Poppy révolutionne la mobilité partagée avec des voitures téléguidées, une première sur les routes belges

Ce dispositif, muni de caméras 360 degrés et de capteurs, permet au chauffeur de suivre l’état de la voiture en temps réel et de la diriger à distance.

La start-up belge Poppy, déjà bien connue pour ses solutions de voitures partagées, franchit un nouveau cap avec le lancement prochain de voitures téléguidées sur nos routes. Cette technologie, une première en Belgique, promet de transformer la mobilité urbaine en offrant une solution encore plus flexible et efficace pour libérer l’espace public.

Une voiture est garée 96% de son temps, entrave 12 à 18 mètres carrés de l’espace public, coûte environ 6000 euros par an à son propriétaire, qu’elle soit utilisée ou pas. En comparaison, une voiture partagée permet de libérer jusqu’à 7 places de parking et engendre beaucoup moins de frais fixes tout au long de l’année,…Les arguments en faveur de la mobilité partagée telle que proposée par la start-up belge Poppy font mouche.

Des voitures de plus en plus chères

“La densité des villes augmente, ce qui impose une réflexion sur la mobilité pour éviter les embouteillages. Par ailleurs, les voitures sont de plus en plus grandes et coûteuses, surtout les modèles électriques, l’essence est plus chère,…de nombreux ménages n’ont plus les moyens de s’offrir une voiture individuelle. Toutes ces raisons poussent les citadins à rechercher des alternatives à la voiture privée, d’où l’importance de la multimodalité”, expose Pierre de Schaetzen, chief marketing officer chez Poppy. La start-up propose à ce jour 2300 véhicules partagés répartis dans les grandes villes belges (Bruxelles, Anvers) ainsi que dans les différents aéroports du pays.

Vers un changement d’habitudes

Sans vouloir diaboliser les voitures particulières, Poppy entend encourager les conducteurs, et plus spécifiquement ceux des grandes zones urbaines, à modifier leurs habitudes afin de libérer l’espace public pour des projets qui améliorent la qualité de vie et de l’air, tels que la création de pistes cyclables, de nouvelles places publiques, ou la végétalisation urbaine. Avec des effets probants. “Plus de 20 % de nos utilisateurs se sont débarrassés d’une voiture depuis qu’ils ont commencé à utiliser nos services. 50 % d’entre eux possèdent actuellement au moins une voiture et 39 % envisagent de se débarrasser de leur véhicule au cours de l’année à venir. Pas moins de 50 % des utilisateurs ont pu éviter d’acheter une voiture grâce à Poppy”, vante Pierre de Schaetzen. Selon les calculs de la start-up, une seule voiture partagée remplace jusqu’à 21 voitures privées, ce qui entraîne une réduction significative des émissions de CO2.

Plus de 20 % de nos utilisateurs se sont débarrassés d’une voiture depuis qu’ils ont commencé à utiliser nos services.

Pierre de Schaetzen

chief marketing officer chez Poppy

Accès mutualisé

Poppy a été créé par le groupe D’Ieteren ce qui peut sembler paradoxal pour une société dont le but est de vendre des voitures. “C’est vrai, mais c’est logique si on prend du recul. On peut faire un parallèle avec l’histoire de Kodak qui a inventé l’appareil photo numérique, mais l’a ensuite laissé de côté, se faisant dépasser par ses concurrents. D’Ieteren est une entreprise qui existe depuis 220 ans. Son coeur de métier, c’est la mobilité, pas seulement la vente de voitures. Dans ce sens, sa stratégie évolue en fonction des besoins de la société”, argumente Pierre de Schaetzen. “Chez D’Ieteren on anticipe qu’à l’avenir, on vendra moins de voitures aux citadins. Et c’est là que le car-sharing entre en jeu: permettre l’accès à une voiture, mais en le mutualisant”, complète-t-il.

Pierre de Schaetzen, chief marketing officer de Poppy.

Forte croissance

Poppy connaît une forte croissance depuis son lancement en 2017. En 2023, le volume de locations de Poppy a augmenté de 270 %, ce qui démontre que le partage de voitures passe d’un service de niche à une solution de mobilité de plus en plus adoptée dans les grandes villes. En 2023, plus d’un ménage belge sur quatre (28%) ne possédait pas de voiture personnelle, ressort-il des chiffres publiés par Statbel. Ce taux grimpe même à 55,8% en Région bruxelloise, soit une hausse de 1,3 point par rapport à l’année précédente.

Face à cette évolution, la start-up prend toutefois garde d’encombrer davantage l’espace urbain déjà saturé. “Il ne s’agit pas de simplement rajouter des véhicules à la demande. Si on ajoute 1000 voitures supplémentaires demain à Bruxelles sans augmenter proportionnellement le nombre d’utilisateurs, beaucoup de ces voitures resteront inutilisées, ce qui n’est ni rentable pour nous, ni bénéfique pour la ville. Notre stratégie consiste à ajouter progressivement des véhicules, en veillant à maintenir un taux d’utilisation stable par unité”, explique Pierre de Schaetzen.

Priorité : les zones urbaines

Pour l’instant, la priorité de Poppy reste les zones urbaines denses comme les grandes métropoles, car elles ont la densité nécessaire pour faire fonctionner son modèle de voitures partagées en free floating, sans station fixe. “Là où la densité est moindre, comme dans les petites villes ou en périphérie, le modèle n’est pas encore viable. C’est pour cela que, pour l’instant, nous concentrons nos efforts dans les centres urbains où la demande est suffisamment élevée pour justifier ce type de service”, commente Pierre de Schaetzen.

