L’offensive belge de BYD, le numéro un chinois de l’auto électrique
Le numéro un chinois de la voiture électrique, BYD, espère vendre 10.000 autos à l’horizon 2028 en Belgique, en misant clairement sur les prix et la technologie. Malgré un démarrage plutôt difficile.
Pour les constructeurs européens, BYD fait partie des marques à surveiller de près. C’est le champion chinois de l’auto électrique, qui en plus est un des plus importants fabricants de batteries de voitures au monde. Aucun constructeur européen n’atteint ce niveau d’intégration. « En plus, BYD fournit aussi Tesla pour certains modèles » rappelle Alexey Krapotkin, manager de BYD sur le marché belge et luxembourgeois.
Un lancement perturbé par Tesla
La marque a des ambitions considérables. « Nous espérons atteindre les 10.000 ventes de voitures en 2028 » continue Alexey Krapotkin, soit le niveau d’un Hyundai. Pourtant, le démarrage a été difficile. Le modèle SUV Atto3, lancé début 2023, qui devait marquer l’arrivée de la marque en Belgique, a démarré difficilement. De janvier à novembre, BYD a juste dépassé les 500 immatriculations. Le tarif avait été fixé à un niveau trop élevé, 45.990 euros, pour une marque encore inconnue en Belgique. Surtout, début 2003, « tesla a réduit le prix des certaines modèles » relève Alexey Krapotkin, ce qui a coupé l’herbe (ou le macadam) sous les roues de ce modèle et perturbé d’autres marques. Le tarif a été discrètement réduit à 37.740 euros.
Des autos électriques au tarif de modèles à carburant
Pour progresser dans le marché, BYD mise sur l’arrivée de nouveaux modèles. La Dolphin, auto électrique compacte, concurrente de la VW ID.3 et de la Renault Megane, fait ses premiers pas à partir de 29.990 euros pour une version à 340 km d’autonomie (35.240 euros pour 427 km). La Seal vient titiller la Tesla Model 3 à 47.740 euros (570 km). « L’an prochain, nous lancerons 3 nouveaux modèles » dit Alexey Krapotkin. Dont un SUV moyen dans la format de la BMW iX3, plutôt orienté marché des sociétés. BYD pourrait aussi débarquer avec une petite Seagull, à environ 20.000 euros, plus orientée vers les particuliers, mais ce n’est pas certain. La nouvelle prime à l’achat annoncée par la Flandre, de 5000 euros pour une auto électrique de maximum 40.000 euros, pour 2024, devrait profiter à BYD.
Plus d’un million de km
Les arguments de BYD sont des tarifs très compétitifs pour des modèles électriques avec lesquels les constructeurs européens peinent à rivaliser, et une offre full option. Il n’y a pas d’option, même la peinture métallisée est incluse dans le prix. Le dernier argument est technologique : BYD a développé des batteries LFP (lithium, fer, phosphate) moins chères à produire, sans cobalt, réputées plus sûres et d’une durée de vie encore plus longue que les batteries les plus utilisées, de type NMC (nickel, manganèse, cobalt), jusqu’ici dominante en raison de leur forte densité. Alexey Krapotkin parle d’une capacité de plus d’un million de km. Cette technologie est de plus en plus utilisée pour des modèles d’entrées de gamme, mais offre souvent une autonomie plus réduite. BYD estime avoir trouvé l’approche pour proposer des autonomies confortables.
Une marque encore inconnue
Il reste à convaincre les automobilistes pour qui BYD est une marque nouvelle, alors qu’en Chine c’est un géant. BYD affronte chez nous des concurrents chinois. MG est en train de faire une percée sur le marché européen avec la compacte MG4. Le nom MG, d’origine britannique, a été racheté par le groupe chinois SAIC, et a déjà quelques années de présence en Belgique. BYD est encore au stade de la construction de la marque dans les esprits.
Riposte européenne
Enfin, les constructeurs européens, qui avaient d’abord privilégié des modèles chers, sont très actifs pour développer des autos meilleures marché, sous les 30.000 euros. VW et Renault pourraient collaborer pour produire en Slovénie des autos électriques au format des Twingo ou des Polo à un tarif autour des 20.000/25.000 euros. Citroën a annoncé une ë-C3 à 23.300 euros, «100% électrique et fièrement européenne » indique le site de la marque.
Construire bientôt en Europe
Les marques chinoises pourraient faire l’objet de mesures restrictives. La Commission européenne mène une enquête pour voir si elles ne bénéficient pas de subsides trop importants, de nature à fausser la concurrence avec les constructeurs européens. Les conclusions de cette recherche pourraient entraîner une hausse des droits d’importation dans l’UE. La France a déjà revu son mécanisme de prime à l’achat pour en exclure les autos produites aussi loin qu’en Chine.
« BYD va produire en Europe » rassure Alexey Krapotkin, suivant la voie qu’avaient ouverte les constructeurs japonais.