À Bruxelles, le bras de fer entre le MR et le PS se poursuit

Ahmed Laaouej - PHOTO ERIC LALMAND/BELGA
Baptiste Lambert

Le MR et le PS ont chacun proposé une note politique à leurs potentiels partenaires. Il est peu de dire que les deux visions s’opposent. Les chances d’aboutir sont très faibles dans les deux cas, mais ce sont les socialistes qui semblent avoir la main.

Commençons par la note du MR. Elle a reçu un accueil poli des Engagés et d’Ecolo, qui ont promis de se pencher dessus. Mais chez nos confrères du Vif, Zakia Khattabi, cheffe de file à Bruxelles, s’est montrée sceptique. “Une vraie négociation ne se passe pas comme ça“, a-t-elle asséné, rappelant qu’à “chaque fois qu’on s’assied à la table de Bouchez, on se fait insulter”.

Du côté de DéFI, on est également sceptique sur la forme. “Une méthode empreinte d’arrogance qui n’est pas propice à la sortie de crise“, a taclé Sophie Rohonyi, présidente du parti amarante, qui jouera toutefois le jeu et proposera des amendements au texte.

Enfin, du côté du PS, c’est le silence complet. Ahmed Laaouej, chef de file, est occupé à mener sa propre initiative, visant à regrouper une majorité “progressiste”, avec Ecolo et le PTB, du côté francophone, et Groen, Vooruit et la Team Fouad Ahidar, du côté néerlandophone. Les socialistes ont eux aussi écrit une note politique qui a fuité dans Le Soir, jeudi.

Deux visions

Les deux textes ont tout de même un point commun. Il y a une prise de conscience sur les finances désastreuses de la région-capitale. Et heureusement. Mais la trajectoire diffère : la “DPR” du MR vise un équilibre d’ici 2031, là où le PS mise sur une trajectoire d’assainissement de 10 ans. Et chez les libéraux, on souhaite surtout réduire les dépenses, là où les socialistes tablent sur de nouvelles recettes, c’est-à-dire des impôts.

À côté de cela, le MR, qui dit avoir pris des risques en sortant de son programme électoral, propose une série de mesures qui pourraient heurter ses partenaires. Par exemple, la fusion des zones de police, la fin de l’ordonnance qui vise à luter contre les loyers abusifs, l’abrogation du plan Good Move ou encore la réalisation du métro 3.

Chez les socialistes, au contraire, on veut aller plus loin dans l’encadrement des loyers, on veut réformer les primes rénovation / rénolution pour les limiter aux moins nantis et on vise également à construire des logements sociaux.

Qui a la main ?

Question difficile, mais les socialistes disposent d’une coalition mathématiquement réalisable, au contraire du MR. Il reste toutefois pas mal d’étapes à franchir. D’abord, convaincre le PTB de participer dans un contexte budgétaire très délicat. Ensuite, convaincre Ecolo de participer alors que le parti est en reconstruction. Et enfin, convaincre Vooruit de participer à un gouvernement qui s’opposerait à l’Arizona, tout en s’alliant au PTB, ce qu’il refuse à d’autres échelons.

Le dernier obstacle est pour le PS lui-même. Le parti, en reconstruction, pourrait mener effectivement un gouvernement de “résistance”, mais il servira aussi de point de comparaison. Quid, par exemple, si le taux d’emploi venait à s’améliorer en Wallonie et pas à Bruxelles ?

Ahmed Laaouej dit néanmoins vouloir aboutir pour le 21 juillet.

Au MR, on s’attendait certainement à cette fin de non-recevoir de la part des socialistes. Mais les libéraux visent à imposer le débat autour de leur texte depuis le Parlement. Avec quelle méthode ? C’est encore flou. Le MR pourrait passer par les commissions avant d’exiger un vote du texte au Parlement.

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