Les problèmes de gestion et les dépenses de golf suspectes valent à la direction de Paradigm, le bras informatique de la Région bruxelloise, le probable lancement d’une procédure disciplinaire. Mais le fond du dossier – les dysfonctionnements de Paradigm – et l’éventuelle responsabilité politique du ministre de tutelle, Bernard Clerfayt (DéFI), demeurent sans réponse claire. Pour le député de l’opposition, Christophe De Beukelaer (Les engagés), le ministre essaye de faire porter le chapeau au seul Nicolas Locoge, CEO de Paradigm, “alors qu’il s’agit d’une faillite collective. Le ministre ne peut se dérober ainsi de sa responsabilité”.
Le ministre bruxellois Bernard Clerfayt était entendu en séance plénière, vendredi dernier, à propos de Paradigm, le centre informatique de la Région bruxelloise. Il y a quelques jours, Le Soir révélait des dépenses de golf suspectes, d’une valeur de 70.000 euros, au bénéfice de la direction.
La semaine dernière, notre enquête montrait qu’il ne s’agissait que de la pointe de l’iceberg d’une mauvaise gestion de l’organisme publique depuis des années : entre l’impossibilité de mettre en place la nouvelle stratégie, les déficits qui s’accumulent et des pratiques plus que douteuses qui mêlent conflits d’intérêts, frais de consultance injustifiés et appels d’offres frauduleux.
Christophe De Beukelaer (Les Engagés) se penche sur ce dossier depuis un mois. Vendredi, il a interpellé le ministre pour son manque d’actions, alors qu’il aurait “été mis au courant depuis au moins un an” des dysfonctionnements au sein de Paradigm, le nouveau CIRB.
Comment le ministre ne pouvait-il pas avoir entendu parler des pertes financières, des problèmes de marchés publics et des dérapages de la direction générale, “alors que tous les mardis, il y a des rencontres 1 to 1 entre votre cabinet et la direction, et que le chef de cellule de votre cabinet est le président du conseil d’administration d’IRISteam ?”, a lancé le député de l’opposition. IRISteam est une ASBL directement liée à Paradigm, où sont sous-traitées les activités et où siège un membre du cabinet Clerfayt au Conseil d’administration.
La direction en sursis
Dans ses réponses, Bernard Clerfayt dit n’avoir été mis au courant des problèmes financiers de Paradigm qu’à l’été dernier, au moment de la publication du rapport de la Cour des comptes sur le budget 2022, où de premiers dépassements budgétaires sont signalés. Sur les dysfonctionnements internes de la direction, pas avant décembre dernier. Quant aux dépenses suspectes, pas avant le début de l’année.
Lors de ces trois étapes, le ministre dit avoir demandé des comptes à la direction. Aujourd’hui, faute de justifications concluantes, le ministre a demandé l’ouverture d’une procédure disciplinaire au ministre de la Fonction publique, Sven Gatz (Open VLD), à l’encontre du CEO, Nicolas Locoge.
Selon De Beukelaer, “le ministre essaye de tout mettre sur Locoge pour faire sauter ce fusible, alors qu’il s’agit clairement d’une faillite collective dans ce dossier”. Le ministre “se dérobe de ses responsabilités alors que Paradgim est une OIP de type A, soumise au contrôle hiérarchique d’un membre du gouvernement qui en exerce le pouvoir de gestion, selon la définition du Crisp”.
Dans nos colonnes, le ministre se retranchait effectivement derrière son administration : “Nous ne recevons que les informations que nous transmet la direction générale (de Paradigm). Et nous n’avons aucune responsabilité de gestion quotidienne, sur telle facture ou telle gestion du personnel.”
Vers un enterrement de première classe ?
Devant le Parlement, Bernard Clerfayt a indiqué qu’un audit complet des dysfonctionnements de Paradigm était en cours. Tant sur la restructuration interne que sur les dérapages budgétaires, la gouvernance interne et le lien entre Paradigm et IRISteam, à propos des frais de golf. “J’attends les réponses avant les grandes vacances, si je suis encore là”, a conclu le ministre.
Pour De Bekeulaer, à deux mois des élections, il ne s’agit ni plus ni moins que mettre un couvercle sur toute cette affaire. Selon le député, les discussions entre Paradigm et IRISteam, où est représenté le cabinet, ont été constantes. En d’autres mots, le cabinet et donc le ministre ne pouvaient ignorer les dysfonctionnements internes qui perdurent depuis des années et qui sont connus de tous, au sein d’IRISteam.
“Soit le ministre a menti au Parlement, soit il a été très mal informé par son cabinet. Dans les deux cas, c’est grave et ça ne peut pas rester sans suite”, conclut le député.
Paradigm
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