Attentat, deux morts à Bruxelles : un suspect abattu, ce que l’on sait
Un attentat terroriste a fait deux morts à Bruxelles lundi soir. Le suspect d’origine tunisienne a été neutralisé ce matin. Il est mort de ses blessures.
Ce lundi soir vers 19h15, un homme armé d’une arme de guerre a ouvert le feu dans le centre de Bruxelles, à hauteur du Square Sainctelette et du Boulevard d’Ypres. Selon les explications du parquet fédéral, qui a été saisi du dossier, l’assaillant, se déplaçant en scooter, a suivi des supporters suédois montés dans un taxi. Il a ensuite ouvert le feu sur ces personnes lorsqu’elles sont descendues du véhicule.
L’agresseur a rapidement pris la fuite.
Une vidéo a ensuite été postée sur les réseaux sociaux dans laquelle il affirme “avoir tué trois Suédois”. Le motif islamiste apparaît dans une vidéo prise avant les faits où le suspect déclare que “le livre d’Allah est une ligne rouge pour laquelle il se sacrifie”. Cet été, deux manifestations en Suède durant lesquelles des activistes avaient piétiné et/ou brûlé des pages du Coran avaient enflammé le monde musulman et suscité de violentes manifestations.
Une des victimes décédées est suédoise, tandis que la 2e est d’origine suédoise mais avait également une carte d’identité suisse sur elle. La 3e victime, qui a, elle, été grièvement blessée, est également d’origine suédoise, selon le procureur fédéral Frédéric Van Leeuw.
Un homme abattu
Le suspect a été neutralisé au nord de Bruxelles, dans la commune de Schaerbeek. L’homme aurait été intercepté dans un café situé dans la rue Van Oost, à deux pas de la place Verboekhoven (et non sur la place, comme indiqué précédemment), par la police de la zone de Police Bruxelles Nord (PolBruNo), qui a fait usage d’armes. L’homme, transporté à l’hôpital dans un état critique, a succombé à ses blessures, selon une information du porte-parole du parquet fédéral Eric Van Duyse.
S’il y a de très fortes indications qu’il s’agisse de l’auteur de l’attaque terroriste qui a coûté la vie à deux Suédois, lundi soir, à Bruxelles, le parquet n’a néanmoins pas confirmé l’information. “Nous ne pouvons pas encore communiquer davantage”, a précisé le porte-parole. Le Centre de crise a de son côté confirmé l’identité du suspect neutralisé mardi matin. Il s’agit effectivement de l’assaillant de l’attentat survenu près du quai de Sainctelette.
La bourgmestre de Schaerbeek, Cécile Jodogne, confirme seulement qu’une intervention policière a eu lieu dans sa commune, mais la zone autour de la place Verboekhoven a bel et bien été ceinturée et sécurisée par les forces de l’ordre. Toujours selon la bourgmestre, ce sont des agents de la police locale de Bruxelles-Nord qui ont identifié le suspect, et une fusillade s’en est suivie. Seul le suspect semble avoir été blessé, précise-t-elle.
Une opération de police, sous la conduite des unités spéciales, avait déjà eu lieu durant la nuit avenue Huart Hamoir à Schaerbeek. L’ensemble d’un bâtiment comportant 20 appartements avait été passé au crible mais le suspect n’y était pas. Plusieurs devoirs d’enquête ont été ordonnés et un juge d’instruction spécialisé en terrorisme a été désigné, a encore fait savoir le procureur fédéral.
Le périmètre allant de la Cage aux Ours jusqu’à la place du Pavillon, bouclé ce matin par la police, est de nouveau accessible au trafic. Les trams passant par la place Verboekhoven à Schaerbeek circulent à nouveau, à noter que seul le tram 55 est dévié et passera par le quai des usines (la rue Van Oost étant encore interdite à la circulation), selon un agent de la STIB.
Le suspect ne figurait pas dans les listes OCAM
Le suspect est d’origine tunisienne et séjournait illégalement en Belgique. Sa date d’entrée dans le royaume n’a pas été communiquée. En novembre 2019, il a introduit une demande d’asile qui a reçu une réponse négative en octobre 2020. Il a ensuite “disparu des radars”, selon la secrétaire d’Etat à l’Asile, Nicole de Moor. Le 12 février 2021, il a été radié du registre national et n’a, à aucun moment, séjourné dans un centre de Fedasil. Le fait qu’il ne pouvait plus être localisé n’a pas permis d’organiser son retour vers son pays d’origine. L’ordre de quitter le territoire établi en mars 2021 n’a jamais pu être délivré.
Il était connu de la police pour des faits suspects relevant du trafic d’êtres humains, séjour illégal et atteinte à la sûreté de l’Etat. En juillet 2016, des informations ont été transmises à la Belgique par un service de police étranger, selon lesquelles l’homme affichait un profil radicalisé et voulait partir vers une zone de conflit pour y mener le djihad, un cas courant à cette époque marquée par la menace terroriste et la lutte contre l’Etat islamique, organisation terroriste qui sévissait en Syrie et en Irak et à laquelle se sont joints des milliers de personnes venant d’autres pays. “Ce type de notification était légion: des dizaines de rapports de cette nature en cette période de crise de terreur”, a souligné M. Van Quickenborne. “Cela a été vérifié, rien d’autre n’a pu être fait avec cette information. En outre, pour autant que connu de nos services, il n’y avait aucune indication concrète de radicalisation. C’est pourquoi cette personne ne figurait pas sur la liste de l’Organe de Coordination et d’Analyse de la Menace (OCAM)”.
