Après les critiques de De Wever, la Région bruxelloise va-t-elle basculer à gauche toute?


Le patron du PS bruxellois, Ahmed Laaouej, rêve d’une coalition avec Ecolo et le PTB. Une riposte à la N-VA et à un Premier ministre qui reste un “leader séparatiste”. La capitale deviendra-t-elle un creuset de résistance? Et qui du côté flamand pour soutenir l’essai?
Ahmed Laaouej, président du PS bruxellois, n’a pas digéré les critiques du Premier ministre, Bart De Wever, mettant en garde la Région bruxelloise d’une mise sous tutelle, dénonçant “les jeux politiques sans fin de la gauche”. Mais ce n’est pas une surprise; le socialiste refuse de dialoguer avec la N-VA depuis des semaines, bloquant la formation d’un gouvernement dans la Région Capitale.
Après avoir entendu les interviews de Bart De Wever pour ses cent jours, Ahmed Laaouej a fustigé les mises en garde sur RTL: “Ça vient d’un Premier ministre qui en réalité est un leader nationaliste et séparatiste. C’est quelqu’un qui considère que la Constitution est un chiffon de papier.” Une nouvelle façon de montrer du doigt une N-VA qualifiée de “antibruxelloise” ou de “raciste”.
Et une manière de justifier sa propre ambition?
Une coalition PS-Ecolo-PTB
Le président du PS bruxellois, loin d’envisager de revenir sur son veto contre la N-VA, travaille sur une nouvelle piste, confirme La Libre: “la formation d’un gouvernement bruxellois de gauche PS/Écolo, soutenu par le PTB, et qui se placerait en quelque sorte en opposition à la politique menée par l’Arizona”.
A vrai dire, la volonté d’écarter le MR a été affirmée ouvertement par Ahmed Laaouej. Un Olivier avec Ecolo et Engagés? Ces derniers sont, a priori, liés aux libéraux en respect des accords fédéral et wallon, même si son nouveau président, Yvan Verougstraete, cherche à montrer l’indépendance du parti.
L’autre possibilité consiste en cette majorité “à gauche toute’ avec Ecolo et le PTB. Comme cela a été décidé au niveau communal à Anderlecht et Molenbeek. Il ne faut rien exclure, même si le PTB n’avait pas le plan de gouverner au niveau régional.
Son président, Giovanni Bordinaro, ne l’exclut plus après les menaces de De Wever: “Il y a un projet de mise sous tutelle autoritaire de Bruxelles par l’Arizona. Les propos récents de Bart De Wever le montrent bien. Nous ne voulons pas subir l’austérité de l’Arizona, et le désinvestissement de Bruxelles. Nous sommes donc prêts à avoir ce débat avec les partis qui seraient prêts, potentiellement, à participer à des négociations pour former un gouvernement bruxellois.”
Précision importante: cette menace de mise sous tutelle “autoritaire” est le fruit de la procrastination bruxelloise.
Des partenaires flamands, vu la nécessité d’une double majorité dans la Région, accepteront-ils une telle aventure? Groen et Vooruit iront-elles jusqu’à chercher le soutien de la Team Fouad Ahidar? Cela reste de la science-fiction à ce stade.
Le MR riposte
Le MR, lui, a déjà annoncé la riposte en préparant sa propre déclaration de politique générale. “Je ne suis pas sûr que les Bruxellois veuillent d’une coalition du Mordor (NdlR : référence au territoire désolé du Seigneur des Anneaux), dit David Leisterh, son chef de file, à La Libre. On voit déjà les résultats là où c’est le cas, sans même parler de la situation à Molenbeek”.
Les Engagés, par la voix de Christophe De Beukelaer, ne montrent guère d’enthousiasme à l’idée du socialiste: “Bruxelles a besoin d’un gouvernement qui fasse des économies et des réformes, qui attire les investisseurs, motive les entrepreneurs et soutienne l’associatif. Un gouvernement d’extrême gauche serait une catastrophe car il ferait tout le contraire”.
Bref, ce serait littéralement une entrée en résistance de la capitale contre son pouvoir fédéral.
La Région, dans une situation budgétaire cataclysmique, a-t-elle vraiment besoin de cela?
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