Le PTB monte à Forest, le MR menace, mais semble démuni : une coalition PS-Ecolo-PTB est-elle possible à la Région ?

Georges-Louis Bouchez et David Leisterh - BELGA PHOTO BENOIT DOPPAGNE
Baptiste Lambert

Après Mons, c’est à Forest que le PTB franchit le Rubicon. Le parti marxiste entre en majorité avec le PS, qui prend le maïorat, et Ecolo. Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, et son chef de file à Bruxelles, David Leisterh sont furieux et menacent de mesures de rétorsion. Le problème est qu’ils n’ont pas toutes les cartes en main. Une alliance PS-Ecolo-PTB est même possible à la Région, sur papier.

“Une majorité de progrès” a de nouveau frappé. Cette fois à Bruxelles, où la tripartite PS-PTB-Ecolo a gagné Forest. Charles Spapens (PS) y devient bourgmestre et les trois partis y obtiennent une majorité de 25 sièges sur 37, au nez et à la barbe de la liste commune du MR et de DéFI, qui était pourtant arrivée en tête, avec 25,7% des voix, juste devant le PS. Cette alliance contre le MR a provoqué la colère des libéraux, dont le président, Georges-Louis Bouchez, s’est personnellement rendu sur place, hier après midi, à l’Hôtel de ville de Forest. Il y a convoqué une conférence de presse en compagnie de David Leisterh, le formateur bruxellois, et de Marc Loewenstein, chef de file DéFI à Forest.

Le trio est venu pester contre le choix du PS et d’Ecolo de s’allier avec le parti d’extrême gauche. Georges-Louis Bouchez a parlé d’un “déni de démocratie”, au micro de BX1, jurant qu’il y aurait des “conséquences”, “comme après Mons, où il y a eu des conséquences à Liège”. Le président du MR fait référence au niveau provincial, où les libéraux, les Engagés et le PS ont signé un accord qui interdit au PTB de grimper dans une majorité communale dans toute la province, sous peine d’exclusion d’un des partenaires. Le PS était forcément visé.

À Forest, les représentants du MR ont reçu un accueil houleux, le président du MR échappant de peu à un jet de farine. Un autre citoyen est venu confronter le président dans ses déclarations, rappelant que l’alliance formée du PS, du PTB et d’Ecolo récoltait près de 70% des voix.

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La tension entre le MR et le PS est à son paroxysme

Les menaces du MR pourraient toutefois rapidement tomber à l’eau. À la Région bruxelloise, par exemple, le MR n’a d’autre choix que de s’allier au PS pour constituer une majorité avec Les Engagés. La possibilité de voir une majorité entre le PS, le PTB et Ecolo est même mathématiquement tout à fait faisable.

Jugée impensable, il y a quelques semaines, cette option n’est plus impossible. Car la tension entre le MR et le PS est au plus haut. La semaine dernière, Ahmed Laaouej, le chef de file du PS à Bruxelles, a accusé le MR de racisme, envers le candidat bourgmestre Hassan Koyuncu, à Schaerbeek, où une alliance entre le PS et le PTB se dessine, tout comme à Molenbeek.

À la Région, encore, le PS n’est pas parvenu à convaincre les libéraux d’amender le décumul intégral, ce qui a contraint Ridouane Chahid (PS) à renoncer à son écharpe maïorale à Evere, privilégiant le poste de député fédéral.

Le MR garde un moyen de pression, dans la province du Hainaut, où il pourrait exclure le PS de la majorité. Mais le président des Engagés, Maxime Prévot, a toujours dit vouloir privilégier une tripartite pour organiser les réformes institutionnelles qui attendent le niveau provincial.

Le PS y réfléchira à deux fois

Les plans initiaux du PS ne sont certainement pas de faire entrer le PTB à la Région. Mais on le voit, les tabous sautent un peu partout. Les socialistes ont changé de ligne et veulent désormais mouiller le parti marxiste, dans une sorte “d’expérimentation”, selon les propres mots de Paul Magnette, président du PS.

Les socialistes ont justifié ce choix par le fait qu’il se limitait au niveau communal, expliquant que la marge de manœuvre y était finalement restreinte aux affaires locales. Faire entrer le PTB à la Région serait un Rubicon d’une tout autre ampleur et un pari très risqué.

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