Asie du Sud-Est: des bacs à sable pour touristes vaccinés
Avec la pandémie de covid, la carte touristique de l’Asie du Sud-Est sera très différente en 2022
Avant la pandémie, l’itinéraire proposé par le guide touristique Lonely Planet aux voyageurs souhaitant découvrir le “meilleur de l’Asie du Sud-Est” prévoyait huit semaines d’aventure dans les mégapoles de la région, les villes-temples, la jungle et les îles. Une proposition pour 2022, destinée avant tout à ceux qui n’ont pas la chance de vivre dans des “pays à faible risque”, pourrait se limiter à quelques îles et l’une ou l’autre grande ville car il semblerait que les voyageurs ne puissent pas accéder à grand-chose d’autre.
En 2019, l’année normale la plus récente pour le secteur, le tourisme employait 42 millions de personnes en Asie du Sud-Est, soit 13% des emplois totaux, et contribuait à hauteur de 12% au PIB régional. L’Onu estime que ce PIB pourrait reculer de 8,4% en 2020 suite à la diminution du tourisme. Certains pays ont été particulièrement touchés. Ainsi, le tourisme représente 20% du PIB de la Thaïlande grâce, principalement, aux voyageurs étrangers. De 2019 à 2020, le pays en a accueilli 83% de moins.
En 2021, craignant que de nombreuses entreprises mises à mal lors de la première année de la pandémie s’effondrent lors de la deuxième, la Thaïlande a commencé à expérimenter le concept de “bac à sable”. L’idée est simple: permettre à des touristes entièrement vaccinés de batifoler sans quarantaine sur une île paradisiaque où la plupart des résidents sont également doublement vaccinés. Après 14 jours sur l’île sans être malades, les visiteurs sont ensuite autorisés à voyager dans d’autres régions du pays, s’ils le souhaitent.
Phuket a accueilli ses premiers touristes étrangers dans le cadre de ce programme le 1er juillet. Une semaine plus tard, le premier étranger était testé positif au Covid-19. Toutefois, le gouvernement thaï a persévéré, alors même que le reste du pays était confronté à une énorme vague en raison du variant delta. Fin 2021, d’autres lieux ont été ouverts aux voyageurs, comme Bangkok, pour qu’ils puissent visiter le pays sans suivre de quarantaine.
D’autres pays d’Asie du Sud-Est suivront l’exemple de la Thaïlande en 2022… jusqu’à un certain point: ils n’ouvriront aux visiteurs que les attractions touristiques populaires, et uniquement à certaines nationalités. L’Indonésie permettra aux voyageurs internationaux de visiter des îles comme Bali, mais il y aura des restrictions plus importantes ailleurs. Le Vietnam accueillera des voyageurs sur l’île de Phu Quoc, célèbre pour ses longues plages de sable au pied des montagnes et de la jungle. La Malaisie étendra son expérience pour les voyageurs nationaux à Langkawi, une autre île tropicale, à d’autres lieux touristiques et commencera, elle aussi, à autoriser l’entrée aux touristes internationaux. Les tour-opérateurs cambodgiens, eux, veulent installer un bac à sable à Siem Reap, loin dans les terres, pour permettre aux visiteurs de visiter les temples d’Angkor Vat.
Sauf nouveau variant, il faut s’attendre à ce que cette région et d’autres coins de la planète recommencent à accueillir des visiteurs en 2022. Ce n’est pas nécessairement le meilleur de l’Asie du Sud-Est mais après les dernières années passées, c’est un bon début.
Leo Mirani, The Economist
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