Cette année, l’homme a pourtant fait parler de lui et attiré l’attention de la police. Il a menacé un occupant d’un centre d’asile en Campine via les réseaux sociaux. Cette personne l’a dénoncé et a affirmé que l’intéressé avait été condamné pour des faits de terrorisme en Tunisie. La police judiciaire d’Anvers a voulu l’interroger et a convoqué le 15 octobre une réunion du “JIC” (une structure qui vise à rassembler les informations pertinentes en cas de danger terroriste concret) en raison de la mention de cette condamnation. Cette réunion devait avoir lieu mardi. Elle obéissait d’abord à un souci de précaution. “Il n’était pas question d’une menace terroriste concrète et imminente”, a souligné le ministre. Entretemps, il est apparu que la condamnation en question portait sur des faits de droit commun et non de terrorisme. L’individu a également été repéré à une reprise dans une mosquée de Bruxelles en 2022. La “taskforce locale” de Bruxelles en a été avisée. Aucune mesure particulière n’a été prise.
Une réunion du “Joint Information Center” de la police judiciaire d’Anvers devait toutefois se tenir ce mardi à son sujet.
Le niveau 4 est maintenu à Bruxelles
Le niveau 4 de la menace terroriste, le plus élevé, reste dès lors en vigueur en Région bruxelloise pour le moment. ll demeure à un niveau 3 pour le reste du pays. Dans la capitale, cela signifie que la présence policière sera accrue dans les rues, avec une protection supplémentaire dans certains lieux sensibles, en particulier ceux fréquentés par la communauté suédoise vivant en Belgique, a détaillé Alexander De Croo. Il demande à la population de faire preuve de “vigilance accrue”, annonçant encore que des mesures de contrôle supplémentaires auront lieu. Il y a également davantage de policiers à proximité des hôtels où logent les supporters suédois en attendant leur retour dans leur pays.
“Tous ensemble”
Au Stade Roi Baudouin, environ 50.000 personnes étaient réunies pour le match des Diables Rouges contre la Suède. Le match entre les Diables Rouges et la Suède a été arrêté à la mi-temps. Les supporters présents dans le stade Roi Baudouin avaient reçus l’ordre de rester dans le stade jusqu’au début de l’évacuation vers 23h30. Les derniers supporters suédois ont eux pu quitter le stade vers 4h00 sous escorte policière. La surveillance policière a également été renforcée devant les hôtels des supporters.
Lors de la conférence de presse, le Premier ministre libéral a fait pat de son “admiration” pour les supporters de football qui ont évacué le stade Roi Baudoin dans le calme mardi soir, alors qu’un match entre les équipes suédoise et belge avait été suspendu. Il a en particulier mentionné les chants de soutien de la foule qui a scandé “Tous ensemble” envers les supporters suédois. Ceux-ci ont été accompagnés psychologiquement et peuvent toujours bénéficier de ce suivi psychologique, a précisé Alexander De Croo. “Le terrorisme frappe d’une manière aveugle, il vise à semer la peur, la méfiance et la division dans nos sociétés libres. Les terroristes doivent savoir que jamais ils ne parviendront à leurs fin, jamais ils ne nous feront plier. Leur haine et leur violence montrent surtout leur impuissance. Le terrorisme ne vaincra jamais”, a-t-il lancé. “C’est une bataille que nous menons ensemble avec nos amis suédois”, a encore martelé Alexander De Croo.
Les autorités se réuniront pour un Conseil national de sécurité à 15h00 lors duquel les différentes mesures seront réévaluées.
Les transports circulent normalement, les écoles sont ouvertes
Aucune mesure particulière de sécurité visant les écoles ou les transports n’a été prise.
Il n’y aurait aucune raison de fermer les écoles, précise Alexander De Croo. “Selon l’analyse faite par l’OCAM (Organe de Coordination et d’Analyse de la Menace), il n’y a aucune menace spécifique par rapport aux écoles”, a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse, bien que le niveau quatre dans la capitale impliquait une vigilance particulière.
En ce qui concerne les transports, l’ensemble des transports de la Stib circulera normalement mardi, indique la société de transport bruxelloise mardi matin. Les stations de métro Roi Baudouin et Heysel, fermées lundi soir, ont été rouvertes. La circulation des trams, également interrompue lundi soir entre Belgica et Lemonnier, a aussi pu reprendre normalement mardi matin.
La circulation des bus De Lijn est par contre légèrement altérée, alors que l’arrêt “Petit château” n’est pas desservi à la demande des services de police. Les lignes 126, 127 en 128 sont à ce titre perturbées dans les deux directions.
Le trafic ferroviaire circule normalement et toutes les gares sont ouvertes, a annoncé Bart Crols, porte-parole de la SNCB, mardi matin.
L’attentat n’a pas d’impact sur le trafic ferroviaire et les bus TEC roulent aussi normalement ce mardi matin, a fait savoir la société de transport.
A l’heure actuelle, il n’y a pas non plus d’annulations prévues à Brussels Airport, a indiqué une porte-parole de l’aéroport mardi matin. Le plan de vols à l’aéroport de Brussels Airport sera bien respecté. La vigilance est cependant de mise et certaines mesures ont été prises, notamment un renforcement des contrôles d’accès à l’aéroport et une présence accrue des forces de police. L’aéroport indique suivre la situation et se concerter avec les autorités fédérales compétentes. Le premier vol pour la Suède est prévu à 09h40.
Le site web indique que de nombreux vols ont décollé avec du retard, mais cela est dû à des “retards opérationnels mineurs” et n’a donc rien à voir avec les mesures de sécurité renforcées, semble-t-il.
La France indique elle qu’elle va renforcer les contrôles aux frontières.
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