A Davos, les économistes ne s’attendent pas à une bonne année

Davos, en Suisse. (Photo by Halil Sagirkaya/Anadolu via Getty Images)

Pas d’embellie des perspectives en vue pour l’économie mondiale, selon les économistes en chef sondés par le Forum économique mondial. L’Europe devrait particulièrement être à la traine. Et quels pourraient être les impacts de l’IA ?

Avant le forum de Davos qui commence ce lundi, le Forum économique mondial (FEM, organisateur de Davos), publie les prévisions des économistes en chef (ils sont une soixantaine et issus du privé et du public) pour l’année 2024. Il s’agit des résultats d’un sondage quant à leurs attentes sur la croissance et l’inflation et les impacts de la situation géopolitique, des politiques industrielles et de l’intelligence artificielle, entre autres.

Leurs attentes générales ne sont pas des plus positives : “une faiblesse prolongée des conditions économiques mondiales et des divergences régionales croissantes” seraient par exemple au menu. “L’incertitude qui a dominé les perspectives au cours de l’année dernière continue d’assombrir les perspectives économiques à court terme alors que l’économie mondiale est aux prises avec les vents contraires des conditions financières tendues et des dissensions géopolitiques tout en s’adaptant aux progrès rapides de l’IA générative”, notent-ils encore.

La “fragmentation géoéconomique” devrait ainsi s’accélérer cette année. C’est-à-dire que le monde devient de moins en moins un grand marché, mais se divise de plus en plus en des groupes fermés. La relocalisation est par exemple un signe de cette tendance. La pandémie et la guerre en Ukraine ont été des moments de prise de conscience et d’accélération de cette fragmentation. Selon la majorité absolue des économistes sondés (plus de 80%), la localisation et la division en blocs distincts devrait fortement augmenter dans les trois années à venir.

Il y aurait néanmoins de quoi être (prudemment) optimiste. La pression de l’inflation devrait être moins importante et des gains de productivité grâce à l’IA se matérialisent. Mais cela ne serait pas suffisant pour améliorer le momentum de la croissance.

Europe : le moins de croissance

Mais en zoomant un peu, on voit que les prévisions sont, de loin, les plus maussades pour l’Europe. 77% des économistes, soit la majorité écrasante, s’attendent à une croissance économique lente. Encore pire : c’est la seule zone économique du monde où la majorité des économistes s’attend à cette mollesse. Pour les États-Unis, avant-dernier de la liste, le chiffre est de 43%. Mais pour l’économie mondiale, 56% s’attendent à une croissance plus lente.

De l’autre côté, il y a de bonnes nouvelles pour l’inflation cependant : 13% des économistes seulement s’attendent à une inflation élevée pour l’Europe. Pas de stagflation en vue, donc.

Impact de l’IA

Concernant l’IA, il y a de belles promesses, mais aussi des perspectives moins bonnes. Dans les économies à revenus élevés, 79% des économistes s’attendent à ce que l’IA améliore l’efficacité de la production. Pour 74% d’entre eux, l’IA devrait accélérer l’innovation. Pour 57%, l’IA devrait améliorer nos standards de vie. Mais de l’autre côté, seulement 23% d’entre eux estiment qu’il y aura un impact positif net sur l’emploi – 77% des économistes estiment donc qu’il y aura plus d’emplois supprimés que d’emplois créés.

Voilà pour les économies développées. Pour les économies à bas revenus, les experts sont majoritairement pessimistes et ne s’attendent pas à ce qu’elles puissent en profiter. Pas de meilleure productivité, pas d’accélération de l’innovation, pas de meilleurs standards de vie, pas plus d’emplois… De quoi encore plus creuser le fossé de la distribution des richesses. Or, selon le rapport des risques mondiaux du FEM, publié la semaine dernière, ce manque d’opportunités économiques (qui augmenterait donc) serait justement un risque majeur pour l’économie mondiale.

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