Bruxelles est à nouveau dans une impasse : les Bruxellois vont-ils devoir revoter en janvier ?

David Leisterh - HATIM KAGHAT/Belga Image
Baptiste Lambert

“C’est une petite bombe”. Dans un entretien commun accordé au Soir, ce mercredi, les libéraux David Leisterh (MR) et Frederic De Gucht (Open Vld) évoquent un retour aux urnes d’ici 4 mois. Ensemble, ils rejettent la dernière piste en date du PS : élaborer un budget avant de former un gouvernement.

“Il ne faut pas pousser.” Voilà comment David Leisterh a rejeté la dernière proposition du PS. À savoir : passer par l’élaboration d’un budget pour entamer, par la suite, des négociations.

Le chef de file du MR à Bruxelles ne se voyait pas confectionner un budget pour qu’il soit exécuté par l’actuel gouvernement en affaires courantes, tout en restant dans l’opposition. C’est une appréciation que l’on peut comprendre, même si PS et MR discutaient réellement de cette possibilité ces derniers jours.

Sans la N-VA, mais avec l’appui de la N-VA

Voilà qui met les négociations bruxelloises à l’arrêt, une nouvelle fois. On repart à zéro comme après l’échec de la négociation à sept partis mise sur la table par le facilitateur Yvan Verougstraete (LE). Celle-ci avait été rejetée par l’Open Vld, qui ne voulait pas se déscotcher de la N-VA. Dans l’entretien qu’il accorde au Soir, Frédéric De Gucht semble toutefois faire une ouverture sur ce point précis. Mais elle paraît totalement alambiquée : le chef de file de l’Open Vld serait prêt à gouverner sans la N-VA, pourvu que le nouveau gouvernement bruxellois reçoive la bénédiction du fédéral et de… Bart De Wever himself.

N’est-ce pas finalement une forme de tutelle ? De Gucht rejette en bloc : “Rien à voir (…). Simplement, il faut des accords formels entre les gouvernements, ici entre Bruxelles et le fédéral.” Car les défis seraient transversaux et nécessiteraient les moyens et l’accord des autres niveaux de pouvoir : le fédéral, la Flandre et même la Wallonie. Mouais.

Qui plus est, le libéral flamand, dont le parti pèse 2 % des voix à Bruxelles, attend qu’on lui fasse “une proposition qu’[il] ne peut pas refuser“. Une proposition qui aille dans son sens, en rupture totale avec la politique passée. Pas sûr que le PS morde à l’hameçon.

Retour aux urnes en janvier

La question devient alors inévitable : les Bruxellois vont-ils devoir retourner dans l’isoloir ? “Il peut y avoir une version accélérée du retour aux urnes en quatre mois, nous avons étudié cela techniquement”, répond du tac au tac David Leisterh, qui ne le souhaite pas, mais qui ne voit pas vraiment d’alternative.

Techniquement faisable ? Oui, mais pas sans l’accord du PS. Pour un retour aux urnes, tel que déjà évoqué la semaine dernière par David Leisterh dans La Libre, il faudrait une majorité des deux tiers au fédéral, pour modifier la loi spéciale de 1989 qui régit la Région bruxelloise.

Depuis lors, la N-VA s’est jointe à l’idée. Les Engagés ne sont pas contre et le CD&V ne ferme pas totalement la porte, tout comme Ecolo. Reste donc à convaincre les socialistes flamands et sans doute les francophones. Quant à la possibilité d’organiser tout cela en quatre mois, cela reste un pari très audacieux.

En attendant, le MR et le PS ont prévu une rencontre ce mercredi, apprend La Libre. À son issue, on saura si la proposition du PS, soutenue par Les Engagés, est définitivement enterrée. Ou s’il s’agit d’une ultime manière de faire monter les enchères.

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