Les trottinettes électriques bannies des rues de Paris : vers une interdiction à Bruxelles ?

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Les Parisiens n’en veulent plus. Ce dimanche, ils ont exprimé une franche opposition aux trottinettes électriques en libre-service. Ces deux-roues sources de nombreuses nuisances seront interdits dès le 31 août dans la capitale française. Et à Bruxelles ?

Après les avoir accueillies en 2018, Paris va devenir la première et seule capitale européenne à complètement interdire les trottinettes électriques en libre-service dans ses rues. Pas moins de 15.000 engins de micro-mobilité y sont disponibles à la location via une application. Ils seront interdits dès le 31 août 2023 à la fin des contrats liant la ville aux trois opérateurs privés (Lime, Tier et Dott).

Cette décision a été prise suite à un référendum. 90% des votants se sont exprimés contre le maintien des deux-roues dans les rues de la capitale française, selon les chiffres fournis par la maire Anne Hidalgo. Les engins de mobilité douce sont accusés de nuisances variées. Ils sont souvent abandonnés n’importe où dans l’espace public, entravent les rues et trottoirs, frôlent à toute vitesse les piétons. Ils ont également, au final, un mauvais bilan carbone, critiquent leurs détracteurs.

Niveau sécurité routière, le bilan n’est pas rose non plus. Les deux-roues – en libre-service ou non – ont ainsi été impliqués dans 408 accidents à Paris en 2022, dans lesquels trois personnes sont mortes et 459 ont été blessées, selon les chiffres des autorités.

Vers une interdiction à Bruxelles ?

La question de l’interdiction des trottinettes se pose aussi chez nous. De plus en plus de voix s’élèvent pour les interdire dans les rues de Bruxelles.  

Le sujet polarise. Pour les défenseurs de la micromobilité, il est important d’encourager toutes les alternatives à la voiture et au vélo. Les trottinettes ont ainsi l’avantage d’être accessibles à tous pour se rendre à un arrêt de bus ou de métro et pour effectuer de courts déplacements en ville. “Par exemple, l’engin est populaire auprès des jeunes issus de l’immigration“, explique Dirk Lauwers, expert en mobilité, cité par De Morgen.

C’est un mode de transport utile, mais trop de gens utilisent la trottinette comme un jouet

Stef Willems de Vias

D’autres critiquent leur dangerosité et la nonchalance avec laquelle ses utilisateurs les conduisent. Hausse des traumatismes crâniens, écorchures, fractures du bras ou de l’épaule sont monnaie courante. Ces deux-roues sont vite déstabilisés par les nids-de-poule et les rugosités des routes. “C’est un mode de transport utile, mais trop de gens utilisent la trottinette comme un jouet“, est d’avis Stef Willems de Vias dans le Morgen. Vias préconise l’obligation du port du casque, qui n’est à ce jour pas obligatoire.

De nombreux accidents

Les chiffres des accidents le prouvent. L’année dernière, quatre personnes sont décédées en Belgique à la suite d’une collision avec une trottinette, selon le baromètre de la sécurité routière de Vias, relayé par De Morgen. Le nombre de victimes s’élève à 1.564, soit une augmentation de 62 % par rapport à 2021. Malgré l’introduction de la zone 30 à Bruxelles, le nombre d’accidents de la route y a atteint un niveau record en 2022. La cause la plus importante est la trottinette, responsable d’un accident sur six.

Ces engins, bien qu’électriques, sont aussi critiqués pour leur mauvais bilan carbone. Au bout d’à peine six mois, la plupart des deux-roues malmenés par leurs utilisateurs sont usés et doivent être remplacés. Rien qu’à Bruxelles, il y a sept fournisseurs, ce qui représente quelque 15.000 engins.

Dans ce contexte, des règles ont été introduites en Belgique pour limiter leurs nuisances. La limite d’âge a été fixée à 16 ans. Il est dorénavant interdit de rouler sur les trottoirs et de rouler à deux (ou plus). Des aménagements urbains ont également vu le jour, avec des “zones de dépôt” délimitées pour le stationnement, des “zones interdites” et des “zones de ralentissement” à vitesse réduite.

Bruxelles Mobilité a lancé une nouvelle campagne de sensibilisation le mois dernier. La ministre bruxelloise de la Mobilité, Elke Van den Brandt (Groen), dit ne pas vouloir suivre dans l’immédiat l’exemple parisien. La Ministre ne ferme cependant pas la porte à une interdiction totale de l’utilisation des trottinettes sur son territoire. “Les nouvelles règles sont encore en cours de déploiement. Nous voulons d’abord leur donner une chance, mais s’il s’avère qu’elles ne sont pas suffisamment efficaces, nous envisagerons certainement une interdiction”, déclare-t-elle au Morgen.

Une réforme avant l’été

Avant l’été, une réforme entrera en vigueur. Ensuite, nous travaillerons avec des zones de dépôt dans toute la région et les communes, comme la région pourront infliger des amendes. En outre, nous avons déjà réduit la limite de vitesse de 25 à 20 km/h”, complète sa porte-parole, Marie Thibaut de Maisières à VRT Nieuws.

L’utilisation des trottinettes est déjà réglementée dans d’autres villes – Montréal et Barcelone, par exemple, ont déjà introduit des interdictions – mais ce banissement total à Paris est une première dans une capitale européenne. L’interdiction ne concernera cependant pas les trottinettes électriques privées, dont 700. 000 ont été vendues en France l’année dernière.

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