Le changement de propriétaire des stations TotalEnergies s’invite au Parlement wallon
Confirmée le 22 mars dernier lors d’un conseil d’entreprise, la revente des stations-service exploitées par TotalEnergies en Belgique et dans d’autres pays européens est actée. Mais la mutation de l’activité commerciale après passage sous giron du canadien Couche-Tard continue à poser question.
TotalEnergies a annoncé son intention de se défaire de ses 619 stations-service à énergie fossile quadrillant le marché belgo-luxembourgeois pour se concentrer sur l’essor de la mobilité électrique en installant notamment des bornes de recharge pour véhicules électriques. Cette décision stratégique, qui marque sans doute pour le secteur européen de la vente de carburant un tournant majeur, ne devrait pas tarder à faire des émules chez les concurrents.
Incidences sur la gestion publique du réseau routier
La cession du portefeuille immobilier de TotalEnergies au canadien CoucheTard, spécialisé dans la vente au détail de proximité, soulève en tout cas des questions importantes quant à l’avenir du marché de la mobilité électrique en Belgique, notamment en termes de concurrence entre acteurs privés et publics. C’est la raison qui a récemment poussé le député wallon Julien Matagne (Les Engagés) à poser une question écrite au ministre Philippe Henry (Ecolo)notamment en charge de l’Energie et de la Mobilité.
Dans sa question écrite, Julien Matagne rappelle que le Parlement wallon a adopté une résolution relative aux stations-service, mais que rien de concret n’a été entrepris depuis. Il demande donc au ministre de tutelle ce qu’il attend pour enfin modifier la réglementation actuelle afin de faciliter et d’encadrer le déploiement des bornes de rechargement en Wallonie.
Il s’interroge enfin sur la remise en cause des projets de déploiement portés par la SOFICO (Société de financement complémentaire des infrastructures wallonnes) sur le réseau routier dont elle coordonne la mise à niveau. «Que vont devenir ces stations-service vendues par TotalEnergies? N’est-il pas primordial pour la Région wallonne d’anticiper la destination future de celles-ci dans une optique de maîtrise de son territoire et de sa mobilité?», demande le député wallon.
Co-entreprise Couche-Tard / TotalEnergies en Belgique
Dans sa réponse datée du jeudi 6 avril, Philippe Henry se veut rassurant et juge inexact de dire que rien n’a été fait. Le ministre indique être informé du fait que la SOFICO a bien reçu un courrier de TotalEnergies l’informant de la signature de plusieurs accords portant sur ses stations-service dans 4 pays européens, dont la Belgique, avec le spécialiste canadien des magasins de proximité Couche-Tard. Si la multinationale française, précise-t-il, cède bien l’entièreté de ses stations-service en Allemagne et aux Pays-Bas, l’accord ciblant la Belgique et le Luxembourg porte sur la création d’une co-entreprise avec Couche-Tard qui sera majoritaire à hauteur de 60% et veillera à rentabiliser les stations-service reprises notamment via la vente de produits non pétroliers. «On peut supposer que la coentreprise demandera à succéder à TotalEnergies Belgium lorsque l’Europe aura donné son feu vert», ajoute le ministre.
Pour ce dernier, la décision récente de TotalEnergies ne remet nullement en cause les projets de déploiement de bornes électriques portés par la SOFICO pour quadriller le réseau routier qu’elle supervise. Une analyse des potentiels freins à l’installation de bornes dans les stations-service existantes aurait d’ailleurs déjà été effectuée, précise-t-il. «À l’exception de contraintes purement techniques (disponibilité du réseau, places de stationnement ou aires de manœuvres), le déploiement de ce type d’infrastructures ne pose pas de problème, les bornes ne nécessitant pas de permis au-delà de ce qui relève du raccordement au réseau ou de l’augmentation de puissance. L’analyse des sites potentiels a été réalisée. Il faut maintenant préciser comment nous allons lancer les marchés», indique encore le ministre, qui privilégie pour l’instant la multiplication des bornes à recharge lente, voire semi-rapide, les rapides requérant un réseau très développé en amont et davantage d’investissements.
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