Bruxelles serre les rangs face au narcotrafic et se plaint du fédéral, mais les fusillades continuent

Le Peterbos à Anderlecht devenu un haut lieu du narcotrafic. BELGA PHOTO NICOLAS MAETERLINCK
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les violences dues au narcotrafic sont sans fin. Les communes bruxelloises décident d’une “unité de commandement”. C’est précisément le prescrit de l’Arizona qu’ils rejettent. La capitale reste l’incomprise du pays ou le symbole d’un Etat failli. Les narcotrafiquants, eux, se jouent de ces divisions.

Une nouvelle fusillade à Anderlecht. Un mort, cette fois. Les nouvelles des violences du narcotrafic sont quotidiennes dans cette commune devenue une plaque tournante des échanges de drogues, notamment dans le Peterbos où a eu lieu ce nouvel incident grave.

L’impuissance semble réelle. “Une patrouille de police était présente sur les lieux au moment des faits cette nuit mais cela reste un plâtre sur une jambe de bois”, souligne Fabrice Cumps (PS), bourgmestre d’Anderlecht.

Il a réitéré son appel pour qu’au niveau fédéral on accorde les moyens adéquats et suffisants à la police judiciaire fédérale de Bruxelles pour que celle-ci puisse mener les enquêtes qui permettront de décapiter les réseaux criminels à l’origine de ces actes de violence.

Manque de moyens et unité de commandement

Le manque de moyens est dénoncé chaque jour par les édiles bruxellois pour faire face à ce fléau. Singulièrement lorsque les critiques émanent du PS, dans l’opposition fédérale. Par ailleurs, il n’y a toujours pas de gouvernement régional… en raison du blocage du PS, qui refuse de parler avec la N-VA, mais réclame une initiative du MR et de Groen.

A l’issue d’une réunion des bourgmestres des dix-neuf communes de la capitale, jeudi, Vincent De Wolf (MR, Etterbeek, a brandi un “protocole d’accord relatif à la gestion d’événements inopinés ayant un impact sur l’ordre ou la tranquillité publique en Région de Bruxelles-Capitale et nécessitant un appui policier supranational immédiat”. En clair, une demande d’appui.

Les bourgmestres ont aussi décidé d’une unité de commandement commune aux zones de police, dirigée par Fabrice Cumps (PS), assisté par Jurgen De Landsheer, le chef de la zone de police Bruxelles Midi. C’est une façon d’anticiper la fusion des zones de police voulue par le fédéral et, en réalité, une façon de dire que la capitale n’en a pas besoin.

Bruxelles, l’incomprise?

La Région Capitale reste l’incomprise du pays et le symbole d’un Etat failli. Elle entend se gérer elle-même face aux velléités des autres Régions, mais elle peine à le faire. Elle est confrontée à des défis majeurs, qu’elle entend aborder à sa manière, mais pour lequel elle réclame un appui fédéral. Bref, c’est un noeud révélateur de notre pays en constante évolution et en polarisation croissante.

“Vu de Bruxelles, l’Arizona n’a rien de réjouissant”, analyse Le Soir ce vendredi. Et de citer… Dans la capitale, une grande partie du monde politique francophone tire ainsi à boulets rouges. “De cet accord, il ressort un manque de considération et même d’amour pour Bruxelles”, estime le ministre régional Alain Maron (Ecolo). “Dans les faits, il n’y a pas eu de défense des intérêts bruxellois dans le cadre de la négociation”, tranchent les socialistes. “Clairement, Bruxelles ressort fragilisée avec les projets de l’Arizona”, souligne le ministre bruxellois Bernard Clerfayt (Défi). N’en jetez plus.

Même les bourgmestres MR et Engagés de la Région, deux partis présents au sein de l’Arizona fédérale, ont fait part de leur mécontentement au sujet de la fusion des zones de police. Par leurs actes, pourtant, ils agissent en ce sens.

Allez comprendre Bruxelles. Mais en attendant, les narcotrafiquants se moquent de ces divisions politiques et les fusillades se poursuivent, encore et toujours.

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