Le train de nuit Bruxelles-Berlin d’European Sleeper est bien sur les rails

« Hormis quelques détails, tout s’est bien passé », a déclaré Chris Engelsman, cofondateur de la société European Sleeper. © belga
Robert Van Apeldoorn
Robert Van Apeldoorn Journaliste Trends-Tendances

Le train de nuit Bruxelles-Amsterdam-Berlin est déjà bien sur les rails, quatre mois après sa première liaison. Chris Engelsman évoque pour Trends Tendances l’extension vers Prague en 2024, la prochaine concurrence d’ÖBB, et le futur matériel rénové. Un fameux chantier les attend.

Le train de nuit de l’entreprise belgo-néerlandaise European Sleeper relie dorénavant 3 fois par semaine Bruxelles et Berlin. Nous avons demandé à Chris Engelsman, cofondateur d’European Sleeper avec Elmer van Buren, comment se sont passés les 4 premiers mois de cette nouvelle liaison, inaugurée au départ de Bruxelles le 26 mai dernier ? « Plutôt bien, nous avons eu des trains complets, l’occupation moyenne était meilleure que prévu, même si nous n’avons pas atteint d’équilibre financier », répond-il.  

Prolongation vers Prague en 2024

Il poursuit : « Nous avons observé que le point de départ le plus fréquenté est Bruxelles. A la fois grâce à l’intérêt des voyageurs de Belgique et à ceux qui viennent du Royaume-Uni par l’Eurostar. La fréquentation est moindre au départ d’Amsterdam, sans doute car il y a la possibilité de trains directs de jour vers Berlin qui n’existe pas depuis Bruxelles. La fréquentation au départ de Berlin est aussi moindre, nous devons encore y travailler. Le trafic devrait encore s’améliorer avec la prolongation de la ligne vers Dresde et Prague, vers mars/avril 2024, cela doit être encore décidé.”

Notons que c’était en effet le projet de départ, mais la ligne au-delà de Berlin n’était pas accessible à European Sleeper en raison de travaux. « Cela va nous aider sur le plan commercial. »

Chris Engelsman, cofondateur d’European Sleeper.

Concurrence d’ÖBB sur Berlin

A la question de savoir si l’annonce de la ligne de nuit Bruxelles-Berlin par l’Autrichien ÖBB (via Francfort) en décembre ne va-t-il pas affaiblir la progression d’European Sleeper sur cette ligne, Chris Engelsman répond : « Ce n’est pas très bon pour nous, mais l’idée était ancienne, elle n’a pas été lancée spécifiquement pour nous concurrencer. Sans doute nos fréquences seront-elles complémentaires, 3 par semaine pour nous, 3 par semaine pour ÖBB, à des jours différents, cela peut rendre la liaison globalement plus attractive, et finalement nous aider. »

L’équipe European Sleeper est en train d’élargir le circuit de distribution des tickets, qui sont jusqu’ici vendus uniquement en direct. « Nous sommes en discussion avec la SNCB pour qu’elle propose nos tickets sur sa plateforme internationale de vente, et nous examinons d’autres canaux. »

Plus de voyageurs places assises que prévu

Le profil des voyageurs n’est pas encore connu avec précision. « Nous devons encore faire une étude à ce sujet » dit Chris Engelsman. « Nous avons une idée générale. Par exemple nous avons beaucoup de jeunes, des « backpackers », qui viennent notamment par le biais des pass Interrail. Nous avons plus de voyageurs en places assises que nous avions prévus. Sans doute à cause du prix et de la facilité à les acheter en last minute. »

European Sleeper loue le matériel disponible sur le marché, qui est fort ancien.

European Sleeper a lancé en juin dernier une nouvelle levée de fonds, jusqu’à 3 millions d’euros. « Nous arrivons presque à 2 millions d’euros », dit Chris Engelsman. L’opération devrait s’arrêter là. « Nous lèverons un million plus tard. » Cette opération vise à nourrir le fonds de roulement dans la phase de démarrage de l’entreprise.

Bientôt des voitures rénovées

Autre gros dossier sur lequel travaille la société : celui du matériel. European Sleeper loue le matériel disponible sur le marché, qui est fort ancien, en attendant d’utiliser des voitures rénovées et, plus tard, de commander du matériel neuf. Ce processus a été adopté pour pouvoir lancer le service dans un délai raisonnable. « Pour recevoir du matériel neuf, il y a facilement 6 ans d’attente », explique Chris Engelsman.  « Nous discutons de la mise en place d’une entité juridique distincte pour un parc de 35 voitures rénovées. Cela représente un investissement de 40 à 60 millions d’euros. Cela ne peut s’organiser du jour au lendemain. »

Une ligne vers Barcelone

Pour intéresser des investisseurs, les fondateurs d’European Sleeper utilisent l’argument que ces voitures pourront être louées à d’autres opérateurs.  En d’autres termes, le matériel ne serait pas lié au sort d’European Sleeper. « Il y a une pénurie de voitures de nuit en Europe, ce n’est pas un investissement risqué. » Le matériel rénové devrait apporter un confort nouveau et rendre les voyages de nuit plus attractifs.

Enfin, la ligne vers Barcelone est toujours d’actualité. European Sleeper est soutenu par la Commission européenne sur ce projet, elle pousse à ce que les réseaux ferroviaires des différents pays se coordonnent pour que la ligne puisse s’ouvrir en 2025 ou 2026 dans de bonnes conditions.

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