Alain Minc: “Les États-Unis commencent à ressembler à la petite Hongrie d’Orban”

Dans notre Trends Talk, Alain Minc, économiste, essayiste et conseiller des plus grands décideurs, évoque avec Amid Faljaoui les dangers de la dérive de l’Amérique de Donald Trump vers l’extrême droite. Il fait également le point sur les difficultés de l’Allemagne, notamment sur la politique du Schwarze Null.

Écrivain, économiste, banquier d’affaires et proche de presque tous les présidents français des 30 dernières années, Alain Minc est l’invité de notre Trends Talk, diffusé en boucle ce week-end sur Canal Z. L’occasion de revenir sur l’impact de l’entrée d’Elon Musk à la Maison-Blanche. Si la « bromance » entre Trump et le milliardaire avait déjà fait couler beaucoup d’encre, c’est aujourd’hui ses conséquences qui occupent le devant de la scène médiatique.

« L’adoubement d’Elon Musk par le président, et ce dernier qui s’approprie, avec quinze hackers, les logiciels du Trésor américain – et donc le droit d’accès aux données de chaque Américain –, c’est saisissant », s’exclame Alain Minc.

Elon Musk et le Trésor américain

Cette incursion au cœur du Trésor américain avait déjà été qualifiée de « coup d’État du XXIe siècle » par le prix Nobel d’économie Paul Krugman. Un constat partagé par l’historien Timothy Snyder : « C’est un coup d’État mené par une vingtaine de jeunes hommes en civil, armés uniquement de clés USB. » Alain Minc renchérit : « Nous venons de vivre le premier cyber coup d’État de l’histoire. »

Il souligne un point clé : « On y découvre quelque chose à méditer. La fragilité du checks and balances (séparation des pouvoirs) dans un monde cyber est probablement plus grande qu’elle ne l’était dans le monde d’avant. Les juges vont intervenir. Mais même si Musk s’y soumet, pensez-vous vraiment qu’il n’aura pas dupliqué les données entre-temps ? »

L’économiste prévoit une bataille juridique qui finira devant la Cour suprême. « Une Cour suprême qui, comme vous le savez, est à six contre trois en faveur des partisans de Trump, c’est-à-dire sous le contrôle d’une droite extrême. Il ne faut pas se leurrer : l’immense Amérique est en train de ressembler à la petite Hongrie d’Orban. »

Le déclin allemand ?

À l’évocation du malaise économique qui touche actuellement l’Allemagne, Alain Minc se montre catégorique : « L’Allemagne a d’autres problèmes. »

Selon lui, l’un des principaux freins à la croissance allemande est la règle du Schwarze Null : « Le problème allemand, c’est quoi ? C’est cet absurde frein à la dette qui limite le déficit budgétaire. Friedrich Merz a laissé entendre, alors qu’on est en campagne, qu’il faudrait revenir dessus. »

Il poursuit avec un calcul révélateur : « Si, par un coup de baguette magique, une fois cette contrainte constitutionnelle levée, l’Allemagne faisait passer sa dette publique de 60 % à 80 % du PIB, vous savez combien cela représenterait ? Près de 900 milliards d’euros de relance économique. Un pays qui a une telle capacité de mobilisation n’est pas un pays sur le déclin. »

Et de conclure : « Je ne vous dis pas que l’Allemagne est le paradis européen. Mais parier sur son déclin me semble un mauvais calcul. » Comme toujours, au final… c’est l’Allemagne qui gagne !

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