Amid Faljaoui

Comment la guerre en Ukraine profite aux amateurs d’or

Après 17 mois de guerre en Ukraine, l’OTAN tente de montrer au chef du Kremlin qu’il ne gagnera pas cette guerre à l’usure.

Cela fait 17 mois maintenant que Vladimir Poutine a démarré sa guerre contre l’Ukraine. Où en sommes-nous aujourd’hui ? Est-ce que les sanctions économiques donnent des résultats ou pas ? Sur cette dernière question : la réponse est clairement « oui ». Il suffit de regarder l’évolution du rouble pour en avoir la confirmation.

Le rouble a perdu un tiers de sa valeur depuis le début de l’année 2023. Cette baisse de la monnaie russe s’explique par l’exode des entreprises étrangères, mais aussi par la baisse en valeur des exportations de pétrole et de gaz.

Moscou pompe encore autant de pétrole et l’exporte à tout va. Mais, ces exportations de pétrole se font à des prix discount. La valeur globale des exportations russes est donc à la baisse. C’est autant de rentrées en moins dans les caisses de l’Etat russe.

Sur le plan géopolitique, c’est aussi un échec pour Poutine. Il a voulu affaiblir l’OTAN en envahissant l’Ukraine. 17 mois après, qu’est-ce que le chef du Kremlin constate ? Qu’il a réussi l’exploit d’amener deux pays traditionnellement neutres comme la Finlande et la Suède à demander à entrer dans l’OTAN.

Même la Turquie qui était réticente, au départ, a accepté que la Suède y entre. C’est donc un double camouflet pour Poutine. Mais a-t-il compris le message ? Pas encore. Il a eu peur avec le faux coup d’Etat de Wagner, mais pas assez pour abandonner la partie. Les diplomates le savent bien, Moscou joue la montre.

Poutine pense encore que les opinions publiques en auront marre de cette guerre qui s’éternise. Et puis, il espère aussi que Trump ou les Républicains reviennent au pouvoir à la Maison-Blanche. Or, Trump et ses amis sont contre cette guerre et sont plutôt isolationnistes.  Moscou espère aussi qu’en France, les partis de gauche prennent le pouvoir. Des politiques comme Mélenchon, par exemple, sont pro-Russes. Donc oui, même si l’Ukraine n’a pas encore intégré l’OTAN malgré de vagues promesses des Occidentaux, le message envoyé en ce moment à Moscou, notamment via l’adhésion de la Suède, c’est que le temps ne joue pas en faveur de la Russie.

L’Occident essaie de faire passer ce message en programmant son soutien financier et armé sur plusieurs années. Autrement dit, l’aide de l’Occident à l’Ukraine est programmée sur la durée du conflit et même au-delà. C’est un message subliminal destiné aux Russes qui montre que la patience est de notre côté, histoire de montrer aux dirigeants du Kremlin qu’ils ne gagneront pas cette guerre à l’usure.  

Et pendant ce temps-là, l’or n’en finit pas de grimper. Justement grâce à cette guerre, ce sont les banques centrales de Chine et de Turquie qui achètent massivement de l’or. Ce n’est pas étonnant, ces deux pays ont peur de tomber un jour sous les sanctions de l’Occident avec un accès limité à une devise comme le dollar. Donc, pour se prémunir de ce danger, ces deux pays achètent de l’or qui comme chacun le sait reste un moyen de paiement et d’échange en cas d’isolement du pays. Comme quoi, la guerre des uns fait grimper le portefeuille des autres et en l’occurrence des amateurs d’or.

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