Blocage bruxellois et probable démission de Leisterh (MR): les acteurs économiques en ont “ras-le-gouvernement”!
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Le formateur libéral David Leisterh devrait acter sa démission ce vendredi après-midi. La suite devrait être une médiation pour tenter de déminer le jeu. Patronat et syndicats expriment leur exaspération face à l’absence de solutions. “L’inaction est une faute”, disent-ils en choeur.
Huit mois après les élections, le blocage politique persiste en Région bruxelloise. Pourtant, ce ne sont pas les piqûres de rappel qui manquent: la situation budgétaire est désastreuse, le fédéral menace de mettre l’entité sous tutelle, les fusillades dues au trafic de drogue sont quotidiennes, les réformes et investissements sont urgents… Mais le petit jeu fait d’exclusives se poursuit.
Le formateur, David Leisterh, devrait acter sa démission ce vendredi après-midi à 17h, sauf coup de théâtre de dernière minute. Depuis huit mois, le chef de file libéral tente de jongler avec les pièces d’un puzzle devenu inextricable. Ses adversaires reprochent sa méthode, mais personne ne l’a aidé dans la recherche d’une solution.
Au contraire, les sournoiseries sont innombrables. Et l’équation impossible.
Exclusives à tous les étages
Jugez plutôt. Au début, c’était lent, mais possible encore. Le MR et les Engagés étaient liés du côté francophone, mais le PS se laissait désirer, tandis qu’Ecolo et DéFi ont choisi l’opposition, suite à leur lourde défaite électorale. La tripartite classique n’était pas aidée par les confrontations à répétition entre Ahmed Laaouej, président du PS bruxellois, et Georges-Louis Bouchez, président du MR, mais en faisant preuve de psychologie, on aurait pu y arriver. On n’y est jamais arrivé…
Pendant ce temps, le blocage était total du côté néerlandophone – la Région bruxelloise étant singulière, car elle nécessite une double majorité. La cause? Il faut quatre partis, sous la houlette des écologistes de Groen, pour former une majorité, alors qu’il n’y a que trois strapontins ministériels disponibles. À force de créativité, une solution a été trouvée: Groen avec Vooruit, l’Open VLD et la N-VA.
Patatras! Voilà l’excuse toute trouvée par le PS pour quitter la table de négociation francophone. En substance, pas question de discuter avec une N-VA jugée “antifrancophone et raciste” par Ahmed Laaouej. Depuis, voilà des semaines, on tente toutes les formules: une alternative toujours infaisable avec Ecolo et DéFi, une démarche subtile et vaine pour remplacer la N-VA par le CD&V…
L’intransigeance du PS, l’obstination du MR, l’indépendance légitime des négociateurs flamands...: tout induit le blocage. Même une tentative d’impliquer les présidents de partis, tentée par le MR, a échoué. La méfiance est profonde.
L’issue? Une médiation pourrait être tentée. Le président f.f. des Engagés, Yvan Verougstraete, pourrait s’y essayer. Il est question de tenter encore d’autres formules. Mais quelle urgence pourra forcer une négociation?
Les partenaires sociaux remontés
En attendant, les partenaires sociaux font une démarche inédite pour affirmer qu’ils en ont “ras-le-gouvernement” de ce blocage. Beci, FGTB Bruxelles, CSC Bruxelles, CGSLB Bruxelles, BRUXEO, UCM et UNIZO Brussel signent un document commun.
“Bruxelles traverse une période critique, disent ces acteurs. Alors que la Région est confrontée à de multiples défis, notamment après les décisions du nouveau gouvernement fédéral, il est urgent d’agir, de sortir des batailles politiciennes. Nous attendons de nos représentants politiques une approche responsable et constructive dans l’intérêt et le respect de celles et ceux qui vivent, entreprennent et travaillent à Bruxelles.”
Rappelant les défis lourds du moment, ils estiment que “l’inaction est une faute”.
“Nous appelons les responsables politiques bruxellois, de tous bords démocratiques, à se réveiller et prendre leurs responsabilités, écrivent-ils encore. Nous les appelons à ne plus se comporter comme des politiciens, mais bien comme des femmes et des hommes d’État, à la hauteur des enjeux et des Bruxellois·es. Notre Région mérite mieux qu’un statu quo voué à l’échec. Bruxelles doit devenir un pôle d’attractivité, de développement économique, de plein emploi et de justice sociale où la qualité de vie prime. Le prochain gouvernement sera une réussite collective ou ne sera pas. Pour y parvenir, il faut des valeurs partagées, de l’ambition, des alliances solides et la volonté de dépasser les clivages.”
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