Cher Bart De Wever, bienvenue aux élections en Wallonie et… dans la Belgique à quatre

Bart De Wever. BELGA PHOTO JONAS ROOSENS © Belga
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le président de la N-VA annonce, de façon improvisée, qu’il déposerait bien des listes au sud du pays, pour faire vivre le débat sur le confédéralisme. Et se démène tous azimuts pour empêcher une Vivaldi 2. Mais qu’est-ce qu’il l’anime? Et… de quelle Belgique parle-t-on?

Bart De Wever, président de la N-VA, a lancé sa campagne électorale, voici un mois, avec une vidéo dans laquelle il exprimait sa volonté de défendre la prospérité flamande face aux dérives socio-économiques francophones. Il la prolonge en se démultipliant lors d’interviews: il ne croît plus en l’Etat fédéral et suggère… que la N-VA dépose des listes en Wallonie.

Objectif de cette apparition possible de la N-VA au sud du pays? “Nous voulons introduire notre vision du confédéralisme dans la lutte électorale en Wallonie et en faire un débat public là-bas.” Ce serait aussi l’occasion de briser le joug de gauche qui pèse sur cette Région et handicape le pays, ajoute-t-il.

Mais cette annonce, estiment bien des analystes, semble très improvisée: rien sur la façon dont cela pourrait se passer, ni sur les candidats pressentis, ni sur les ambitions. De la part d’un stratège de la politique, voilà qui ressemble étrangement à une forme de football-panique qui ne lui ressemble guère.

“Welkom in Wallonië!”

Mais soit… “Welkom in Wallonië, meneer De Wever!”, salue le chroniqueur Alain Gerlache dans De Morgen. L’ancien chef politique de la RTBF, qui vient de publier un livre racontant en néerlandais l’histoire de la Wallonie, souligne lui aussi l’improvisation de la manoeuvre et le gain limité que cela pourrait apporter tant au niveau des voix récupérées à droite qu’au sujet d’un débat sur le confédéralisme.

“Bart De Wever a eu cinq ans pour exposer sa vision du futur, écrig Alain Gerlache. Mais il a quasiment refusé de façon systématique les interviews aux médias francophones, sauf pour parler de son livre (sur le woksime – Ndlr) ou participer à un débat au sud du pays. Nous n’avons jamais vu le président de la N-VA donner une conférence de presse, alors qu’il est parfait bilingue. Mais mieux vaut tard que jamais. En démocratie, on se parle et on échange des idées.”

Bertrand Henne, sur la RTBF, ironise: “Est-ce que Bart De Wever ne devient pas lui aussi un peu Belge ? Si, car déposer des listes dans le sud est contradictoire avec le message martelé de deux démocraties que tout oppose. Si la N-VA se présente un jour effectivement en Wallonie, ce sera la preuve qu’elle pense qu’il existe un public pour son message conservateur et confédéral, et que donc la N-VA pense qu’il existe bien une opinion publique commune, ce qui est aussi le pari du PTB à l’autre bout du spectre politique. Bref, la N-VA deviendrait un parti Belge.”

Ivan De Vadder, à la VRT, évoque une “tentative désespérée”. Ce n’est pas faux: De Wever insiste pour que les chrétiens-démocrates et libéraux flamands n’optent pas pour une Vivaldi 2. Mais le CD&V et les Engagés semblent lier à nouveau leur sort pour l’après-élections, avec de Engagés peu enclins à gouverner avec la N-VA, tandis que l’Open VLD est quasiment en état de mort clinique.

Par rapport à sa stratégie francophone, Ivan De Vadder souligne encore que la principale question à laquelle il doit répondre pour rzssurer le sud du pays reste de savoir… si la N-VA pourrait gouverner avec le Vlaams Belang. De Wever affirme régulièrement qu’il n’en est pas question… en l’état des troupes de Tom Van Grieken. Une façon de ne “jamais dire jamais”.

De quel confédéralisme parle-t-on?

Si la N-VA envisage de se présenter en Wallonie, elle devra encore… préciser le confédéralisme qu’elle appelle de ses voeux. En clair, il s’agit d’une construction de la Belgique autour des deux grandes Communautés, flamande et francophone. Bruxelles aurait un statut de sous-Régions et la Communauté germanophone ne serait guère revalorisée. L’Etat “confédéral” serait dirigé par un mini-gouvernement composé essentiellement de ministres régionaux.

Sa vision est à mille lieues d’un confédéralisme que certains francophones pourraient appeler de leurs voeux, composé de quatre entités: Flandre, Bruxelles, Wallonie et Communauté germanophone. Cette formule permettrait un meilleur équilibre des pouvoirs et favoriserait un fédéralisme de coopération, au lieu du fédéralisme de confrontation que l’on connaît aujourd’hui.

Mais Bart De Wever désespère donc de voir le débat confédéral voir le jour: “Ce ne sont pas les politiciens de gauche qui vont en parler, et Bouchez est le plus grand belgicain qui soit“. Il dit ne rien à voir, a priori, contre les transferts Nord-Sud: “Les Wallons sont mes voisins et j’ai tout intérêt à ce qu’ils proposèrent aussi. Mais dépenser de l’argent pour les maintenir pauvres, ça n’a aucun sens.”

Entre sa vision confédérale et son rejet de la gauche, le président de la N-VA devra toutefois choisir. Le confédéralisme, il pourrait l’obtenir avec le PS. Le rejet de la gauche, comme lors de la Suédoise, avec le MR. Entre les deux, il semble… un peu perdu.

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