Pourquoi les embouteillages explosent malgré le télétravail

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Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste

On pourrait penser que la généralisation du télétravail réduirait la quantité de véhicules sur les routes, et a fortiori les bouchons… Mais une nouvelle étude de l’institut Vias montre que c’est tout l’inverse qui se produit: les bouchons n’ont jamais été aussi nombreux. Pire, dans certaines régions, le trafic routier dépasse les niveaux observés avant la crise sanitaire.

L’Institut Vias a récemment analysé les temps de parcours moyens entre quatre grandes villes de Wallonie et Bruxelles, en comparant les données de 2024 à celles de la période juste avant le confinement. Les résultats sont pour le moins surprenants: malgré l’essor du télétravail, censé réduire la densité du trafic, les embouteillages sont en réalité plus importants qu’avant la pandémie. Cette étude révèle des tendances inquiétantes en matière de circulation, suggérant que d’autres facteurs viennent compenser les bénéfices attendus de la réduction des trajets domicile-travail.

Trajets du matin, calvaire

Pour réaliser cette étude, l’Institut Vias s’est appuyé sur des relevés GPS qui ont permis de mesurer avec précision les temps de trajet. Le constat est sans appel: les embouteillages se sont nettement aggravés, notamment sur l’axe Namur-Bruxelles (E411), où le trafic est particulièrement saturé.

Le matin, par exemple, aux heures de pointe, il faut désormais 76 minutes pour parcourir cette distance, contre 71,3 minutes en 2023. Soit une différence de 5 minutes. Avant la pandémie de Covid, il fallait environ 69,9 minutes.

De manière générale, depuis l’hiver 2020, la durée de tous les déplacements s’est allongée. Les retards moyens ont ainsi grimpé à 23,7 minutes en 2024, contre 21,9 minutes l’année précédente, illustrant une détérioration progressive de la fluidité du trafic. Cependant, l’étude de Vias relève une exception notable: l’axe Tournai-Bruxelles, qui enregistre même une légère amélioration par rapport à 2020.

Trajets du soir, enfer

Et si les bouchons matinaux sont de plus en plus denses, le retour du travail en fin de journée est souvent synonyme de cauchemar sur les routes.

Pour faire Bruxelles-Namur, il faut désormais 68,9 minutes, contre 60,2 minutes avant la crise sanitaire. Pour relier Liège depuis la capitale, les citoyens passent environ 70,6 minutes sur la route, contre 65,6 minutes en 2020. Même constat pour le trajet Bruxelles-Mons, qui enregistre la plus forte hausse: de 70,5 à 83,1 minutes, soit près de 13 minutes de plus. Et cette fois, pas de répit pour les Tournaisiens: le temps de trajet s’est allongé de 10 minutes en 4 ans.

Et contrairement aux horaires matinaux, la flexibilité est plus rarement de mise en fin de journée. Les obligations familiales poussent les travailleurs vers leur voiture, non seulement pour aller chercher les enfants à l’école, les conduire à leurs activités extrascolaires, faire les courses, cuisiner… Bref, autant de devoirs qui empêchent les Belges de décaler leur départ du boulot.

La faute aux travaux?

Cette hausse du trafic, malgré l’adoption du télétravail, peut s’expliquer de différentes manières:

  • Le retour des déplacements: s’il est vrai que le télétravail s’est généralisé, cela ne veut pas dire qu’il est devenu la norme partout. Progressivement, de nombreux travailleurs retournent au bureau, partiellement ou à temps plein. Certaines entreprises privilégient désormais un modèle hybride, qui mêle travail à domicile et déplacement au bureau.
  • La hausse de nombre de voitures privées: en dehors de Bruxelles, qui privilégie encore les transports en commun, ceux-ci ont largement perdu de leur succès durant la crise sanitaire. Aujourd’hui, on constate que les Belges préfèrent prendre leur voiture, et cela contribue à la saturation du trafic routier. « Le 1er août 2024, la Belgique comptait 6.089.564 voitures particulières, contre 6.030.700 un an plus tôt », chiffre Statbel.
  • La croissance de la population: la population belge continue de croître et le nombre d’usagers augmente également sur la route. C’est d’autant plus vrai pour ceux qui vivent dans des zones mal desservies par les transports en commun.

Hormis ces causes liées au mode de vie, la multiplication des chantiers routiers dans et autour de la capitale aggrave également la congestion, rendant la circulation encore plus difficile, épingle VIAS dans son étude. En 2024, plusieurs projets sont en cours, notamment des travaux de réfection et d’aménagement qui impactent les déplacements. De gros travaux, débutés le 20 mars 2023, visent notamment à rénover les 14km de l’E411/A4 entre Daussoulx et Thorembais-Saint-Trond. Si les travaux portant sur les voies vers Bruxelles touchent à leur fin, c’est la rénovation des voies vers Namur qui a débuté mi-août. Bref, le calvaire matinal et en soirée est loin d’être terminé…

Enfin, la météo est également mise en cause par l’Institut VIAS. L’automne, qui est arrivé de manière brusque, influence le trafic. La pluie et les vents violents entraînent des ralentissements sur les routes et, dans certains cas, des accidents. Les fortes précipitations incitent en effet les conducteurs à augmenter leurs distances de sécurité.

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