Dans la capitale, on creuse. Encore plus profondément. Hier, le ministre Sven Gatz a annoncé sa démission avant de la retirer. Cela cache une manœuvre politique de son parti, l’Open Vld, qui mine un peu plus la confiance entre partenaires. Pour rappel, six partis tentent péniblement de construire un budget pour l’année prochaine.
Mercredi, à leur grande surprise, Rudi Vervoort (PS) et ses ministres, du gouvernement sortant, ont reçu un message dans leur boîte mail. Sven Gatz leur indiquait son intention de démissionner, à la suite de problèmes de santé qui sont connus de tous depuis longtemps, et qui ne sont pas remis en cause.
Mais juste avant, il s’avère que l’Open Vld avait déposé une motion de censure constructive individuelle contre son ministre, selon l’article 36 de loi spéciale des institutions bruxelloises de 1989. Une procédure qui permet de choisir, parmi les députés, un remplaçant, uniquement sur base d’une majorité relative d’un seul collège. Autrement dit : une manière de se passer de l’avis des francophones.
Problème : cette motion ne s’applique pas à un ministre démissionnaire. C’est pourquoi Sven Gatz a fait savoir dans la soirée, via un second email, qu’il ne démissionnait finalement pas.
L’Open Vld en trublion
Le but de l’opération ? Placer dans le gouvernement en affaires courantes un homme de confiance de Frédéric De Gucht, le chef de file des libéraux flamands à Bruxelles. À savoir Dirk De Smedt, directeur de Bruxelles Fiscalité, véritable “pitbull” et fin connaisseur des chiffres budgétaires, soupçonne La Libre.
Une manière de contrôler les finances publiques bruxelloises et de taper du poing sur la table si nécessaire, ce que Sven Gatz, au caractère plus consensuel, n’est jamais parvenu à faire ces dernières législatures. Lui-même a reconnu publiquement, avant les élections, qu’il ne pouvait être considéré comme un bon ministre. Honnête.
La confiance est minée
La manœuvre vise clairement à contrebalancer le pouvoir du PS dans le gouvernement sortant. Parce qu’on ne sait pas encore combien de temps celui-ci restera en place. Les négociations en vue de confectionner un budget se poursuivent entre les 6 partis (MR-LE-PS-Vooruit-Groen-Open-Vld) et la fumée blanche tarde à sortir des négociations. Forcément, par leur acte, les libéraux flamands ne facilitent pas les choses et brisent le peu de confiance entre les partenaires.
Pourtant, l’urgence ne pourrait être plus forte. Rien que cette semaine, Belfius a coupé sa ligne de crédit à Bruxelles et Standard & Poors a livré un verdict en trompe-l’œil : si l’agence de notation a maintenu sa note, sa perspective pour Bruxelles est “négative”, ce qui annonce une prochaine baisse.
En attendant, le monde associatif et plusieurs institutions demandent des comptes à l’exécutif bruxellois. Au Samusocial, le paiement des salaires est carrément en danger, alerte Le Soir.
À Bruxelles, on creuse.