9 juin 2024: la mère de toutes les élections
On votera à cette date pour les fédérales, les régionales et les européennes. La Belgique à un carrefour. Voici les cinq scénarios possibles.
Les dés sont jetés: les élections européennes auront lieu le 9 juin 2024. Ce sera donc la date, aussi, des élections fédérales et régionales dans notre pays. Un scrutin majeur, qui n’est pas sans rappeler “la mère de toutes les élections”, en 2014, tant les enjeux sont d’envergure pour l’avenir du pays.
Ces élections seront cruciales car elles baliseront notre devenir à un moment où toutes les crises se conjuguent: budgétaire, économique ,géopolitique, climatique… Elles le seront d’autant plus que ce carrefour fondamental risque bien de s’enraciner dans une nouvelle interrogation existentielle pour le pays, de plus en plus fracturé entre le Nord et le Sud.
Décisives, encore, parce qu’elles détermineront… notre capacité à agir, tout simplement. La montée des extrémismes, confirmée de sondage en sondage, risque de rendre la Belgique ingouvernable, écartelée entre un Vlaams Belang tout-puissant au Nord et un PTB triomphant au Sud. Plus que jamais, la Belgique serait un laboratoire pour l’Europe.
Cinq scénarios possibles
1 Il reste quelques semaines, tout au plus, à la Vivaldi pour tenter de convaincre les électeurs, mais sa désunion rend compliquée l’atterrissage des réformes en suspens, fiscale en tête. Sa prolongation serait la première option, mais elle risque d’être mathématiquement difficile et même ses protagonistes semblent de plus en plus la rejeter. Le MR et surtout l’Open VLD du Premier ministre Alexander De Croo affirment “ne pas être mariés” avec elle.
2 La N-VA fait des yeux doux au PS, dans l’espoir d’accomplir son agenda “confédéral”. C’est l’option 2. Son président, Bart De Wever, propose de mettre rapidement en place un “mini-cabinet”, le temps de discuter de la suite des opérations. Une manière de rappeler les discussions Magnette – De Wever de l’étét 2019. Mais les socialistes ont déjà donné une fin de non-recevoir: le confédéralisme, ce sera sans nous! Sauf giga-crise?
3 Un cap à droite ou un cap à gauche? Open VLD et MR semblent être tentés par une coalition davantage au centre-droit, avec la N-VA, Vooruit et les Engagés, pour mener des réformes indispensables sur le plan budgétaire. Une sorte de redite de la “Suédoise” de Charles Michel, mise en place en 2014. Les partis de gauche – PS et Ecolo – réaffirment leur volonté de choisir la majorité “la plus à gauche possible”. Mais dans un cas comme dans l’autre, l’arithmétique risque de rendre ce choix compliqué. Ou alors: les choix seront rapiement posés en Flandre et en Wallonie, dans ce sens, avec tout l’impact que cela induira au fédéral. Comme en 2014.
4 Un blocage de longue durée ou une rupture. La montée des extrêmes pourrait générer un blocage de longue durée, semblable à celui de la crise des 541 jours à la charnières des années 2010-11. N-VA et Vlaams Belang pourraient-ils être tentés par une action “extralégale”? La probabilité ressemble davantage, pour l’instant, à un épouvantail que l’on fait planer sur l’avenir du pays.
5 Une union nationale démocratique. Au vu de l’éclatement des voix et de l’éclatement du paysage, avec le “vote inutile” des partis extrémistes, le résultat risque toutefois d’être… une coalition rassemblant davantage encore que les sept partis actuels, une sorte d’union nationale pour sauver la démocratie. Avec le risque d’une inefficacité renouvelée.
C’est dire combien l’enjeu est important.
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