Après l’embellie de 2024, le nombre de nouvelles entreprises s’écrase en 2025: “un signal d’alarme” 

Créer son entreprise demande de plus en plus de risques.
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le record constaté l’année dernière est balayé par l’incertitude géopolitique de ce début d’année. Un boom est constaté à Bruxelles en raison de la réglementation plus souple. La croissance nette reste LE gros point d’attention. “Un signal d’alarme pour nos gouvernements”, disent UCM et Unizo. 

L’atlas des starters présenté ce jeudi 24 juillet par UCM et Unizo avec Greydon Creditsafe présente un paysage contrasté. Si 2024 fut une année positive, les tendances constatées pour 2025 souffrent fortement de l’incertitude mondiale

“Après deux années de croissance limitée du nombre de start-ups, l’année 2024 a renoué avec les chiffres de la décennie précédente”, souligne Eric Van den Broele, directeur de la recherche chez Graydon. Avec 121 171 nouvelles entreprises, la croissance fut spectaculaire, l’an dernier: + 6,29%. De quoi faire oublier les cuvées 2023 (+ 3,46%) et surtout 2022 (-3,49%). C’est l’effet de rattrapage post-Covid. 7% de ces entreprises créées en 2024 emploient déjà du personnel. Une évolution relativement habituelle, voire en légère diminution. 

Car l’euphorie est de courte durée. Durant le premier trimestre 2025, en comparaison avec le premier trimestre 2024, on constate une forte diminution de créations d’entreprises: -12,5%. “Sans doute, le contexte géopolitique de plus en plus incertain, l’instabilité du commerce international et la dépendance de plus en plus marquée vis-à-vis des matières premières jouent un rôle”, souligne Eric Van den Broele. 

Le boom bruxellois 

Si la Flandre et la Wallonie connaissent une relative stabilité, un boom a été constaté en Région bruxelloise. En 2024, le nombre de starters a explosé de 31,47%!  

“Cela s’explique en grande partie par la réforme de l’accès à la profession de janvier 2024 en vertu de laquelle il n’est plus nécessaire de démontrer des compétences de base en gestion d’entreprise pour démarrer une activité artisanale ou commerciale”, soulignent les auteurs de l’étude. Idem, depuis le 1er avril 2024, pour une série de compétences professionnelles, notamment pour les boucheries-grossistes, les nettoyeurs-teinturiers ou les pédicures. 

Attention à la croissance nette 

Précision importante, aussi: la durée de vie de ces nouvelles entreprises a tendance à diminuer légèrement. Depuis le début de la décennie, 64% des jeunes pousses sont toujours en activité, c’est légèrement moins que les années précédentes. 

Surtout, la croissance nette pose question. Si 121 171 entreprises ont été créées en 2024, 107 112 entreprises ont disparu la même année. “La croissance nette est de 1,5%, ce qui est assez faible, souligne Eric Van den Broele. Cela pose question parce qu’il est question de notre avenir, notamment en termes de créations d’emploi.” 

La chute de la croissance nette constatée dans certains secteurs clés préoccupe, avec des signaux d’alarme dans l’horeca, l’automobile ou l’industrie. Constat: c’est “carrément alarmant”. Et l’incertitude géopolitique de cette année 2025 font virer cet adjectif au rouge vif: “un signal d’alarme pour nos gouvernements”. La question se pose de savoir comment rassurer les jeunes entrepreneurs. Il s’agit d’élaborer les scénarios et d’améliorer la résilience. 

“De plus en plus de risques” 

Les constats de cet atlas montrent que tout est de plus en plus volatile, souligne Caroline Cleppert, secrétaire générale d’UCM. Il y a de plus en plus d’incertitudes. Pour créer une entreprise, il faut prendre de plus en plus de risques.” 

Mais la question fondamentale qui se pose, c’est l’accompagnement des entreprises tout au long de leur parcours. “Ce que l’on cherche, c’est avoir un entrepreneuriat qualitatif avec des capacités de croissance et d’embauche”, dit Caroline Cleppert. 

La question de la transmission et de la reprise des entreprises est centrale. Cela de l’embauche aussi. “Notre plan pour lutter contre les pénuries reste d’actualité. Il y a des éléments positifs dans l’accord d’été en matière de flexibilité.” Mais le chantier reste important. Des efforts importants doivent également être réalisés en matière d’aménagement du territoire, dit UCM. 

Le fait d’entreprendre est devenu plus cher”, regrette, pour sa part, Robin Deman, conseiller chez Unizo. Que ce soit la pression fiscale ou l’indexation des salaires: soutenir la viabilité des entreprises passera, aussi, par des réformes. Encore et toujours. “A tous les niveaux de pouvoirs, dit Robin Deman. Au niveau fiscal, les pouvoirs locaux peuvent faire beaucoup, eux aussi.” 

L’effet des réformes de l’été donnera un effet positif, soulignent toutefois les organisations patronales.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content