Commission européenne : Hadja Lahbib n’est pas encore fixée sur son sort
L’audition de confirmation d’Hadja Lahbib au poste de commissaire européenne a pris fin peu après 12h30, mercredi au Parlement européen, sur des applaudissements envers la candidate, qui attend maintenant son évaluation.
“C’est passé si vite”, a-t-elle souri en concluant la séance. Pendant plus de trois heures, la ministre des Affaires étrangères du gouvernement démissionnaire a répondu à une multitude de questions portant souvent sur l’égalité et les droits humains, mais aussi sur l’aide humanitaire et, dans une moindre mesure, sur la gestion des crises.
Elle est apparue maîtresse de ses dossiers et didactique, récoltant des applaudissements lorsqu’elle défendait les valeurs fondamentales de l’Union. Seul léger faux pas quand, interrogée pour la énième fois par l’extrême droite sur deux dossiers qui ont mis en péril son mandat (l’affaire des visas iraniens et le reportage en Crimée), elle a répondu sur le premier alors qu’elle était questionnée sur le second.
Remarques belges
Pour sa collègue de parti Sophie Wilmès (MR, Renew), aucun doute : conviction, connaissance, défense des valeurs de l’UE, “calme et fermeté”, la candidate Lahbib a “totalement réussi” son audition et n’a jamais été mise en difficulté.
Le ton était différent chez Marc Botenga (PTB, La Gauche). Il juge la libérale trop peu combative sur l’aide humanitaire, en particulier la situation à Gaza, bref, une position “trop limitée” comme l’est celle du Conseil de l’UE (États membres). Il déplore aussi que l’Égalité n’ait pas reçu un commissaire à part entière.
Saskia Bricmont (Verts/ALE) considère quant à elle que la cheffe de la diplomatie belge “a montré qu’elle était du côté des progressistes” en matière de droits des femmes, des minorités (LGBTQI notamment), et qu’elle a bien défendu l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens. “Même si elle est restée évasive sur certaines questions, où l’on voyait bien qu’elle cherchait à donner des gages aux conservateurs”.
Jeu politique
Car la commissaire-désignée doit maintenant recueillir le soutien des “coordinateurs”, à savoir les eurodéputés désignés par leurs groupes politiques pour répercuter leur position dans les commissions parlementaires compétentes. Ces soutiens doivent représenter deux tiers des élus de ces commissions.
Les premiers commissaires-désignés entendus depuis lundi ont été reçus sans encombre, soutenus par un consensus PPE, S&D, Renew, Verts/ALE et ECR. A l’exception notable, hier/mardi soir, de la Suédoise Jessika Roswall (Environnement et Santé publique), qui pourrait être contrainte par la commission de l’Environnement à des devoirs complémentaires. Une nouvelle réunion d’évaluation devait se tenir dans l’après-midi.
De quoi faire prendre ombrage à son parti, le PPE, qui pourrait être tenté de lier les deux candidatures, et retarder ainsi la confirmation de la Belge ?
“S’il devait y avoir un problème, ce serait lié à un jeu politique dommageable pour l’ensemble” du Parlement européen, a grincé Sophie Wilmès. Mais le risque existe bel et bien que le PPE et l’ECR lient les deux dossiers, confirme Saskia Bricmont, car l’audition d’Hadja Lahbib est la première d’une candidate non-PPE intervenant dans la foulée de celle de Jessika Roswall.
La réunion des coordinateurs devant évaluer la prestation d’Hadja Lahbib, prévue en début d’après-midi, pourrait être reportée plus tard dans la journée.