Voiture de société ou bonus salarial?

Bien que la voiture de société ne soit plus uniquement « une composante salariale », on peut se demander si certains bénéficiaires ne préféreraient pas se tourner vers un « budget mobilité ». © getty

« Tout le monde ou presque en Belgique a une voiture de société. » Cette affirmation est souvent entendue, mais est-elle aussi vraie qu’il y paraît ? Et surtout, à quoi servent réellement les voitures dites de société ou de fonction ?

Avec la rentrée des classes et le retour de la majorité des travailleurs après les vacances, les files de voitures s’allongent sur les routes du royaume, et les embouteillages reprennent de plus belle. C’est l’occasion de pester contre les voitures de société, souvent désignées comme boucs émissaires, tant elles sont nombreuses en Belgique…

La voiture de société a longtemps été un bonus salarial très populaire dans notre pays. Cependant, une récente enquête de SD Worx, menée en juin 2024 auprès de 670 chefs d’entreprise et responsables des ressources humaines de PME, souligne que seule la moitié des PME offre une voiture de société à leurs employés (54 %). Il est à noter que plus l’organisation est grande, plus le nombre de voitures de société est élevé. En moyenne, les PME participantes à l’enquête disposent de six voitures.

Voiture de fonction

Le contrat de base est bien respecté : la voiture de société est principalement destinée aux rendez-vous clients. Autrement dit, ces voitures sont majoritairement utilisées par les travailleurs pour se rendre chez leurs clients. On peut dès lors parler de « voiture de fonction ». En Flandre, 60 % des voitures de société sont des voitures de fonction. A Bruxelles et en Wallonie, ce chiffre atteint presque 70 %.

Longtemps, la voiture de société a été considérée comme une simple composante salariale. Mais ce serait ignorer la réalité, souligne Alexia van Zuylen, conseillère PME chez SD Worx, qui ajoute : « Une voiture de société ou de fonction reste avant tout un outil de travail. Tous les clients ne sont pas accessibles en transports en commun ou à vélo. » Elle donne l’exemple d’une petite PME de services, qui, sans exagération, a besoin d’un minimum de trois voitures de fonction : une pour le représentant, une pour le gérant et une pour un technicien.

Plus verte, plus chère et donc… plus petite

Sous la pression des nouvelles règles fiscales et sociales, les PME s’efforcent de rendre leur parc automobile plus vert. Actuellement, 14 % des voitures de société sont électriques, 28 % hybrides et 58 % fonctionnent encore aux carburants fossiles, souligne l’étude.

Le verdissement du parc automobile a un coût. Près de la moitié des PME (47 %) déclarent avoir augmenté leurs budgets « voiture de société », tandis que 44 % ont réussi à les maintenir inchangés. Pour 70 % des PME interrogées, cette augmentation est principalement due aux prix plus élevés des voitures électriques. Seules 9 % d’entre elles ont vu leurs coûts diminuer.

De plus, 40 % de ces PME indiquent qu’elles ne peuvent plus garantir à leurs travailleurs une voiture de la même catégorie. L’arrivée d’une voiture plus petite provoque alors le mécontentement des travailleurs dans deux PME sur dix.

Et le budget mobilité dans tout cela ?

Bien que la voiture de société ne soit plus uniquement « une composante salariale », on peut se demander si certains bénéficiaires ne préféreraient pas se tourner vers un « budget mobilité », qui permet d’échanger une voiture de société contre un montant déterminé. Ce montant peut être utilisé pour acquérir une voiture plus petite et plus économique, pour d’autres moyens de transport plus écologiques, voire pour des frais de logement, tels que le paiement d’un loyer ou le remboursement d’un emprunt hypothécaire.

« Pour les travailleurs disposant d’une voiture de fonction, il est plus difficile d’échanger celle-ci contre de l’argent liquide, des frais de logement, les transports en commun ou un vélo », complète la conseillère PME chez SD Worx. « Il ne reste que la possibilité de choisir une voiture plus écologique, mais elle est souvent plus petite, ce qui ne convient pas toujours à une jeune famille. »

Encore faut-il connaître l’existence de ce fameux budget… « Une PME sur trois ne connaît pas le budget mobilité, déplore Alexia van Zuylen. De plus, pour six PME sur dix, il n’est pas question de changer, pour des raisons pratiques. Pour elles, les voitures de société sont nécessaires pour les rendez-vous chez les clients. »

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