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Caterpillar: pourquoi le gouvernement n’a pas été mis dans la confidence

Au vu des tristes événements de ces derniers jours, de nombreux citoyens se sont demandé pourquoi la direction de Caterpillar n’avait pas prévenu notre Premier ministre Charles Michel de sa décision de fermer l’usine de Gosselies.

La question n’est pas saugrenue vu que l’annonce de la fermeture de l’usine de Caterpillar a visiblement pris tout le monde de court, y compris les responsables politiques. Le résultat de cette surprise c’est que ceux-ci n’ont dès lors pas eu la possibilité d’intervenir en amont pour tenter de convaincre les dirigeants américains de reconsidérer leur décision. Interrogé par mes confrères du journal L’Echo, le Premier ministre Charles Michel a regretté de n’avoir pas été mis dans la confidence. Il a même précisé, je le cite : “Mon expérience est que quand une entreprise internationale a une grosse décision positive ou négative à annoncer, elle en informe le gouvernement.”

Je reviens donc à ma question de départ : Pourquoi la société Caterpillar a-t-elle agi de la sorte ? La réponse est juridique : si la direction de Caterpillar n’a pas prévenu notre gouvernement, c’est tout simplement parce que la loi Renault sur les restructurations impose l’information prioritaire du conseil d’entreprise et des travailleurs.

Si la direction de Caterpillar n’a pas prévenu notre gouvernement, c’est tout simplement à cause de la loi Renault.

Interrogé par mon collègue Christophe De Caevel de Trends-Tendances, l’avocat Herman Craenincks du cabinet bruxellois Stibbe conseille le plus souvent aux entreprises de ne pas y déroger, car les sanctions peuvent être énormes, y compris sur le plan pénal. Et donc, manifestement, le Premier ministre et quelques-uns parmi ses collègues n’étaient pas au courant de la loi. Or, par définition, une loi est votée au Parlement, et donc, par un raccourci saisissant, nous pouvons dire que nos hommes politiques ont tous été frappés d’amnésie collective et surtout leurs conseillers qui sont censés les protéger. Dura lex, sed lex.

Et comme le rappelle Christophe De Caevel, il fut une époque où les ministres et responsables syndicaux étaient souvent mis dans la confidence. Mais cela débouchait souvent sur un risque de fuites dans la presse. C’est ce qui s’est passé lors de la fermeture de Renault-Vilvorde, dont le ministre-président flamand de l’époque, Luc Vandenbrande, avait été informé préalablement.

Les travailleurs de Renault-Vilvoorde avaient alors très peu apprécié d’apprendre leur licenciement via les médias. Et c’est ce qui explique le durcissement des règles. Résumons la situation : soit les hommes politiques ne sont pas informés et ils s’en offusquent publiquement, soit ils sont informés préalablement et ils risquent de vexer les travailleurs qui apprennent leur futur licenciement par les médias. Il y a des choix plus sympas dans la vie.

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