Attention, alerte: la santé mentale des entrepreneurs doit être un vrai sujet de préoccupation
![](https://img.static-rmg.be/a/view/q75/w962/h503/5886507/gettyimages-1463676785-jpg.jpg)
![Olivier Mouton](https://img.static-rmg.be/a/view/q75/w150/h150/5085703/olivier-jpg.jpg)
Une étude de l’UCM, d’AKT for Wallonie et de l’asbl BforB met l’accent sur les risques que posent les accidents de la vie. 72% des entrepreneurs en ont connu, mais la plupart rentrent en “mode combat”. L’isolement est un problème sérieux. Avec tous les conséquences économiques que cela représente.
Le chef d’entreprise pense rarement à son propre bien-être. Pire, il ignore et repousse ses soucis pour continuer à travailler. C’est l’un des enseignements de l’enquête menée conjointement par l’Union des classes moyennes (UCM) AKT for Wallonie et l’Asbl BforB, qui a pour mission de soutenir les entrepreneurs à faire face à un aléa de santé ou de vie personnel.
Deux chiffres interpellent, immédiatement : 72% des entrepreneurs ont déjà vécu un accident de vie personnelle (maladie, hospitalisation, burn-out, accident, deuil) … et malgré cela, 4 entrepreneurs sur 10 ne modifient jamais leur charge de travail. Selon les chiffres Inami, 33.000 indépendants sont en invalidité (source INAMI), mais il ne s’agit là que de la face émergée de l’Iceberg.
C’est dire combien cette dimension de la santé mentale des entrepreneurs, régulièrement mise en avant par l’UCM, nécessite des réponses.
“En mode combat”
Serge Lejeune, fondateur de l’Asbl BforB et entrepreneur dans le secteur immobilier, raconte: “En mars 2018, j’ai connu un problème de santé et j’ai pu connaître l’isolement que l’on connait dans une situation de faiblesse, dit-il. On se sent encore plus isolé et on se met en mode combat, en s’enfermant dans sa situation, sans être assez lucide. J’en ai parlé avec d’autres qui ont vécu des situations comparables et nous avons mené une enquête au sujet des structures d’accompagnement à ce sujet.”
Le sentiment de départ est confirmé: il faut faire quelque chose, tant le vide est criant. D’où la création de l’Asbl en 2024. “Le but est vraiment de briser le tabou, souligne-t-il. Cela n’arrive pas qu’aux autres, c’est quelque chose qu’il faut anticiper.” Accident, problème de santé, burn-out, perte d’un proche, divorce…: cela est plus courant qu’on ne le pense. “Face à cela, on a besoin d’avoir quelqu’un qui vous comprend.”
D’autant que quand un entrepreneur est en difficulté, cela crée des problèmes dans l’entreprises qui peuvent avoir des conséquences importantes pour l’activité économique, insiste Serge Lejeune.
Des impacts économiques importants
Une enquête a été menée pour objectiver le débat, auprès de 53000 entrepreneurs. Renaud Francart, conseiller de l’UCM, constate que seuls 28,5% des sondés se disent préparés à un tel accident de la vie. Les autres n’ont y pas pensé ou ne sont pas préparés. Seuls 9% des répondants peuvent citer un dispositif qui pourrait les aider.
L’isolement est un facteur clé. 61% des indépendants se disent “un peu ou très isolés” dans la gestion de leur entreprise. Dans le cas d’un “accident de vie”, ils sont alors 85% à se dire isolés.
72% des entrepreneurs disent avoir déjà connu un tel “accident de vie”. L’impact? 36% disent que cela n’a pas eu d’impact, mais 64% avouent toutefois avoir dû changer de rythme de travail ou arrêter, tout simplement. 41% confessent toutefois être restés sur leur lieu de travail, malgré tout.
L’impact sur l’activité économique? “C’est alarmant de voir que 60% des répondants disent que cet accident de vie a eu un impact important ou très important, dit Renaud Francart. C’est le cas au niveau du maintien de l’emploi au sein de la PME, aussi, ce qui génère un stress important.”
Pour sortir de cette situation, les entrepreneurs se disent démunis: une moitié d’entre eux ne font rien, une autre moitié cherche une situation pour l’avenir. Nombre d’entre eux aimeraient disposer d’un support administratif ou à l’investissement.
59% des personnes interrogées se sentent responsables de cet accident, pourtant issu d’une cause externe.
“Ne pas fermer les yeux”
“Nous travaillons sur ce sujet depuis plusieurs années, cette enquête témoigne du fait que ce n’est pas un épiphénomène“, dit Caroline Cleppert, secrétaire générale de l’UCM. On ne peut pas fermer les yeux!”
L’Asbl BforB a précisément pour vocation de créer un écosystème pour aider les entrepreneurs. Dès à présent, tous les entrepreneurs wallons et bruxellois répondant aux critères définis par l’association ont la possibilité d’en devenir membres, garantissant l’accès aux services et solutions concrètes qu’elle procure.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici