En Région bruxelloise, on pensait ne pas tomber plus bas. On s’est trompé. L’Open Vld joue à un drôle de jeu, mais a fait éclater la réalité financière d’une Région proche de la crise de liquidité. Sur le plan politique, la sortie du chef des libéraux flamands à l’encontre du PS a fait exploser les minces espoirs de la mission de Georges-Louis Bouchez. Ce dernier veut encore recoller les morceaux.
La Région bruxelloise est au pied du mur. Cette fois, l’expression n’est pas usurpée. La banque Belfius a lâché la région capitale et a envoyé un terrible signal au marché. Les autres banques et investisseurs hésiteront sans doute à deux fois avant de s’y risquer.
Si Bruxelles n’arrive plus à se financer, c’est le risque de “shutdown”. Le scénario a même été testé et la crise de liquidité pourrait intervenir dès le printemps prochain. Le ministre bruxellois du Budget, Dirk De Smedt (Open Vld), a déjà mis sur la table l’ordre des priorités : d’abord payer les intérêts, puis les salaires des fonctionnaires, ensuite les transferts aux communes et en dernier lieu les organismes para-régionaux.
Avec un déficit de 1,3 milliard pour 7,5 milliards d’euros de recette et une dette 15 milliards d’euros, il n’y en aura pas pour tout le monde.
Crise politique
À cette crise financière vient se greffer une crise politique. Elle dure depuis plus de 550 jours, mais vient de connaître un nouveau point bas. Provoquée là aussi par l’Open Vld. Mardi soir, après une réunion apparemment constructive, Frederic De Gucht a comparé le PS à un alcoolique accro aux dépenses publiques sur le plateau de Terzake (VRT).
Le sang du chef de file du PS, Ahmed Laaouej, n’a fait qu’un tour. Pour lui, cette déclaration était une rupture de confiance. La réunion prévue à six, jeudi, s’est déroulée sans les socialistes.
Autrement dit, il n’y a plus de majorité côté francophone et il n’y en a jamais eu du côté néerlandophone, puisque l’Open Vld veut toujours embarquer la N-VA, là où Groen veut ramener le cd&v.
Une nouvelle deadline
La mission budgétaire de Georges-Louis Bouchez est-elle pour autant terminée ? Lui veut encore y croire. Pas le choix. Aucune alternative n’est possible, selon lui. “Sans le PS, nous avons soit Ecolo, qui n’a plus de président de parti, soit Défi, qui a une présidente mais plus de parti…”, lâchait-il à une forêt de micros.
Voilà le président du MR obligé de rabibocher l’Open Vld et le PS que tout oppose. Il s’est donné jusqu’à lundi prochain. Une deadline de plus.
En attendant, certains politiques accusent la banque Belfius de faire de la politique. Aucun ne questionne sa propre part de responsabilité. La responsabilité d’avoir laissé plonger les finances publiques à un niveau désastreux. La responsabilité d’être incapable de s’entendre après plus d’un an et demi de négociations.
Belfius agit simplement comme une banque normale, en évaluant les risques financiers. Après tout, son rôle est de protéger l’argent de ses déposants. Et si son retrait sert d’électrochoc, le monde politique pourra même lui dire merci.