Les 24, 25 et 26 novembre prochains, les syndicats organisent bien légitimement trois jours de grève en front commun. Mais une interview de Jean-François Tamellini, le leader de la FGTB wallonne, a mis le feu aux poudres. Quelques heures plus tard, une autre polémique impliquait cette fois la CSC à propos de l’exclusion des chômeurs. La vidéo est devenue très virale. Retour sur un dimanche polémique.
“Nous voulons mettre la pression sur le pouvoir économique pour faire tomber le gouvernement. Il doit passer la main.” Le message central du secrétaire général de la FGTB a créé une vive polémique, dans une interview accordée à Sud Info, ce dimanche.
L’interview de Jean-François Tamellini ne manque pas de revendications classiques, mais le syndicat ne dépasse-t-il pas son rôle en voulant faire tomber le résultat des urnes ? Pour le président du MR, Georges-Louis Bouchez, le syndicaliste va trop loin : “Ce sont donc bien des grèves politiques qui ne sont pas organisées pour défendre les travailleurs, mais juste pour permettre à Raoul (Hedebouw) et Paul (Magnette) de rattraper la sauce après leurs mauvais résultats électoraux. Ces gens sont des opposants à la démocratie. Ils ruinent le pays. Cette gauche qui pense que l’Etat lui appartient est indigne et écœurante. Le Gouvernement ne tombera pas. Et nous allons remettre de l’ordre dans le pays.”
Trois jours de grève
Pour rappel, FGTB, CSC et CGSLB ont annoncé trois jours de grève les 24, 25 et 26 novembre. Un “appel de novembre” inédit dans l’histoire récente qui commencera par une grève des transports le lundi, une mobilisation des services publics le mardi et qui s’achèvera mercredi par une grève interprofessionnelle. Le front commun ne veut pas perdre l’élan de la grande manifestation nationale qui a rassemblé entre 80.000 et 140.000 personnes.
Les syndicats sentent que quelque chose se passe dans la contestation populaire. Ils ont vu des gens manifester pour la première fois, en octobre, ainsi que beaucoup de jeunes. Eux qui voient leurs rangs se dégonfler d’année en année sentent une belle opportunité, même si cette grande grève leur coûtera très cher – 40 euros par affilié.
Un courrier très embarassant
De là à se sentir pousser des ailes ? Quelques heures plus tard, une polémique encore plus embarrassante émergeait des réseaux sociaux. Carol Zanin, pigiste pour LN24, y témoignait d’un courrier qu’elle avait reçu de son syndicat, la CSC. Ce courrier lui aurait indiqué qu’elle allait perdre ses allocations de chômage suite à la réforme du gouvernement De Wever.
Ne se pensant pas concernée, puisqu’elle travaillait à temps partiel et ne touchait qu’un complémentait d’allocation de chômage, la freelance a fait ses propres vérifications et a contacté l’ONEM, l’organisme fédéral chargé des contrôles. Ce qu’elle va entendre va l’estomaquer : “Écoutez madame, on est assailli d’appels en ce moment parce que les syndicats, FGTB, CSC ont envoyé ou un SMS ou un mail à leurs affiliés en leur certifiant qu’ils vont recevoir un courrier de notre part et qu’ils vont être exclus du chômage. Or, ils n’ont pas le droit de faire ça. Et Madame, lorsque j’analyse votre dossier, en fait, il n’y a rien dans votre dossier. Vous n’êtes donc pas inquiété. Vous ne rentrez pas dans les conditions pour être exclus du chômage. Et ils ont fait ça, madame, pour inciter les gens à aller manifester les trois jours de grève nationale à venir”, raconte Carol Zanin.
Le syndicat CSC dit vouloir contacter la pigiste dès ce lundi et indique à La Libre que ses communications “concernant la fin des allocations de chômage ne contiennent aucune invitation à participer à nos mobilisations contre le gouvernement Arizona.” Carol Zanin a réagi dans La DH : “On m’a accusé d’être le bras droit de Georges-Louis Bouchez. Je ne suis pas politisée. Je ne fais pas ça pour un parti. Je dénonce simplement une pratique.”
La surenchère de l’opposition
Pour le contexte, voilà plusieurs semaines que l’Arizona tente sceller un budget. De nouvelles mesures difficiles devraient être prises puisqu’il est prévu de réaliser un effort de 10 milliards d’euros. La tension est immense et Bart De Wever a même adressé un ultimatum à ses partenaires.
Mais ces derniers jours, l’opposition et en particulier le PS se laissent aller à la surenchère, ce qui témoigne du populisme ambiant, qu’il vienne de gauche ou de droite. Par exemple, le président du PS, Paul Magnette, a comparé Bart De Wever à Victor Orban, alors que le Premier ministre essaye simplement de défendre notre sécurité juridique et financière concernant les avoirs russes gelés. Pour rappel, ces derniers pèsent plus de 20% de notre PIB.
L’opposition socialiste a également relayé des informations de la presse française qui indiquent que nos F35 ne pouvaient s’entrainer complètement dans notre espace aérien. Pourquoi ? Car il est trop limité. Mais c’est un problème qui est connu depuis plusieurs décennies et qui s’appliquait aussi à nos F16.
En Wallonie, le PS a vivement critiqué la réforme des droits d’enregistrement suite à la publication du Baromètre des notaires. Ce dernier constatait une augmentation des prix pour les maisons en Wallonie. De quoi y voir un lien ? La réalité est beaucoup plus nuancée. On ne peut pas dire que la baisse des droits d’enregistrement a été complètement écrasée par la hausse des prix, comme l’a montré Trends-Tendances.
En somme, syndicats et opposition ne vont-ils pas trop loin ? Il existe sans doute plein de bonnes raisons de critiquer les gouvernements et de dénoncer leurs politiques, sans tomber dans la surenchère.