La fin du vote obligatoire sous le feu des critiques: “C’était une stupidité”

Bart De WeverBELGA PHOTO KRISTOF VAN ACCOM

Le taux de participation, bien plus faible qu’attendu dimanche aux premières élections locales en Flandre sans obligation de vote, concentrait les critiques des éditorialistes du nord du pays, lundi matin. “La démocratie n’est sort pas renforcée”, “c’était une stupidité”, écrivent-ils.

Plus d’un tiers des électeurs, et en certains endroits près de la moitié, ne se soucient pas de savoir qui les gouvernera au cours des six prochaines années”, constate Karel Verhoeven dans De Standaard. “Personne n’aurait osé penser qu’ils seraient si nombreux, ces citoyens qui renonceraient à leur droit de vote dès que la menace d’une amende aurait disparu.”

   “La suppression de l’obligation de vote était tout simplement stupide“, écrit Liesbeth Van Impe dans Het Nieuwsblad. Dans de nombreuses communes, la relation s’est tendue entre les citoyens et la politique”. Avec un taux de participation d’environ 60%, un bourgmestre disposant d’une courte majorité n’est de facto assuré du soutien que d’un tiers des électeurs, calcule-t-elle.

   “D’une certaine manière, c’était un dimanche noir. Les politiques n’ont pas réussi à susciter suffisamment d’enthousiasme pour aller voter“, constate Isolde Van den Eynde dans Het Laatste Nieuws. “L’apathie était visible pour tout le monde. Pour la première fois, ces élections ont été celles des salles de sport vides et de l’électeur absent.”

Qui est resté à la maison ?

   Isolde Van den Eynde souligne que certains politiques n’ont apparemment pas été suffisamment sur le terrain pour mobiliser leurs électeurs. “Qui est resté à la maison ? Demandez à Tom Van Grieken et il vous répondra : ses électeurs. Demandez à Jos D’Haese et il vous répondra : ses électeurs”. “Mais ceux de Bart De Wever et de Guy D’haeseleer, eux, ne sont pas restés chez eux.”

   “Il est probable que ce sont le PTB et le Vlaams Belang qui ont surtout raté des voix en raison de la suppression de l’obligation de vote“, écrit Kris Vanmarsenille dans la Gazet van Antwerpen. “Mais quoi qu’il en soit, le fait que tant de Flamands ne souhaitent pas participer à la fête de la démocratie et n’ont donc pas leur mot à dire sur les politiques de leur ville ou de leur commune. Ça porte atteinte à la joie des élections.”

   “Cette suppression du vote obligatoire est une expérience politique qui n’améliore pas nécessairement la démocratie“, confirme Indra Dewitte dans Het Belang van Limburg. “Il semble que ce soient surtout les jeunes et les groupes socialement vulnérables qui ne se sont pas présentés” aux bureaux de vote. “C’est regrettable et inquiétant.”

   “Qu’ont imaginé tous ces politiques et leurs partisans ? Qu’un changement aussi fondamental dans les règles électorales n’aurait aucun impact ? Le fait qu’un tiers des électeurs se désistent dès que le vote obligatoire est supprimé est tout à fait conforme aux attentes”, dénonce Bart Eeckhout dans de De Morgen. “Ça ne peut en aucun cas être considéré comme un gain pour la démocratie.”

Le Vlaams Belang à Ninove

   Sur le site du Tijd, Isabel Albers se concentre principalement sur la victoire électorale du Vlaams Belang Guy D’haeseleer avec Forza Ninove. “Vingt ans après la condamnation de l’ancien Vlaams Blok, il existe pour la première fois une administration d’extrême droite dans notre pays”, écrit-elle. “Guy D’haeseleer devra maintenant prouver que le Vlaams Belang peut faire autre chose que tirer depuis l’opposition en pariant sur les problèmes de société. Gérer une ville, c’est une toute autre chose.”

   “Le danger des extrêmes et du populisme ne doit pas être banalisé, mais le succès (du Vlaams Belang) à Ninove ne signifie pas non plus que la digue contre l’extrême droite a été brisée dans toute la Flandre”, selon Isabel Albers. “Particulièrement dans les villes où la gouvernance a été bonne, comme Louvain, Bruges ou Anvers, les bourgmestres sortants ont réussi à progresser encore et à prendre le dessus sur les extrêmes.”

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