Après Ethias Lease, le numéro un du marché, Ayvens, recommande des contrats de six ans à la place des quatre ans traditionnels. Pour mitiger le risque de la revente du véhicule et freiner les budgets de location.
Le numéro un du marché du leasing auto en Belgique, Ayvens, a lâché une petite bombe en annonçant vouloir encourager les contrats de six ans. En général, ces contrats sont signés pour une durée de quatre ans.
Ayvens avance que c’est une conséquence logique de l’électrification du parc des entreprises, poussée par la fiscalité des voitures de sociétés, qui a concentré les avantages sur ce type de motorisation depuis 2023 (*). En 2024, plus de 127.000 autos neuves électriques ont été immatriculées, soit 37,3% de plus qu’en 2023, majoritairement acquises par des entreprises.
“La construction des véhicules électriques est différente : ils durent plus longtemps, les batteries tiennent mieux que prévu, leur autonomie est moins impactée qu’on ne l’anticipait”, nous dit Xavier Kervyn de Meerendré, marketing & communication director chez Ayvens Belgique. Il ajoute que “selon une étude récente, une batterie électrique conserve en moyenne 80% de sa capacité après 200.000 kilomètres”.
Pourquoi six ans ?
Il y a beaucoup d’avantages à signer un contrat de leasing de six ans au lieu de quatre ans. La société cliente paie des mensualités moindres. “Prolonger la durée des contrats permet non seulement de mieux amortir le véhicule sur 72 mois par rapport à 48 mois, mais aussi de limiter le risque lié à la valeur de revente”, précise Xavier Kervyn de Meerendré. La revente en fin de contrat est un souci pour le secteur, la cote des électriques est plus faible que celle des modèles à carburant. Un contrat long réduit ce risque. “L’argent économisé grâce à la prolongation du leasing peut en outre être investi dans des options de mobilité supplémentaires, comme un vélo électrique ou des solutions de transport partagé”, dit-il.
“Les contrats de six ans ne sont pas la règle sur le marché, beaucoup tiennent aux contrats de quatre ans, déclare Stijn Blanckaert, directeur général de Renta, la fédération des entreprises de leasing. Quand le leader du marché se positionne, les autres écoutent.”
Ethias Lease, le pionnier
Ayvens n’est pas le premier à parler de contrats prolongés. Nouvel acteur sur le marché, lancé en 2023, Ethias Lease pratique cette approche. Il en avait même fait un positionnement particulier. Il compte une centaine de clients, 1.700 véhicules livrés ou commandés, un résultat encourageant.
“Nous voulions innover, indique Erwin Ollivier, general manager d’Ethias Lease. La durée de quatre ans nous semblait obsolète pour les voitures électriques. Elle est calculée pour celles à carburant, sur les durées de garantie. L’équation est différente pour les voitures électriques. Le principal élément de coût, la batterie, est garanti sept à huit ans, 160.000 km, parfois davantage. Les coûts d’entretien sont réduits. Il y a donc moyen de louer une auto six années sans risque. Le concept des contrats de quatre ans n’est pas adapté aux autos électriques, qui coûtent plus cher, même si la déduction à 100% compense un peu cela.”
Pour Ethias Lease comme pour Ayvens, il est possible de signer des contrats de durée plus courte. Mais ils conseillent la durée longue auprès de leurs clients. Avec des incitants financiers. Au lancement d’Ethias Lease, le tarif de leasing mensuel de la Volvo XC40 Recharge Extended Range Core était annoncé à 743 euros pour 72 mois, contre 817 euros pour 48 mois. Pour une Tesla Model 3 Long Range AWD, Ayvens facture 760 euros pour 72 mois et 851 euros pour 48 mois (20.000 km/an dans les deux cas).
Qu’en pensent les conducteurs ?
Les clients et les bénéficiaires des voitures de société sont-ils ravis de cet allongement ? Pas toujours. La gestion d’un contrat de six ans est plus simple, réduit le travail de gestion de changements de véhicules, garantit un prix. Mais lie l’entreprise plus longtemps. Certains bénéficiaires préfèrent changer de véhicule après quatre ans. Certaines entreprises toutefois ont décidé d’allonger les contrats au-delà de cette période. Comme Proximus qui est passé à cinq ans depuis 2023. “Cela coïncide avec le passage à des commandes de véhicules 100% électriques”, indique Haroun Fenaux, porte-parole de Proximus. Le passage à six ans n’est pas encore au programme.
À l’inverse, VDFin, la filiale financement de D’Ieteren (Volkswagen D’Ieteren Finance), note même une demande inverse. “Nous proposons des contrats de six ans. Mais la clientèle préfère des durées plus courtes, informe Jean-Marc Ponteville, porte-parole de D’Ieteren Automotive. Moins de quatre ans même. La demande porte sur une plus grande flexibilité dans les circonstances économiques actuelles.”
“Il y a aussi une demande pour des véhicules de seconde main récents, aux mensualités un peu plus réduites.” Le véhicule, loué deux fois en suivant, reste dans les comptes du loueur pendant au moins six ans au total.
La pression technologique
Cette tendance aux contrats courts est aussi populaire en Allemagne, pour les voitures électriques, en raison des changements technologiques. Les conducteurs craignent qu’en gardant plus de quatre ans une voiture électrique, ils rouleront dans une auto rapidement dépassée.
“La technologie évolue, mais pas si vite que cela, relativise Erwin Ollivier. Par exemple, on parle beaucoup de batteries à électrolytes solides, à l’autonomie plus grande, la durée de vie plus longue. Elles n’arriveront au mieux qu’en 2030, et coûteront plus cher. La grande évolution radicale a déjà eu lieu, c’est l’arrivée de la voiture électrique et, en Belgique, le cadre fiscal.”
Tous les loueurs reconnaissent que l’allongement des locations (ou l’addition de deux cycles de location successifs) règle le souci de la revente, encore trop incertaine. “Le marché de la seconde main en électrique est encore compliqué, souligne Erwin Ollivier. L’offre est plus importante que la demande.” Les acheteurs de l’occasion sont en majorité des particuliers, qui restent réticents.
Alors les loueurs se disent qu’il vaut mieux des contrats plus longs, en attendant que le marché se stabilise, mûrisse. Un contrat de six ans signé aujourd’hui reporte la vente du véhicule, en fin de contrat, à 2031.
(*) Depuis juillet 2023, le niveau de déduction des voitures à carburant, hybrides ou non, diminue fortement tous les ans, et devient inintéressant. Le gouvernement de l’Arizona a souhaité revenir partiellement sur cette situation en créant une période de transition fiscale jusqu’à la fin 2027 pour les hybrides rechargeables, mais a dû y renoncer sous la pression de la Commission européenne, sauf pour les indépendants.
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