Le retour en force de la voiture d’occasion
Le marché de la voiture neuve souffre, délaissé surtout par les particuliers, à cause des prix élevés. C’est tout bénéfice pour la voiture d’occasion, qui connaît une véritable renaissance, avec des tarifs légèrement adoucis.
Si le segment des voitures neuves souffre, les concessionnaires constatent la tendance inverse sur le segment de la seconde main. Les immatriculations des véhicules d’occasion ont augmenté de 9,9% en octobre dernier par rapport à octobre 2023. De janvier à octobre, la croissance s’élève à 6,5%, contre -4,9% pour les voitures neuves, selon la fédération Traxio.
Les raisons sont claires : les prix des véhicules neufs n’ont cessé d’augmenter. “Nous voyons arriver des acheteurs qui ne prenaient que du neuf”, constate Jean-Claude Gathon, patron de Soco, le principal vendeur de voitures de seconde main en Wallonie, spécialisé dans les véhicules de cinq ans et moins. Sur ce marché, les acheteurs sont très majoritairement des particuliers (90%).
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Prix en recul de 7,3%
La deuxième raison est que le prix des voitures d’occasion a diminué. Il avait atteint des sommets en 2022, au plus fort de la pénurie des voitures neuves, entraînant une ruée sur l’occasion. “Les tarifs moyens avaient augmenté de 53,6% entre février 2019, avant le covid, et ce pic de 2022, c’était violent”, note Vincent Hancart, CEO d’AutoScout24, la première plateforme d’annonces de véhicules de seconde main sur le net en Belgique. “Depuis lors, les prix ont reculé. Mais on ne reviendra jamais aux tarifs d’avant le covid.”
Ce léger recul des prix est le résultat de la fin de la pénurie des voitures neuves, dont résulte un apport de véhicules plus nombreux sur le marché de l’occasion.
Selon Auto1, un grand acteur européen de l’occasion, le prix moyen a reculé de 7,4% entre octobre 2023 et octobre 2024. Sur le moyen terme, la tendance reste à la hausse.
De janvier 2015 à octobre dernier, les tarifs ont augmenté en moyenne de 36,9%.
“Il y a un regain d’intérêt pour l’occasion”, confirme Jean-Marc Ponteville, porte-parole de D’Ieteren Auto, qui a une activité vente d’occasion, My Way. Celui-ci estime que c’est sans doute le résultat d’un écart de prix perçu grandissant entre le neuf et l’occasion.
La fin de la tempête pour les revendeurs
Voilà de bonnes nouvelles pour un marché fort bousculé avec l’impact du covid et de la guerre en Ukraine. “Il est devenu moins anxiogène pour les professionnels du secteur”, reconnaît Vincent Hancart, d’AutoScout24.
L’occasion est un secteur atomisé, avec des marchands petits et moyens, des concessionnaires qui développent ce marché pour compenser les marges rabotées du neuf, et des acteurs de taille plus importante qui cherchent à industrialiser la vente de seconde main et qui ont parfois souffert ces dernières années. Ainsi, le groupe Auto1, basé en Allemagne, actif dans 30 pays (Autohero en Belgique), fondé en 2013, pour la vente sur le net. Il engrange enfin des bénéfices nets depuis cette année, avec un profit de 6 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 4,6 milliards d’euros. Le groupe français Aramis (Stellantis), qui contrôle Cardoen en Belgique depuis 2018, a réduit ses pertes au premier semestre. Ces groupes ont souffert pendant la période du covid.
“Pour nous, cela n’a jamais été vraiment mal”, indique Jean-Claude Gathon, de Soco. L’entreprise, qui n’est pas cotée, a affiché de bons résultats. “Nous devrions faire de meilleurs résultats cette année”, dit-il. L’entreprise vend près de 10.000 autos, à plus de 80% à des particuliers. “Nous sommes présents en Wallonie depuis 40 ans, cela participe à notre notoriété.” L’entreprise dispose de 1.300 véhicules en stock.
Une nouvelle usine de reconditionnement
“Nous venons de décider la construction d’une usine de reconditionnement à Fleurus, sur 4 hectares, avec une capacité qui atteindra 13.000 à 14.000 voitures par an. Elle travaillera sur deux shifts.” Actuellement, Soco dispose de deux centres de reconditionnement. Le groupe se développe vers la Flandre.
Cardoen, acteur important en Belgique, actif à la fois dans l’occasion et l’auto zéro kilomètre, estime faire mieux que le marché dans la seconde main. “Nous avons connu 25% de croissance sur trois mois depuis juin”, précise Matthias Grommeren, CEO de Cardoen. Il estime qu’il s’agit du résultat des tarifs pratiqués et de la disponibilité rapide des véhicules. L’offre est aussi élargie, car Cardoen propose sur son site à la fois des véhicules en stock en Belgique et des stocks d’Aramis en France.
“Nous essayons de proposer les 20 marques et modèles les plus demandés”, explique le CEO. Il annonce un niveau de rotation plutôt rapide, de 42 jours, “cash to cash“, alors qu’il était de 50 il n’y a pas tellement longtemps. Soco annonce un chiffre un peu plus bas : 38 jours. C’est un indicateur de performance important pour les acteurs du marché. Selon AutoScout24, il est de 100 jours en moyenne sur le marché.
Les PME et les indépendants achètent
“Nous observons aussi un intérêt grandissant de la part des indépendants et des petites entreprises. Ils sont davantage intéressés par la seconde main”, poursuit Matthias Grommeren. Pour répondre à cette dernière demande, Cardoen développe une offre électrique, qui n’est pas simple à proposer aux particuliers, encore frileux sur ce type de véhicule. Cet appétit croissant des entreprises est confirmé par D’Ieteren.
L’éventail des financements contribue à cette activité. “On ne le sait pas toujours, mais une occasion peut aussi être acquise en leasing”, précise le groupe.
La Golf toujours en tête
Le marché de l’occasion est toujours plus important, en quantité, que celui des autos neuves. L’âge moyen des véhicules immatriculés est de 7 ans et 10 mois. Le top 5 est stable : la VW Golf en tête, suivi de la VW Polo, de l’Opel Corsa, de la BMW Série 3 puis de la BMW Série 1.
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