Pourquoi les voitures sans permis sont plus dangereuses que les voitures classiques

Voiture sans permis
© FLORENT MOREAU LA VOIX DU NORD
Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste

Le risque d’être gravement blessé est six fois plus élevé pour les occupants d’une “voiturette”, dite “voiture sans permis”, que pour ceux d’un véhicule classique, relève une nouvelle étude de Vias. Mais quels sont les problèmes liés à ce type de voiture et que peut-on faire pour limiter les risques?

Elles sont environ 13.000 sur nos routes, ne demandent qu’un permis cyclo, ne roulent pas à plus de 45km/h et font beaucoup de bruit… Une nouvelle analyse de Vias révèle que les voitures sans permis (VSP), ou voiturettes, sont plus souvent impliquées dans des accidents graves que les voitures classiques. Par kilomètre parcouru, le risque d’être grièvement blessé serait en effet six fois plus élevé. Un chiffre impressionnant, quand on sait que ces véhicules sont accessibles aux mineurs, dès l’âge de 16 ans. Mais qu’est-ce qui rend ces voitures si dangereuses? Explications.

Des accidents peu nombreux, mais très graves

Avec une moyenne annuelle proche de 60 accidents avec blessés, les voitures sans permis provoquent relativement peu de sinistres. En revanche, quand cela se produit, les conséquences sont généralement plus désastreuses pour les passagers. « D’après les données policières, les VSP sont plus largement impliquées dans des accidents avec circonstances aggravantes », détaille le rapport. Le risque de blessure serait ainsi 2,5 fois plus élevé que dans une voiture classique.

Les voiturettes sont davantage impliquées dans des accidents contre un obstacle hors chaussée. Or, en cas de collision, les occupants de ces véhicules encourent un plus grand risque d’être (sérieusement) blessés. D’autant plus si ceux-ci sont âgés. De quoi justifier en partie ces chiffres… Mais comment expliquer qu’un véhicule limité à 45km/h soit sujet à autant de collisions avec des obstacles? Et au-delà de ça, quels sont les autres facteurs responsables de cette hausse du degré de gravité?

Absence de ceinture de sécurité, manque d’équipement…

Les voitures sans permis, bien que limitées en puissance et en vitesse, présentent plusieurs facteurs qui contribuent à la gravité des accidents.

Une différence de poids

Les différences de poids et de puissance entre véhicules sont des éléments importants à considérer, compte tenu de la légèreté relative des VSP par rapport aux voitures conventionnelles. Les voitures sans permis font en effet partie de la catégorie de véhicules L6e, à savoir des quadricycles légers à moteur dont la masse ne peut dépasser 425 kg. Cette masse maximale autorisée est entre trois et quatre fois inférieure à celle d’une voiture classique. Or, « plus un véhicule est léger, plus le risque de lésions mortelles chez ses occupants est élevé », précise Vias. Cela fait des occupants des voitures sans permis des usagers particulièrement vulnérables.

Une absence de ceinture de sécurité

La conduite d’un tel véhicule plus lent et plus petit entraîne de mauvaises habitudes de la part des conducteurs. Ainsi, le taux de non-port de la ceinture des occupants de voiturette sujettes à un accident est 4 fois plus élevé que pour les occupants d’une voiture traditionnelle.

Un manque d’équipements et une conception simplifiée

Les voitures sans permis sont souvent jugées moins sûres en raison de leurs caractéristiques techniques, surtout face à des modèles de voitures plus robustes et mieux équipés en matière de sécurité. Les équipements de sécurité, comme les airbags pour le conducteur ou le passager, se trouvent rarement, voire pas du tout, dans ce type de véhicules. En cas de collision frontale, la tête reste très peu protégée. De plus, le tronc et les cuisses du conducteur subissent également de graves impacts.

À noter aussi que la présence d’un système ABS est souvent optionnelle dans ces véhicules. De quoi expliquer pourquoi de nombreuses voitures sans permis sont impliquées dans des collisions avec obstacles.

Pas assez de contrôles

Et l’absence de crash-test n’arrange rien… Néanmoins, si on regarde les tests réalisés sur des véhicules similaires, on constate que les résultats ne sont pas rassurants… Les scores sont particulièrement mauvais, notamment en raison des niveaux de protection contre les collisions très peu élevés et des technologies d’évitement limitées.

Une meilleure sécurité? Les 5 recommandations de Vias

L’institut formule donc plusieurs recommandations à destination des pouvoirs publics afin d’améliorer la sécurité des conducteurs de ces véhicules.

  • Signe distinctif: rendre obligatoire l’apposition d’un autocollant à l’arrière du véhicule, mentionnant le chiffre « 45 » entouré d’un anneau rouge (comme aux Pays-Bas et en Allemagne).
  • Contrôle technique: imposer un contrôle technique régulier, comme en France, en Italie et au Luxembourg afin de renforcer la surveillance et la maintenance de l’état technique des voiturettes.
  • Sensibilisation envers les utilisateurs: sensibiliser les utilisateurs de voiturette en mettant en avant les différences essentielles entre ces véhicules et les voitures conventionnelles et la nécessité d’une approche de conduite et d’une attention spécifiques en raison de leurs caractéristiques distinctes.
  • Équipements de sécurité tels que l’ABS et airbag: rendre obligatoires les équipements de sécurité de base comme l’ABS et l’airbag.
  • Des règles d’homologation propres aux voiturettes: créer un règlement européen propre aux voiturettes afin de soumettre des éléments comme la carrosserie à une homologation rigoureuse.

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