L’Inde, bataille décisive du marché des véhicules électriques ? Et comment Tesla pourrait la remporter

Elon Musk et le Premier ministre indien, Narenda Modi. (Photo by Indian Press Information Bureau (PIB) / Handout/Anadolu Agency via Getty Images) © Getty Images

L’Inde pourrait être LE phénomène de croissance économique dans les années à venir. De quoi donner un sérieux coup de pouce à l’électrification de son parc automobile, troisième plus important du monde. Au détriment de son concurrent numéro 1 BYD, Tesla pourrait être le premier à en profiter. Le gouvernement indien déroule le tapis rouge à Elon Musk.

Tesla et BYD sont à couteaux tirés. Le premier est toujours le numéro un du monde en termes de ventes de véhicules (hybrides exclues), mais le deuxième se rapproche de plus en plus rapidement. Alors que l’électrification du parc automobile suit son cours dans de nombreux pays, le troisième plus grand marché national du monde, qui doit encore se mettre à l’électrique, pourrait être l’élément décisif dans la course entre le constructeur américain et son homologue chinois.

Au mois de mars, 2,6% des voitures vendues sur le sous-continent étaient électriques (8.500 véhicules, sans précision si les hybrides sont incluses dans le chiffre). C’est peu comparé à d’autres pays (15% en Belgique sur le premier trimestre, rien que pour les véhicules entièrement électriques), mais c’est déjà le double de ce qu’était la part de marché un an auparavant. De nombreux économistes considèrent d’ailleurs l’Inde comme le pays qui connaîtra la plus forte croissance dans les années à venir, notamment à cause d’une démographie plutôt jeune. Il y a donc de la marge pour l’adoption du véhicule électrique.

Tapis rouge pour Elon Musk…

Sur ces 8.500 véhicules, plus de 7.100 étaient de fabrication nationale – à savoir des Tata. Mais New Dehli veut aussi attirer des constructeurs étrangers, et Elon Musk plus que tout autre. Le pays déroule au PDG de Tesla le tapis rouge, rapporte Reuters Business.

L’homme d’affaires a rencontré le Premier ministre indien, Narenda Modi, en juin. Depuis, de nombreuses réunions ont lieu entre des représentants de la marque américaine et du gouvernement indien, à huis clos et de manière discrète. Elles portent notamment sur la construction d’une usine, des investissements et une voiture bon marché (à 24.000 dollars).

… et BYD sur la sellette ?

BYD se retrouve en plus mauvaise posture. Les autorités indiennes sont de plus en plus inquiètes quant aux véhicules chinois, citant des risques pour les données et pour la sécurité nationale. Surtout depuis un affrontement armé à la frontière en 2020. Elles se montrent aussi plus strictes en ce qui concerne les investissements chinois en Inde.

Ainsi, un plan d’investissement de BYD, pesant un milliard de dollars, est toujours sous la loupe des autorités. De quoi refroidir le constructeur chinois, voire le pousser à laisser tomber la procédure de demande et son projet d’investissement.

Impossible sans la Chine ?

La Chine, on le sait, et un des principaux fournisseurs de matières premières pour le secteur des véhicules électriques. Différents pays, comme l’Europe, veulent réduire leur exposition (ou dépendance) aux fournisseurs chinois en divertissant leur chaine d’approvisionnement. Mais pour l’instant, la Chine, avec son monopole dans certaines matières, reste incontournable.

Un point qui fait d’ailleurs partie des négociations entre Tesla et l’Inde. L’Américain veut continuer à s’appuyer sur ses fournisseurs chinois. New Dehli ne serait pas contre, mais pas sans condition : ils doivent faire des partenariats avec des entreprises locales (une chose aussi prévue par BYD dans son plan).

Voie libre pour Tesla ?

Ainsi, si BYD venait à être écarté (ou à s’écarter) du marché indien, Tesla aurait la voie libre, sans devoir se soucier de son principal concurrent. Le défi restera alors de pouvoir développer une voiture électrique à 24.000 dollars. Cela fait des années que Musk promet, sur d’autres marchés, un tel véhicule. Mais le projet a toujours été reporté. Ici, il pourrait s’agir d’un modèle spécifique pour le marché indien. Un tel prix placerait en tout cas Tesla dans une bonne position face à la concurrence. Seule la Tata Nexon est actuellement moins chère (19.000 dollars).

Inde : la voiture électrique… au charbon

La voiture électrique est une des pistes pour décarboner le monde. Le transport est une des principales sources d’émission de CO2. La voiture électrique n’en émet pas de gaz à effet de serre. Du moins, en roulant… Cet élément peut vite changer si on regarde la manière dont l’électricité nécessaire à la conduite est produite.

En Inde, c’est le charbon, source d’énergie la plus polluante, qui prime, loin devant le renouvelable. Selon les données d’Electricity Maps, l’Inde compte plus de 200 GW de centrales de charbon (ce qui équivaut à la puissance de 200 réacteurs nucléaires, environ). Pour l’éolien, c’est 40 GW de capacité installée, et 57 pour le solaire. Plus environ 50 GW d’hydroélectricité. Selon les données du think tank Ember, 75% de l’électricité produite en Inde en 2022 l’a été à base de charbon.

Un passage massif aux véhicules électriques ne réduirait donc pas vraiment les émissions de dioxyde de carbone. Avec l’accélération de la croissance économique du pays, de nombreux observateurs estiment que les besoins d’énergie seront très importants et que l’Inde continuera à utiliser massivement le charbon pour suivre, au détriment du déploiement du renouvelable.

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