Le train de nuit peine à concurrencer l’avion

Illustration. © photos: RVA

Clap de fin pour les trains de nuit Paris-Berlin et Paris-Vienne. Présentées comme l’un des symboles de la renaissance ferroviaire européenne lors de leur relance en 2021 et 2023, ces liaisons internationales disparaîtront dès le 14 décembre. Les compagnies SNCF et ÖBB, partenaires de la Deutsche Bahn, invoquent l’arrêt par le gouvernement français d’une subvention jugée indispensable, d’un montant avoisinant les 10 millions d’euros.

Pourtant, ces lignes affichaient un taux d’occupation moyen de 70 % en 2024. Mais, selon la SNCF, elles ne sont pas viables sans aide publique. L’équation économique reste défavorable : contrairement aux trains de jour, où un siège peut être vendu plusieurs fois dans la journée, une couchette de nuit n’accueille qu’un seul passager par trajet. À cela s’ajoutent des coûts de personnel plus élevés et des contraintes opérationnelles aux frontières, qui exigent des changements de locomotive et d’équipage.

Une alternative fragilisée face à l’avion

Présentés comme une réponse écologique et pratique aux vols moyen-courriers, les trains de nuit européens peinent à s’imposer. Le collectif “Oui au train de nuit” déplore un manque d’ambition des opérateurs, accusés de n’avoir pas respecté leur promesse de proposer une desserte quotidienne, les trains ne circulant que trois fois par semaine. Les eurodéputés favorables au rail regrettent un “mauvais signal” envoyé aux voyageurs à l’heure d’un regain d’intérêt pour ce mode de transport.

Mais du côté de la SNCF, l’argument est clair : passer à des circulations quotidiennes n’était plus envisageable, en raison des lourds travaux menés en France et en Allemagne. La liaison Paris-Berlin a d’ailleurs connu de longs mois de suspension en 2024, ponctués d’annulations de dernière minute et de retards récurrents, abîmant sa crédibilité face à la régularité de l’avion.

En 2022, Emmanuel Macron avait promis “une dizaine” de lignes de nuit d’ici 2030. Aujourd’hui, seules huit liaisons intérieures sont en activité au départ de Paris, desservant notamment Toulouse, Tarbes ou Aurillac, toutes dépendantes d’un soutien financier de l’État.

Si les voyageurs français pourront rejoindre Berlin en huit heures grâce à une ligne à grande vitesse inaugurée fin 2024, cette solution reste moins pratique qu’un vol court et souvent moins coûteux. De son côté, ÖBB maintient sa liaison Vienne-Bruxelles et promet d’investir dans davantage de confort sur ses lignes existantes. Mais, pour l’instant, l’avion conserve l’avantage.

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