Baisse de la démographie et pénurie de main d’œuvre: voici comment l’Europe va renforcer la migration légale
Grand défi des prochaines années, la baisse de la main d’oeuvre couplé au vieillissement de la population va devenir le casse-tête des entreprises européennes.
C’est une musique qui se fait de plus en plus entendre et qui crispe le débat politique : la population européenne vieillit rapidement et fait face à un faible taux de natalité. Les retraités devraient représenter environ un tiers de la population d’ici 2050.
Un problème qui aura évidemment des conséquences sociales et économiques importantes, avec une augmentation de la demande de soins de santé et de services sociaux, une baisse de la productivité et un manque de main d’œuvre.
Une situation bien connue en Belgique. Un expert, interrogé par Belga au début de l’été, parlait même de pénuries de main-d’oeuvre “sans précédent”. “Plus de 4 employeurs belges sur 5 éprouvent des difficultés à remplir leurs postes vacants. Ils sont contraints d’anticiper le futur en renforçant leur agilité et leur transformation dans un contexte de concurrence internationale.”
Et pour aider les entreprises européennes dans cette concurrence mondiale, l’UE encourage de son côté la migration légale en amélioriant les voies légales d’accès au marché du travail.
La carte bleue européenne
La “carte bleue européenne” est un permis de travail et de séjour qui permet aux citoyens non européens de travailler et de vivre dans un des 27 pays de l’Union européenne. Mais seulement à condition d’avoir un diplôme ou une qualification équivalente et une offre d’emploi qui respecte un seuil de salaire minimum. Le but est ici d’attirer des travailleurs hautement qualifiés.
Et dans l’optique d’améliorer ce système, et de “faciliter la tâche aux employeurs des pays de l’Union qui souhaitent engager des ressortissants de pays tiers”, de nouvelles règles vont entrer en vigueur d’ici la fin de l’année. Ces dernières fixent la durée de l’offre d’emploi du travailleur qui souhaite migrer en Europe à un minimum de six mois, au lieu des douze requis actuellement. Elles ramènent également le seuil salarial à au moins 100% du salaire annuel brut moyen dans le pays d’emploi (à 160% actuellement).
La durée de validité de cette carte bleue va jusqu’à quatre ans et elle peut être renouvelée. Les titulaires de la carte peuvent amener les membres de leur famille pour vivre avec eux dans leur pays d’accueil, et après avoir travaillé pendant un an dans leur pays employeur, ils seront également libres de se déplacer plus facilement à l’intérieur de l’espace Schengen. Elle est reconnue dans tous les pays de l’UE, à l’exception du Danemark et de l’Irlande.
Enfin, les nouvelles règles permettront également aux réfugiés et aux demandeurs d’asile qui se trouvent actuellement dans un pays de l’Union européenne d’introduire une demande de carte bleue dans les autres États membres, et plus uniquement dans celui dans lequel ils ont reçu une protection, comme c’était la règle auparavant.
Le Permis Unique
Pour ceux qui ne sont pas éligibles à la carte bleue européenne, il y a le Permis Unique. Il s’agit d’un permis de travail et de séjour combiné, délivré pour une durée maximale de deux ans par l’État membre plébiscité par le travailleur.
La directive qui régit ce système (et qui date de 2011) est en cours de révision. Pour rendre l’Union européenne “plus attrayante”, il est proposé de réduire le processus de candidature de quatre mois à plus ou moins trois mois (nonante jours). Pour les candidats déjà titulaires d’un permis ou sélectionnés dans le cadre d’un partenariat de talents de l’UE, le processus pourrait être réduit à 45 jours.
Le permis ne sera plus lié à un employeur spécifique, permettant aux travailleurs de changer d’emploi, facilitant le partage de la main-d’œuvre et réduisant la vulnérabilité du travailleur à l’exploitation. Les travailleurs seraient également autorisés à conserver le permis unique tout en étant au chômage jusqu’à neuf mois. Le Permis Unique révisé s’applique à presque tous les travailleurs non ressortissants de l’UE et leurs familles, les étudiants ayant un emploi, les travailleurs saisonniers et les réfugiés. Les personnes en attente de traitement d’une demande d’asile et les travailleurs indépendants sont exclus de ce système.
Le statut de résident de longue durée
Enfin, dernière possibilité : le statut de résident de longue durée de l’UE. Il permet aux citoyens non européens de séjourner et de travailler dans l’Union pour une durée indéterminée. Il a été introduit en 2003 et une fois accordé, la personne peut se déplacer et travailler librement.
Ce statut est également en cours de révision en vue de réduire l’exigence de résidence nécessaire pour acquérir ce statut, passant de cinq ans à trois ans. Il vise aussi à inclure les réfugiés et d’autres groupes confrontés à des obstacles et à garantir l’égalité de traitement avec les citoyens de l’UE. Les enfants dont les parents ont le statut de résident de longue durée acquerraient automatiquement le même statut, quel que soit leur lieu de naissance.
Enfin, les pays de l’UE peuvent exiger un certain niveau de langue avant d’accorder un séjour de longue durée, mais dans ces cas, ils doivent proposer des cours gratuits.
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