De Jean Harlow, on retient surtout sa blondeur. Platine, comme le titre du dernier roman de Régine Detambel qui retrace la vie fulgurante de l’actrice décédée à 26 ans en 1937, faute de soins. Sa mère, intégriste scientiste, se méfiait de la médecine ” traditionnelle “, sa fille n’aura pas survécu. Pourtant l’actrice ” aux seins parfaits ” – entre lesquels ” on a envie de rire et de courir ” – s’était promis un meilleur avenir.
Repérée par Howard Hugues qui la fait tourner dans ses Ailes de l’enfer, elle arrive juste au bon moment, celui où les gloires du muet ne passent pas le cap vocal du cinéma parlant. Créature de la MGM, Jean Harlow, premier sex-symbol du cinéma, donnera la réplique à Clark Gable et James Cagney.
Un système a broyé la belle, malheureuse en amour et en famille (un beau-père pervers et des maris violents). Moins psychanalytique que Marylin, dernières séances de Michel Schneider, moins méditatif que Jayne Maynsfield 1967 de Simon Liberati, Platine analyse dans une langue simple, non sans poésie abrupte (” des rôles de pouffes, mais des critiques vicelardes “), ce qui fascine chez ces ” blondes ” des heures fastes de Hollywood aux destins tragiques. Régine Detambel nous renvoie inévitablement à nos représentations féminines, nos fantasmes, aussi stéréotypés que meurtriers. Harlean Carpenter, de son vrai nom, n’en fut que la première victime.
Régine Detambel, ” Platine “, éditions Actes Sud, 192 pages, 16,50 euros.