Statu quo à Bruxelles après une réunion de présidents de parti sans présidents de parti : “Ils jouent avec le feu”

David Leisterh (MR), Christophe De Beukelear (LE), Ahmed Laaouej (PS- et Zakia Khattabi (Ecolo)
Baptiste Lambert

Le coup médiatique de Georges-Louis Bouchez et de David Leisterh a accouché d’une souris. Ce lundi matin, toutes les formations politiques francophones se sont réunies pour parler des négociations bruxelloises. Mais aucun président de parti n’était présent, à l’exception de GLB et de Sophie Rohonyi (DéFI), qui ne représente quasiment plus qu’elle-même.

Parmi les convives, on retrouvait donc les deux personnalités libérales, ainsi que le leader des Engagés à Bruxelles, Christophe De Beukelaer. Pas de Maxime Prévot ? Non, il avait pourtant donné son accord de principe à une réunion entre les présidents de parti, demandée à cor et à cri par le duo libéral, vendredi. Mais ce lundi matin, le président des Engagés n’était pas présent. “Il a eu un empêchement. Il était représenté par son chef de cabinet”, nous indique Christophe De Beukelaer.

Paul Magnette pour le PS et Marie Lecocq pour Ecolo brillaient également par leur absence. Les deux partis étaient représentés par les deux chefs de file bruxellois, Ahmed Laaouej et Zakia Khattabi. La seule présidente de parti qui a répondu à l’appel était Sophie Rohonyi, mais son parti est en train d’imploser, après le énième coup de sabotage d’Olivier Maingain, juste avant le week-end.

“Il faut changer de logiciel”

Et les discussions là-dedans ? Elles n’ont pas bougé d’un iota. En tout cas, Ahmed Laaouej maintient sa volonté d’exclure la N-VA. C’est ce qu’il a rappelé lors de la réunion : “Pour le PS bruxellois, un fait est désormais clair. Ces dernières semaines ont rappelé une évidence à laquelle tout le monde doit maintenant se résoudre : il n’existe pas de majorité au Parlement bruxellois pour installer un gouvernement avec la N-VA. Il faut donc changer de logiciel, a indiqué le socialiste par communiqué.

Ahmed Laaouej appelle à “prendre ses responsabilités et à identifier les pistes de solution alternatives pour répondre rapidement aux enjeux sociaux, économiques et budgétaires de la Région”, regrettant que l’essentiel de la réunion ait porté sur “les velléités institutionnelles des partis flamands de réformer, dans le sens de leurs intérêts communautaires, les institutions régionales et communales bruxelloises”.

Le chef de file socialiste dit ne pas avoir vu de “changement de méthode de la part du formateur” et rappelle les priorités : “D’abord sociales, économiques et budgétaires.”

“Ils jouent avec le feu”

Christophe De Beukelaer peut rejoindre Ahmed Laoouej sur ce point. “Les priorités pour Bruxelles sont clairement d’ordre budgétaire et économique. Discuter institutionnel prendra des mois”, indique le chef de file à Bruxelles. Par contre, il estime qu’inviter les présidents de parti n’est pas du tout illégitime : “Les présidents de parti sont élus aussi bien par des militants wallons que bruxellois. Quand Joëlle Milquet, Bruxelloise, négociait pour le cdH, elle le faisait également en Wallonie sans qu’on mentionne la perte d’autonomie de la Région wallonne.”

Sur le fond, De Bekelaer ne peut que constater le blocage total des négociations. “Je peux comprendre le refus du PS d’aller avec la N-VA. Je peux comprendre le choix d’Ecolo de rester dans l’opposition. Et je peux comprendre la volonté pour les Flamands de conserver la majorité pour laquelle ils ont trouvé un accord. Mais avec ces trois positions, c’est le blocage complet.”

Le député bruxellois met toutefois en garde le PS et Ecolo : “Ils jouent avec le feu. Ceux qui prétendent vouloir sauver Bruxelles en excluant la N-VA vont la couler. Adopter des postures politiques, après les élections, ça peut se comprendre. Mais pas après six mois… c’est irresponsable.”

L’enjeu pour Bruxelles n’est autre que sa mise sous tutelle, craint Christophe De Beukelaer. “Le budget bruxellois est une bombe à retardement. L’agence de notation S&P nous attend au tournant et dégradera la note de Bruxelles dans quelques mois. Quand il faudra demander de l’aide au fédéral, à la Flandre et à la Wallonie pour se financer, que pensez-vous qu’ils vont exiger de Bruxelles ?”

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