Un euro en hausse et une inflation trop basse peuvent avoir des impacts négatifs sur l’économie européenne. Mais il n’y a pas lieu de s’inquiéter, selon la BCE.
Quel sera l’impact des droits de douane sur l’économie européenne ? Ce n’est pas encore clair, mais pour certains, cela devrait renforcer l’euro et faire baisser l’inflation, notamment à cause d’un ralentissement économique qui tire les prix du pétrole vers le bas (qui est encore moins cher à cause de la hausse de l’euro).
Ces deux dynamiques se distinguent déjà aujourd’hui. L’euro est en hausse face au billet vert. Un euro vaut quasi 1,16 dollar, contre 1,08 le premier avril, avant l’annonce des droits de douane de Trump, et moins de 1,03 début janvier. Il est à son niveau le plus élevé en près de quatre ans. L’inflation en zone euro affiche 1,9% pour le mois de mai, soit moins que l’objectif de 2%. Les dernières projections de la BCE montrent une moyenne de 1,6% pour 2026.
Ce sont deux éléments qui peuvent avoir des effets négatifs sur l’économie et la croissance. Une devise trop forte pèse sur les exportations, tandis qu’une inflation trop faible freine la consommation.
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BCE
Et pourtant, la BCE a suggéré lors de sa dernière réunion de politique monétaire, le 5 juin (elle a baissé ses taux de 25 points de base) qu’elle allait désormais mettre ses taux sur pause. Des taux plus élevés renforcent habituellement la devise et servent à réduire l’inflation.
L’institution monétaire rétorque, par la voix de son vice-président Luis de Gindos, qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter de ces éléments-là. “Le risque d’une inflation inférieure à l’objectif est très limité à mon avis”, explique l’Espagnol à Reuters. “Selon notre évaluation, les risques liés à l’inflation sont équilibrés.” Et d’ajouter : “Nous sommes très proches de notre objectif d’une inflation durable de 2 % à moyen terme.”
Ainsi, même si l’inflation baisse jusqu’à 1,4% en début 2026, elle devrait rebondir par la suite, à 2% en 2027. En cause : “Le marché du travail reste tendu et les syndicats continueront d’exiger des augmentations de salaires saines, maintenant la croissance des rémunérations à 3%.”
Concernant la hausse de l’euro, il indique qu’elle n’est ni volatile ni trop rapide. “Je pense qu’à 1,15 dollar, le taux de change de l’euro ne constituera pas un obstacle majeur.” Il estime que la hausse de l’euro trouvera un plafond (limitant ainsi aussi la baisse de l’inflation), car le continent manque d’architecture financière et de capacités de défense. Cela devrait aussi empêcher l’euro de devenir la devise de référence dans le monde entier, à la place du dollar, comme certains le suggèrent dans le contexte actuel.
Reste à voir si les chiffres suivent les projections, ou si d’autres surprises géopolitiques (droits de douane, guerres…) viennent perturber les scénarios.