La Région bruxelloise, au coeur des tensions belges et paralysée par le PS
Le modèle bruxellois est en difficulté. Une majorité régionale sera compliquée à mettre en place, surtout après le pas de côté du PS. Mais celui-ci n’est peut-être que stratégique. Sinon, il faudrait… huit partis.
Le modèle bruxellois est en difficulté. Traditionnellement, la Région Capitale se met assez rapidement en ordre de marche après les élections. Cette fois, un gouvernement bruxellois sera ardu à mettre en place, en dépit de la victoire nette et sans bavure du MR porté par David Leisterh.
La stratégie du PS
La faute au PS, qui s’est bien maintenu, mais a décidé d’opter pour l’opposition à tous les niveaux de pouvoir, lundi après-midi. Un coup tactique. Car le duo MR-PS était le gage de stabilité le plus évident du côté francophone, en dépit de sérieux différends sur le fond.
La décision du PS est justifiée pour “écouter du signal de l’électeur”. Le PS reste pourtant bien implanté, même s’il n’est plus le premier parti francophone, battu par le MR. Il devance même d’une courte tête le PTB dans la capitale (22% contre 20,9%), alors qu’on croyait qu’il serait battu.
La décision prise par le bureau du parti concerne toutes les régions du pays et le fédéral, comme une anticipation, alors que les socialistes risquent d’être éjectés du pouvoir en Wallonie et au fédéral. A Bruxelles, c’est différent. Le PS pratique-t-il la politique de la terre brûlée, pour empêcher le MR de former rapidement une équipe? Est-ce une volonté de prouver que le PS bruxellois, dont l’autonomie est souvent affichée par son président Ahmed Laoouej, doit suivre les ordres du boulevard de l’Empereur?
La séquence suit aussi un nouvel échange viril entre Georges-Louis Bouchez et Ahmed Laaouej, le libéral accusant lundi le socialiste de “communautarisme”, le socialiste répliquant qu’il ne “facilitait par le travail de David Leisterh”.
De bonne source, on précise que le PS fait monter les enchères, mais que la fédération bruxelloise d’Ahmed Laaouej ne devrait pas hésiter à rompre avec la décision de Magnette & co, le moment venu.
Une mosaïque à gérer
Malgré cela, Georges-Louis Bouchez a souligné lundi soir à la RTBF que “cela pourrait aller vite aussi à Bruxelles, en dépit de ce que l’on dit”. Ahmed Laaouej fait sans doute monter les enchères: il a déjà affirmé que le PS ne braderait pas ses priorités. Et s’il venait à opter pour le pouvoir, il irait probablement… mais peut-être après les communales d’octobre, le PS faisant face à un âpre combat avec le PTB dans le nord de la ville.
Faute de PS, du côté francophone, le MR devrait convaincre trois partis. Les Engagés, cela devrait être facile, mais ils n’ont récolté “que” 10,7% et huit sièges. DéFi et Ecolo sont eux en lourde chute, en crise interne après la démission de leurs présidents: ce sera compliqué d’aller les chercher. Le programme d’Ecolo est, en outre, vilipendé par le MR depuis des mois.
C’est à Bruxelles que la mosaïque belge francophone et les tensions entre partis est la plus délicate à gérer.
L’imbroglio flamand
Pour obtenir une majorité flamande, ce ne sera pas simple non plus du côté néerlandophone. Groen sort vainqueur du scrutin avec 4 sièges et aura la main. Inutile de dire que sa cheffe de file, Elke Van den Brandt, défendra corps et âme son plan Good Move dont le MR veut la mort.
À ses côtés, le succès inattendu de la Team Fouad Ahidar pose problème, car ce dissident socialiste, qui a obtenu trois sièges, est sous le coup d’une accusation pour antisémitisme. Là aussi, il faudra aller chercher trois autres partis, potentiellement: la N-VA, Vooruit et le CD&V, en sachant que le nombre de postes ministériels à distribuer n’est pas sans fin et que les différences d’approche sont importantes avec Groen.
Bruxelles souffre, mais Bruxelles devra sans doute prendre son mal en patience.
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