entreprises, d’autant plus fortement que le chantier à mener est existentiel.

L’affirmation d’une fierté wallonne doit servir de marqueur face au désir confédéral de la N-VA.

“Au travail et en formation!” Willy Borsus, ministre wallon de l’Economie, nous déclare la nécessité de décréter la mobilisation générale. Par-delà ce message, l’action de la majorité régionale et de ses relais au fédéral devrait être complètement orientée vers cette priorité absolue de redresser la Wallonie et Bruxelles, ce qui n’est pas toujours le cas. Dans la perspective des élections de 2024, qui s’annoncent une nouvelle fois déterminantes pour les équilibres au sein du pays, l’affirmation d’une fierté wallonne doit servir de marqueur face au désir confédéral de la N-VA. C’est en étant debout que l’on pourra empêcher les dérives pour embrasser l’avenir.

“On sent cette soif d’entreprendre chez beaucoup de jeunes”, souligne Mélanie Mestdagt, CEO d’EyeD Pharma, fleuron de ces entreprises pharma qui font notre réputation. “Les Acec, c’était les Gafa de l’époque, rappelle Benoît Deper, CEO d’Aerospacelab, une entreprise citée en exemple. Les conditions pour recréer de pareils champions n’ont pas fondamentalement changé. Il faut des talents et nous en avons.”

Pour convertir l’essai, il convient de changer d’état d’esprit, d’être convaincus de nos forces (la connaissance, l’espace, la jeunesse…) et de soutenir les initiatives avec du capital-risque. “Quand une entreprise montre des signes de faiblesse, on lui tombe dessus, regrette Benoît Deper. Cette mentalité tire tout le monde vers le bas. Comment voulez-vous créer une culture entrepreneuriale forte si vous n’acceptez pas une part de risque et d’échec?” Une culture de l’audace et de l’initiative doit s’enraciner. Puisse ce dossier y contribuer.

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