La Chine est désormais la plus grande économie du monde. On la disait endormie voici 20 ans. Elle est bien réveillée aujourd’hui : elle achète le port d’Athènes, investit à Louvain-la-Neuve, etc. Et la classe moyenne chinoise devient aussi importante que celles de l’Allemagne, de l’Italie et de la France réunies.
Depuis deux ans, la Chine est désormais la première puissance économique du globe. Selon les calculs de la Banque mondiale, la richesse créée chaque année par l’ancien empire du Milieu dépasse désormais les 18.000 milliards de dollars, contre 17.400 milliards pour les Etats-Unis. Et chaque jour est un nouveau témoignage de la montée en puissance de l’économie chinoise. Un exemple parmi d’autres : au début de l’été, Pékin a inauguré le plus grand supercalculateur du monde, intégralement conçu et fabriqué en Chine. Il relègue les Européens et les Américains aux marches inférieures du podium. Le futur IBM sera chinois.
Avec une croissance qui était comprise entre 7 et 14 % entre 1990 et aujourd’hui, la Chine a connu un développement économique fulgurant. La classe moyenne approche les 300 millions d’individus. Ils devraient être 360 millions d’ici cinq ans et percevront des revenus annuels compris entre 10.000 et 35.000 dollars, leur permettant d’assurer un niveau de vie comparable à celui des Italiens. La Chine, dès aujourd’hui, compte déjà plus de 7 millions de “millionnaires en dollars”. Aucun autre pays, pas même les Etats-Unis, n’abrite autant de grandes fortunes.
Mais qui connaît vraiment cette économie avec laquelle, à plus ou moins long terme, nous serons obligés de composer ici en Belgique ? Quels sont les principaux besoins de cet immense pays comptant un peu moins de 1,4 milliard d’habitants ? Comment le consommateur chinois réagit-il ? Est-il encore possible d’investir de manière sûre et rentable dans le pays ?
Et quelle politique d’expansion économique Pékin est-il en train de mener ? Environ 900 projets d’investissements internationaux, totalisant une mise de fonds de 860 milliards de dollars, sont actuellement financés par le pays, et cela va de l’acquisition des deux tiers du port du Pirée à la construction d’une voie de chemin de fer à grande vitesse qui devrait relier la Hongrie à Pékin…
Dette, corruption, pollution, etc.
Certes, les défis sont à la mesure de la taille de ce pays continent qui a financé sa croissance en s’endettant. La dette chinoise, publique et surtout privée, a explosé ces dernières années. Elle pèse désormais 250 % du PIB, contre seulement 150 % en 2008. De grands efforts sont encore à entreprendre pour éradiquer la corruption, pour abaisser le taux de pollution des industries chinoises. Mais, on le découvrira dans le dossier qui suit, les problèmes les plus prégnants sont encore ailleurs. Il s’agit notamment d’assurer aux 1,4 milliard de Chinois un approvisionnement correct en eau potable.
Alors que nous sommes encore sous le coup de l’émotion du Brexit, le véritable changement se passe ailleurs, à des milliers de kilomètres et il constitue une opportunité fantastique pour nos entreprises. L’hebdomadaire britannique The Economist ne s’y est pas trompé. Au lendemain du vote avalisant la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, il a mis la Chine en couverture de son édition non européenne et nous reprenons dans ce dossier certains de leurs articles. Même pour la presse anglaise, le véritable enjeu se tient à Pékin.
Au début des années 1970, dans un essai formidablement populaire, Alain Peyrefitte s’était demandé quand la Chine s’éveillera. C’est fait. La Chine a aujourd’hui les yeux grands ouverts. Comprendre ce marché et ses acteurs est donc une nécessité pour tous : patrons, consommateurs, travailleurs. Il faut se doter d’un trousseau de clés permettant d’ouvrir la plus vaste économie mondiale.