C’est la phrase qu’un haut fonctionnaire bruxellois a lâchée ce lundi, après avoir appris que Belfius allait fermer sa ligne de crédit de 500 millions d’euros à la Région bruxelloise. Pas demain. Pas dans un mois. Mais au 1ᵉʳ janvier 2026. Autrement dit : le compte à rebours a commencé.
Et pendant que les partis bruxellois s’enlisent dans d’interminables négociations, le temps, lui, continue de tourner. Et dans le monde financier, chaque jour d’inaction se paie comptant.
Belfius, banque pourtant publique, a décidé qu’elle n’était plus là pour servir de matelas de confort à une Région sans pilote. Un matelas, oui, mais de 500 millions quand même.
La confiance s’effrite
Rien de dramatique à court terme, nous dit-on. Ces lignes sont rarement utilisées. Mais justement : c’est pour cela que leur suppression inquiète. Une banque retire ce qu’elle n’a plus confiance à laisser dormir.
La Région bruxelloise, autrefois élève modèle, affiche aujourd’hui 15,6 milliards de dettes. En 2016, c’était 4,6. Et en 2025, ce seront 80 millions d’intérêts à payer.
Et pendant ce temps, toujours pas de gouvernement pour arbitrer, ni de budget pour rassurer. Résultat : la note de crédit reste à “A”, mais avec une perspective négative. Dans le langage feutré des agences de notation, cela veut dire : “bougez, ou la prochaine marche descend”.
La banque Belfius justifie son retrait par une “trop grande exposition” à la sphère bruxelloise : communes, intercommunales, hôpitaux. En clair : la banque publique estime qu’elle a déjà assez misé sur la capitale du pays. Et c’est sans doute ce réalisme-là qui fait le plus mal.
Les banques prêtent à ceux qui avancent
Car derrière cette décision se cache un message brutal : Les banques ne sont pas là pour faire tenir debout un pouvoir politique immobile. Elles prêtent à ceux qui avancent. Elles observent, calculent, ajustent et quand la confiance s’érode, elles ferment le robinet avant que la fuite ne s’aggrave.
Au final, oui, Bruxelles n’est pas encore en crise de liquidités, mais elle est déjà en déficit de crédibilité. Or, c’est souvent le premier pas vers la tempête.
Dans les cabinets ministériels bruxellois, on parle de mesure “symbolique”. Mais les symboles, en économie, deviennent vite des réalités. Car les banques et les marchés financiers, eux, n’attendent pas qu’un gouvernement se forme pour tirer leurs conclusions.
Alors la vraie question, c’est celle-ci :combien de temps encore la Région pourra-t-elle se permettre de ne rien décider, pendant que ceux qui détiennent le chéquier rappellent qu’ils ne sont pas des mécènes ?