L’échec liégeois

Toutes les grandes villes ne sont toutefois pas adaptées aux véhicules partagés de Poppy. A Liège, l’expérience lancée début 2023 a même tourné au vinaigre. La société a été contrainte de retirer ses véhicules des rues de la Cité Ardente à cause du trop grand nombre d’incivilités constatés. “En termes de demande, il y avait vraiment un gros besoin de la part des Liégeois. Malheureusement, on a très vite été confrontés à des problèmes de vandalisme, d’accidents, d’impayés,… On a fait beaucoup d’efforts avec la ville de Liège pour essayer de viser les ‘bons’ quartiers. On a changé le type de voitures qui y circulent avec des modèles un peu moins chers, pour minimiser les risques. Mais malheureusement, au bout de 18 mois, on a dû retirer nos véhicules car la situation ne s’est pas améliorée”, déplore le responsable de Poppy.

Cambio, le faux concurrent

La concurrence comme celle de Miles, débarqué en 2022 à Bruxelles, et de l’historique Cambio, ne semble pas lui mettre des bâtons dans les roues. “Cambio attire une clientèle fidèle composée souvent de quarantenaires et de cinquantenaires, qui apprécient son modèle de réservation anticipée et prévisible. En revanche, nous ciblons principalement les 25-45 ans, une génération plus spontanée, qui privilégie la flexibilité et la rapidité d’accès aux véhicules sans besoin de réservation préalable. Miles, de son côté, est plutôt positionné jeune et sportif”, explique Pierre de Schaetzen. Cette différence de positionnement participe à la croissance de Poppy et lui permet de capter des utilisateurs Cambio.

Une Poppy tous les 300 mètres

Autre atout: on tombe souvent sur une voiture Poppy, bien repérable à sa couleur rouge flashy, au coin de la rue. “En moyenne, il ne faut pas marcher plus de 300 mètres, pour trouver une voiture Poppy, promet Pierre de Schaetzen. Avec 1.500 voitures à Bruxelles, qui couvre environ 100 kilomètres carrés hors parcs, cela donne une densité d’environ 10 à 15 voitures par kilomètre carré, ce qui rend l’accès à nos véhicules très facile.”

Une facilité d’utilisation qui sera encore améliorée dans un futur proche. Poppy travaille en effet actuellement sur la mise en circulation de voitures “téléguidées”. Cette technologie révolutionnaire de remote driving qui serait une première sur les routes belges est vue comme une avancée majeure dans le secteur de la mobilité partagée.

Bientôt des voitures téléguidées

“Ce n’est pas une voiture autonome ni complètement téléguidée”, explique à Trends Tendances le représentant de Poppy. Le concept repose sur une voiture contrôlée à distance par un chauffeur professionnel, installé dans un bureau équipé d’une station de conduite. Ce dispositif, muni de caméras 360 degrés et de capteurs, permet au chauffeur de suivre l’état de la voiture en temps réel et de la diriger à distance. Ce système offre un environnement de travail plus sécurisé et confortable pour les chauffeurs, tout en garantissant la sécurité de la conduite.”

Ce service apparaîtra dans l’application Poppy comme une offre de taxi, à la manière d’Uber. L’objectif est de proposer une expérience où le client n’a pas à se déplacer vers le véhicule, mais où celui-ci vient directement à lui. Une fois sur place, l’utilisateur pourra décider de conduire le véhicule comme une voiture de location. « Dans un second temps, il pourra même choisir de se laisser conduire par le chauffeur à distance, comme dans un taxi classique », annonce Poppy.

Gestion optimalisée de la flotte

Après une année de tests sur sites privés, Poppy s’apprête à tester cette solution révolutionnaire sur la voie publique à Anvers, avec une première phase impliquant deux voitures. La start-up collabore dans cette optique avec la société allemande Vay, spécialisée dans la technologie de télémobilité. Cette dernière a lancé son premier service commercial à Las Vegas, où un “teledriver » livre depuis le début de l’année des voitures électriques de location à court terme aux clients et les récupère après la location. Poppy doit toutefois encore obtenir le feu vert des autorités flamandes pour concrétiser son projet sur nos routes, ce qui pourrait se faire “dans les mois à venir”, laisse-t-elle entendre, sans donner plus de précisions.

Dans un second temps, le client pourra choisir de se laisser conduire par le chauffeur à distance, comme dans un taxi classique.

Pierre de Schaetzen

chief marketing officer chez Poppy

Pas de concurrence avec les taxis

À plus long terme, Poppy envisage d’élargir cette technologie aux zones périurbaines et rurales, où le remote driving permettrait une gestion optimisée de sa flotte. “Par exemple, une voiture laissée par un client à Waterloo pourrait automatiquement être redirigée vers une zone de demande plus élevée, comme Uccle, sans intervention humaine directe”, illustre Pierre de Schaetzen. Le projet ne se veut toutefois pas en concurrence avec les taximen se défend la société. Une autre filiale de D’Ieteren, Lab Box, a d’ailleurs racheté les Taxis Verts bruxellois en 2022. Il vise au contraire à créer une synergie avec le secteur du taxi en permettant aux chauffeurs d’accéder à cette nouvelle technologie sans mettre leurs emplois en péril et en leur offrant un environnement de travail confortable, stipule Poppy. “Nous espérons que cela devienne la norme à l’avenir », ambitionne son chief marketing officer.

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