Aux Etats-Unis, les candidats se pressent au portillon de la présidence
Joe Biden et Donald Trump prévoient tous deux de se représenter en 2024. Or, leurs partis respectifs l’entendent autrement.
Une nouvelle et intéressante ère politique s’ouvre aux Etats-Unis… Ou est-ce un match retour dont quasiment personne ne veut? Le premier qui parviendra à enfin éliminer Donald Trump décidera de l’avenir du pays. Sera-ce un autre républicain lors de la primaire, le président sortant Joe Biden ou un autre démocrate incarnant une nouvelle direction pour son parti?
Le narcissisme de Donald Trump demeurera, pour les prochaines élections, le trou noir autour duquel gravitera la politique américaine. Pour des raisons autant légales et psychologiques que politiques, Trump estime qu’il n’a pas d’autre choix que de se représenter aux élections présidentielles. Ne pas se présenter l’exposerait au risque d’être poursuivi en justice pour les nombreuses affaires pénales et civiles à son encontre et, pire encore de son point de vue, le condamnerait à l’oubli et l’éloignerait de la lumière des projecteurs, de ses soutiens financiers et même de ses plus fervents partisans.
Trump le loser…
Mais les résultats des élections de mi-mandat ont démontré à nouveau qu’il était un loser, comme bon nombre des candidats qu’il a soutenus et qui ont été rejetés par les électeurs. Qui plus est, un adversaire potentiel à la primaire, le gouverneur de la Floride Ron DeSantis, s’est affirmé comme une nouvelle force au sein du parti républicain. Les donateurs et républicains déjà en place, dont beaucoup espéraient se débarrasser de Trump, se rallieront derrière DeSantis.
D’autres lui préféreront Glenn Youngkin, le gouverneur de la Virginie qui propose une version plus modérée que DeSantis de la croisade culturelle et sociale des républicains. D’autres encore se tourneront vers Mike Pence qui, après avoir occupé le poste de vice-président aux côtés de Trump, a refusé de truquer les élections de 2020 à la demande de celui-ci et qui pourra donc utiliser cet argument pour convaincre l’électorat évangélique républicain de son intégrité. Il sera intéressant de voir à quel point cela pèsera dans la balance.
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Peut-être pas autant qu’on le pense, car il est impossible d’écarter totalement Trump. Ce dernier sait comment utiliser l’effet de levier avec peu d’effort, cela lui a longtemps permis d’être dévastateur. Il a souvent mobilisé ses militants pour intimider les potentiels opposants et critiques, avec des conséquences particulièrement destructrices le 6 janvier 2021, lors de l’assaut du Capitole. Pour lui, plus ses opposants se partageront les votes anti-Trump lors de la primaire, plus il en tirera d’avantages.
La plupart des Américains sont lassés du spectacle de Trump.
Toutefois, son approche continuera de le limiter pour les élections générales. Sa célèbre déclaration au sujet de la fidélité de ses militants, quand il prétendait qu’il pourrait tirer sur quelqu’un au beau milieu de la Cinquième Avenue sans risquer de perdre leur soutien, ne dit pas tout. Il a toujours dû, en retour, également prouver sa loyauté à leur égard.
Il ne peut même pas se vanter d’avoir convaincu ses partisans de se faire vacciner contre le Covid-19 puisque ces derniers l’ont hué lorsqu’il a déclaré, lors d’un meeting, avoir reçu sa dose de rappel. Son obsession à cultiver une base de fanatiques est la raison pour laquelle Trump n’a jamais bénéficié du soutien de la majorité et ne peut pas espérer l’obtenir à l’avenir. La plupart des Américains sont lassés de son spectacle.
… et Biden trop âgé
De l’autre côté, chez les démocrates, Joe Biden subira aussi de fortes pressions pour ne pas se présenter pour un second mandat, à la fois à cause de son âge et de sa faible popularité. Lorsqu’un autre démocrate aura annoncé sa candidature (ce pourrait être Gavin Newsom, le gouverneur de Californie, Gretchen Whitmer, la gouverneure du Michigan, ou Jared Polis, le gouverneur du Colorado), les soutiens suivront.
L’histoire n’a pas été tendre envers les présidents sérieusement challengés durant leur primaire. Toutefois, Biden pourrait quand même tenter le coup. Si cela arrivait, les Américains pourraient se retrouver contraints de choisir entre deux adversaires âgés, dont la grande majorité dit ne pas vouloir. Si Biden a finalement la sagesse de s’effacer, Kamala Harris pourrait mettre en avant son expérience de vice-présidente et son statut de femme noire comme arguments pour rallier les démocrates. Certains la suivront. Mais d’autres membres de gouvernement, comme Pete Buttigieg, secrétaire aux Transports, et Gina Raimondo, secrétaire au Commerce et favorite des centristes, s’y opposeront. Et des débats houleux sur la direction du parti s’ensuivront.
Les Américains s’inquiètent de la santé de leur démocratie. L’arrivée d’une nouvelle génération de leaders dans chacun des deux partis pourrait bien se révéler un nouveau souffle pour cette dernière.
James Bennet, chroniqueur à “The Economist”
Source : The Economist. Sous licence exclusive à Trends-Tendances.
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