Cocaïne, désobéissance civile…: une campagne électorale où tout sera permis
La découverte de drogue dans un cabinet ministériel ou l’appel critiqué à la désobéissance civile illustrent un climat politique où l’on ne se passera rien.
La campagne électorale est bel et bien lancée en vue des élections cruciales du 9 juin prochain. Les partis sont au coude-à-coude dans les intentions de vote du côté francophone, avec des variations régulières. Chaque voix risque de compter pour gagner ou perdre une place et déterminer les futures majorités. Alors, tous les coups seront visiblement permis et chaque erreur pourrait coûter cher.
La preuve avec deux “dérapages” ces dernières quarante-huit heures. Contrôlés ou non, ils donnent lieu à des répliques immédiates. Que ce soit pour de la drogue découverte… dans un cabinet ministériel ou pour un appel politique… à la désobéissance civile.
“Coke en stock”
Jeudi, on apprenait l’arrestation d’un employé ministériel pour trafic de drogue et la découverte de 50 pacsons de cocaïne au cabinet de la ministre francophone de l’Education, Caroline Désir (PS). L’employé à l’origine de ce trafic a été licencié sur le champ, il s’agissait du fils de l’ancienne ministre Fadila Laanan.
La ministre Caroline Désir a immédiatement communiqué sur le sujet et expliqué que son cabinet avait collaboré à l’enquête et découvert les pacsons en question. “Le mercredi 15 décembre en soirée, j’ai été informée qu’un assistant en charge du matériel et de la logistique au cabinet, se trouvait en état d’arrestation dans le cadre d’une enquête sur un trafic de drogue. Le jeudi 16 décembre, une procédure de licenciement pour rupture de confiance a été menée dans le respect de la réglementation applicable aux cabinets ministériels.”
L’incident fait tâche, d’autant qu’il n’est pas sans rappeler l’implication dans un trafic de drogue présumé d’un autre fils d’une élue PS, dans le cadre du Qatargate. Marie-Christine Marghem, ancienne ministre libérale, ironise: “Certains m’ont reproché il y a quelques jours d’être trop dure avec la gestion socialiste…”
Elle avait éreinté les socialistes, suite à une interview très critique à l’égard de leur gestion, accordée à Trends Tendances par l’économiste Etienne de Callataÿ: “Mon père me disait il y a 45 ans (l’époque « glorieuse » des trois Guy) que si on laissait faire les socialistes en Wallonie, celle-ci sécherait sur pied. C’est exactement ce que dénonce l’économiste Etienne de Callataÿ, avec lequel je suis pour une fois d’accord.” L’élue dénonçait notamment “les tentacules rouges de la pieuvre du laxisme et de la rage taxatoire pour entretenir l’assistanat et fabriquer des pauvres” en affirmant qu’elle avait désormais la responsabilité, en tant que tête de liste régionale, de “protéger mes concitoyens contre le mensonge, et libérer la terre qui les a vus naître et sur laquelle ils ont de plus en plus de mal à survivre, de cette maladie de la décadence d’une idéologie”. On lui avait reproché de tenir des propos proches de l’extrême droite…
Mais ce n’est pas la seule à ironiser. “On me dit souvent à Mons d’arrêter de critiquer le PS, mais bon.. il faut aussi que le PS travaille sur lui même“, commente Opaline Meunier, alliée de Georges-Louis Bouchez dans la Cité du doudou. “On a retrouvé de la cocaïne dans le cabinet de la Ministre de nos Écoles. Est-il possible de conserver le respect des enseignants, des parents et de nos enfants et de continuer à incarner l’Ecole après ça ?”, demande Denis Ducarme, député MR.
Suite aux révélations concernant la découverte de cocaïne, certains élus socialistes se sont indigné: “La campagne électorale, normalement exercice de démocratie, ne mérite pas cela, souligne notamment Véronique Jamoulle. Les citoyens, les défis environnementaux et sociaux, méritent mieux. Et la presse a aussi son rôle.”
“Désobéissance civile”
Une petite phrase de Jean-Marc Nollet, coprésident d’Ecolo, a également fait rugir ces derniers jours. Mercredi soir, au micro du Tournant sur le RTBF radio, il déclairait: “Face à l’urgence climatique, j’encourage les jeunes à continuer la désobéissance civile !“
Le coprédsident vert évoquait les actions menée par la plateforme aux aéroports de Charleroi ou Ostende: “Ils ont raison ! Ils ont fondamentalement raison de trouver que les gouvernements (fédéral et régionaux) ne vont pas assez loin.” Et d’évoquer leur contribution à une “stratégie de la tenaille”, cette pression citoyenne et populaire soutenant l’action politique des écologistes: “en agissant de la sorte, ils élargissent la fenêtre d’Overton et nous ouvrent des possibilités, dans les institutions d’avancer plus vite.”
Au sein des Engagés, la déclaration a fait bondir. “Un président de parti qui encourage les jeunes à la désobéissance civile ?!?, s’étrange son président, Maximpe Prévot. Et après on s’étonnera que le respect parte en sucette… C’est immature comme propos et irresponsable comme vision ! Et si on oeuvrait à l’urgence climatique autrement ?” Catherine Fonck, députée fédérale, enchaîne: “Oui aux mobilisations citoyennes en faveur de causes légitimes comme le climat. Mais encourager la désobéissance civile, c’est tout autre chose, et irresponsable de la part des politiques. Et si chacun le fait en fonction de ses convictions, ce sera le chaos.”
“Que dire…, soupire Aurélie Czekalski, députée régionale MR à Bruxelles. On en est là: un coprésident d’un grand parti, ancien ministre wallon du développement durable, qui appelle à désobéissance civile pour faire face à urgence climatique. Il aurait mieux fait de s’occuper à l’époque de sa bulle photovoltaïque.”
C’est dit, lors de cette campagne électorale, on ne se passera rien…
Ah, non, Georges-Louis Bouchez, président du MR, n’est pas resté sans réagir: “Et après, les 50 nuances de gauche pleurnicheront sur la montée des populisme et des extrémismes. Et accuseront la droite. Il est grand temps de changer.”
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