Bruxelles: David Leisterh lance l’initiative de la dernière chance, les francophones toujours à couteaux tirés

David Leisterh (MR): l'initiative de la dernière chance. (Belga)
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le formateur du gouvernement régional se donne deux semaines pour réussir. Sinon, il se retire. Mais le climat reste très tendu entre MR et PS, sur fonds de violences à Anderlecht. Les chances de réussite semblent bien minces.

David Leisterh, chef de file du MR à Bruxelles et formateur régional depuis… juin 2024, est à bout de patience. Il lance un un ultime round de consulations pour tenter de trouver une issue.

Son message: “Bruxelles est la Région avec le plus de problèmes, mais c’est la dernière sans gouvernement. J’ai donc décidé de recevoir une dernière fois l’ensemble des forces démocratiques qui composent le Parlement bruxellois durant les deux semaines qui arrivent. Chacun devra pouvoir s’inscrire dans un agenda de solutions.

En cas d’échec? “À défaut, au terme de ces deux semaines, je me réserve le droit d’en tirer les conséquences“, souligne-t-il. Bref, il devrait démissionner.

Le chaud et le froid du PS

La situation est bloquée en raison d’un chassé-croisé entre majorités francophone et néerlandophone. Après les élections, MR, Engagés et PS étaient d’accord pour se mettre à la table même si les réticences socialistes étaient nombreuses. Du côté flamand, cela coinçait car il était nécessaire d’avoir quatre partenaires… pour trois postes ministériels.

Le déblocage du côté néerlandophone, avec un axe dirigé par Groen alliant Vooruit, Open VLD et N-VA, a bloqué le début de dialogue francophone. Pour le PS, pas question de discuter avec la N-VA en raison de son agenda communautaire et de son manque de respect des communautés étrangères. Cela fait deux mois que tout est à l’arrêt.

Maintenant, ça a assez duré, confirme David Leisterh. Cela fait plus de deux mois que le PS a quitté la table. Il faut s’inscrire dans un agenda de solutions.”

Ce n’est pas gagné. Ahmed Laaouej, président du PS bruxellois, souffle le chaud et le froid. Il avait lancé une initiative, juge irrecevable, consistant à désigner le ministre-président David Leisterh et tout le gouvernement au parlement. Une façon malicieuse, dénonçaient certaines, d’arriver à un gouvernement uniquement francophone. Puis, il a regretté être “mis de côté” en appelant MR et Engagés à renouer le dialoguer et à trouver une solution – entendez: sans la N-VA.

Pour rajouter une couche, Zakia Khattabi (Ecolo) a déclaré que l’agenda du MR consistait à contourner le PS pour permettre de concrétiser l’agenda fédéral du gouvernement Arizona, qui prévoit notamment une fusion des zones de police à Bruxelles.

Les fusillades… n’ont rien arrangé

Pour ne rien arranger, les fusillades à répétition des derniers jours à Anderlecht et le programme de l’Arizona ont provoqué une levée de boucliers des socialistes, des écologistes et de DéFi. Bref, rien ne semble de nature à générer des discussions sereines pour la formation du gouvernement régionale.

La décision des bourgmestres bruxellois de mettre en place un “commandement unique” face au narcotrafic a été analysée par le MR comme une démonstration par l’absurde de la nécessité de fusionner les zones de police. Pour le PS, cela démontre précisément qu’il n’y a aucun besoin de fusionner. On en est là.

Georges-Louis Bouchez, président du MR, reste en embuscade. Il n’est pas monté au gouvernement fédéral pour, notamment, faire atterrir les négociations bruxelloises, mais il tient des propos peu amènes à l’égard d’Ahmed Laaouej et Zakia Khattabi.

Même l’appel du roi Philippe, lors de son discours aux autorités du pays, a donné l’impression de résonner dans le vide.

David Leisterh lance l’initiative de la dernière chance. Les deux prochaines s’annonces décisives. Mais cela part sur de bien mauvaises bases.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content