Les Belges croient de moins en moins aux voitures électriques

voiture électrique
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Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

La crainte concernant l’autonomie de la batterie figure parmi les freins les plus importants à l’adoption d’une voiture électrique, selon une enquête de BNP Paribas Fortis sur la mobilité des Belges.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la voiture thermique reste toujours, et de loin, le moyen de transport le plus populaire. En effet, pas moins de 76 % des ménages belges possèdent encore au moins un véhicule thermique. Pour beaucoup, la voiture électrique n’est pas “la” solution pour l’avenir : deux tiers des Belges (66 %) estiment d’ailleurs que la décision de l’Union européenne d’interdire la production et la vente de voitures à moteur thermique d’ici 2035 est une mauvaise, voire une très mauvaise décision. Et alors qu’ils n’étaient que 35 % en 2022, quatre Belges sur dix (42 %) déclarent désormais ne jamais vouloir passer à une voiture électrique ou hybride, selon une enquête réalisée en novembre dernier par le bureau d’étude Profacts auprès de 2.000 Belges pour le compte de la banque BNP Paribas Fortis.

Le facteur anxiété

Si le moteur thermique fait de la résistance, c’est parce que les freins pour passer à l’électrique restent nombreux : infrastructure de recharge limitée, coût élevé des voitures électriques, réticence à abandonner son véhicule thermique, craintes concernant l’autonomie, méconnaissance des subventions existantes pour soutenir l’achat de véhicules moins polluants, fiscalité complexe… La liste est longue.

Mais aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est la crainte concernant l’autonomie de la batterie qui est l’une des grandes réticences mises en lumière par l’enquête. “Cette crainte de ne pas pouvoir recharger sa voiture à temps est un frein très important, aussi important que les autres”, souligne Laurent Loncke, responsable retail banking chez BNP Paribas Fortis, utilisant les termes de «range anxiety» et d’«autonomophobie» pour qualifier le phénomène. 

Plus d’un automobiliste belge sur deux qui ne veut pas effectuer le passage à l’électrique évoque en effet cette «autonomophobie» ou crainte de la «panne sèche électrique» comme frein : 55 % des personnes interrogées qui ne souhaitent pas passer à la voiture électrique estiment qu’ils ont besoin d’une autonomie de plus de 500 km pour répondre à leurs besoins de mobilité.

Trop cher

Si cette angoisse de l’autonomie est prégnante, les réticences sont bien évidemment aussi d’ordre financières : pour près d’une personne interrogée sur trois (30 %), le prix d’un véhicule électrique est trop élevé. Comme l’indique l’étude, la plupart des véhicules électriques sont en effet particulièrement onéreux et massifs, semblant davantage configurés pour un public plus aisé ou à des fins professionnelles (indépendants, entreprises). 

Ce frein lié au prix d’achat est d’autant plus important que les dépenses liées à la mobilité ont augmenté de 50 % en vingt ans. Entre 2002 et 2022, elles sont passées de 16,8 milliards à 25,6 milliards. Conséquence, les ménages belges consacrent aujourd’hui près de 11 % de leurs revenus à la mobilité, contre 9,7 % en 2020. La mobilité représente désormais le troisième poste de dépenses dans le budget des ménages après le logement et l’alimentation.

Conclusion pour Laurent Loncke : «Si la transition énergétique génère des opportunités économiques et écologiques indéniables, elle engendre aussi des risques sociaux pour celles et ceux qui n’ont pas les capacités financières, l’expertise ou les informations suffisantes pour y faire face. Pour réussir, la transition doit intégrer des éléments de justice sociale. Et le secteur bancaire a un rôle moteur à jouer.»

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